Aller au contenu principal

Molière (1622-1673)

Contents


Biographie

La jeunesse de Molière

Molière est né au coin de la rue Sauval (anciennement des Vieilles-Étuves) et de la rue Saint-Honoré (maison détruite en 1802). Toute la famille habite le quartier des Halles (détail du plan de Turgot, 1739).

Famille

Jean-Baptiste Poquelin, baptisé le {{date}} en l'église Saint-Eustache, dans le quartier des Halles à Paris, est né dans la maison {{numéro}}1 sur le plan ci-contre, où son père, Jean Poquelin, marchand tapissier, avait installé son fonds de commerce deux ans plus tôt avant d’épouser sa mère Marie Cressé. Son grand-père paternel et son grand-père maternel, tous deux marchands tapissiers, exercent leur métier dans le voisinage, rue de la Lingerie (2 et 3 sur le plan). Il est également le cousin du prêtre catholique Jean Poquelin.

Les Poquelin et les Cressé sont des bourgeois riches qui vivent à leur aise dans des demeures confortables et agréablement meublées, comme en témoignent les inventaires après décès. Le grand-père Cressé a une maison de campagne à Saint-Ouen. Un oncle de Molière, Michel Mazuel, est musicien, collabore à la musique des ballets de cour et est nommé en 1654 compositeur de la musique des Vingt-quatre Violons du Roi. En 1631, le père de Molière rachète à son frère cadet un office de {{Citation}}.

Le petit Molière aura trois frères et deux sœurs, dont aucun ne survivra. À dix ans, il perd sa mère. Son père se remarie avec Catherine Fleurette, dont il a trois filles, mais qui meurt en 1636. En 1637, le père de Molière, qui ne se remarie pas, obtient la survivance de sa charge pour son fils qui a quinze ans.

Ses études

Sur ses études et sa formation littéraire, Molière n’a pas fait de confidence et il n’existe aucun document. Les témoignages sont tardifs, contradictoires et entachés de polémiques.

Dans une brève notice biographique placée en tête du premier volume des Œuvres complètes parues en 1682 et attribuée à deux fidèles, La Grange et Vivot, on lit qu’il fut élève des jésuites au collège de Clermont (l'actuel lycée Louis-le-Grand) un des meilleurs collèges de Paris, où {{Citation}}. Molière y reçut une première initiation à la vie théâtrale.

Jean-Léonor Le Gallois, sieur de Grimarest, qui fut le premier à écrire une Vie de M. de Molière en 1705, en se fondant sur les conversations qu'il avait pu avoir avec Jean Racine, Esprit-Madeleine Pocquelin et divers autres témoins, mais surtout avec Michel Baron, lequel avait été l'élève de Molière pendant les trois dernières années de sa vie, raconte qu’au collège Molière avait eu pour condisciples François Bernier et Claude-Emmanuel Luillier, dit Chapelle, fils naturel d’un riche conseiller au parlement de Metz. Ce dernier avait pour "précepteur" occasionnel le philosophe Pierre Gassendi, qui aurait admis Molière parce qu’il avait remarqué chez lui des dispositions philosophiques, ainsi que Bernier et Cyrano de Bergerac. En l'état de la documentation, ces affirmations sont invérifiables, comme le sont diverses anecdotes rapportées dans cette Vie de Molière, que le vieux Boileau s'empressa de fustiger au cours de l'année qui suivit sa publication. On peut seulement déduire de la lecture de ses pièces que Molière aurait été imprégné de gassendisme (philosophie atomistique mêlant épicurisme et scepticisme), et se serait plus particulièrement intéressé à la doctrine d'Épicure, exprimée sous sa forme la plus poétique, mais aussi la plus radicale, par Lucrèce, un auteur qu'il a d'ailleurs traduit et dont il reprendra quelques vers dans Le Misanthrope.

À sa sortie du collège de Clermont, il serait devenu avocat, selon un contemporain bien renseigné, Le Boulanger de Chalussay, qui publie en 1670 une comédie satirique contre Molière.

{{Citation}}.
Grimarest est hésitant : {{Citation}}.

Molière ne s’est jamais paré de son titre et aucune mention de son nom n'est faite dans les registres de l'Université d'Orléans ni du barreau de Paris : {{Citation}}. L'hypothèse d'une absence totale d'études est cependant peu vraisemblable : le fait que dans sa violente comédie-pamphlet Élomire hypocondre ou les médecins vengés, Le Boulanger de Chalussay, bien renseigné par ailleurs, ne conteste pas que Molière ait pris ses licences de droit à Orléans, mais précise qu'il n'y est allé qu'un jour pour les acheter (ce que fit effectivement pour sa part Charles Perrault, qui l'avoue au commencement de ses mémoires), donne à penser que, si Molière a pu laisser croire cela dans son entourage (c'est-à-dire la possibilité d'être inscrit dans une faculté de droit), c'est parce que tout le monde savait qu'il avait au moins terminé ses études secondaires (avec leurs deux années de philosophie) dans un collège parisien. Rappelons que Racine arrêta lui aussi ses études après ses deux années de philosophie.

En 1642, selon Grimarest, Molière aurait exercé la charge de tapissier ordinaire du roi et suivi la cour de Louis XIII à Narbonne. Il avait hérité cette charge de son père alors qu'il n'avait pas tout à fait 16 ans, en décembre 1637, mais aucun document ne prouve qu'il l'exerçait effectivement à cette époque.

Des débuts difficiles

L'Illustre Théâtre

La nouvelle troupe transforme le jeu de paume des Mestayers en théâtre : une scène dans la largeur de la salle (environ {{unité}}), une galerie dans sa longueur ({{unité}}), et des loges au-dessus. À 21 ans, Molière s’engage dans la carrière théâtrale. Le 30 juin 1643, par devant notaire, il s’associe avec les trois Béjart (Joseph, l’aîné, et ses sœurs Madeleine, 25 ans, qui va partager sa carrière et sa vie, et Geneviève, 19 ans) et quelques amis, la plupart {{Citation}} comme lui, en tout six hommes et quatre femmes, pour constituer une nouvelle troupe de comédiens, {{Citation}}. C’est la troisième à Paris, après la Troupe royale de l’Hôtel de Bourgogne et {{Citation}}, à laquelle Pierre Corneille donnait toutes ses pièces depuis 1629.

Molière avait renoncé à la charge de tapissier du roi. Son père, qui devait trouver l’aventure collective hasardeuse, accepte néanmoins de l’émanciper, car il n’avait pas 25 ans. Molière reçoit en outre un faible acompte de 630 livres sur l’héritage maternel.

La nouvelle troupe s’installe au jeu de paume des Métayers sur la rive gauche au faubourg Saint-Germain (actuellement 10-12 rue Mazarine). Pendant les travaux d'aménagement, qui durèrent d'octobre à décembre 1643, la troupe joue dans divers jeux de paume et fait un séjour d'au moins trois semaines à Rouen, qui disposait de deux jeux de paume aménagés en théâtre et où se rendaient constamment des troupes de comédiens. Son répertoire est constitué majoritairement, semble-t-il, de tragédies et de tragi-comédies. Certains des auteurs les plus en vue de l'époque lui confient leurs nouvelles pièces, comme c'est le cas de Tristan l'Hermite, Desfontaines et Mareschal. Madeleine Béjart, qui vit librement depuis dix ans en fille entretenue, est la vedette de la troupe. Tallemant des Réaux écrit vers 1658, avant le grand succès des Précieuses ridicules : {{Citation}}, faisant ainsi allusion à la pièce de Tristan l'Hermite, La Mort de Sénèque, créée par la troupe en 1644. Il ne sait pas encore grand-chose de Molière : {{Citation}}.

À peine la salle ouverte, la troupe profite de l'incendie du théâtre du Marais, et il semble que durant plusieurs mois le public ait afflué sur la rive gauche, tandis que la troupe du Marais s'installait provisoirement dans des jeux de paume et faisaient des séjours dans les villes avoisinant Paris, faisant ainsi elle aussi un séjour à Rouen en 1644. Le fait que, le 18 juin 1644, la troupe de Molière embauche un danseur, puis d'autres acteurs, indique qu'elle a confiance dans l'avenir. Malheureusement, en octobre, le théâtre du Marais, entièrement reconstruit et doté d'une magnifique salle équipée de {{Citation}} nouvelles, attire de nouveau le public, et il semble que la salle des Métayers ait alors commencé à se vider. C'est ce qui explique la décision, en décembre 1644, de déménager sur la rive droite au jeu de paume de la Croix-Noire (actuel 32, quai des Célestins), plus près des autres théâtres. Molière est seul à signer le désistement du bail, preuve qu'il en est bien devenu le chef. Malheureusement, ce déménagement vient accroître les dettes de la troupe — les investissements initiaux de location et aménagement du local, puis d'aménagement d'un nouveau local, ont été coûteux et les engagements financiers pèsent lourd par rapport aux recettes — et, à partir de 1645, les créanciers entament des poursuites. Molière est emprisonné pour dettes au Châtelet en août 1645, mais peut se tirer d’affaire grâce à l'aide de son père. À l’automne 1645, il quitte Paris en direction de Nantes avec les restes de la troupe, qui se fond bientôt dans la troupe du duc d'Épernon, dirigée par Charles Dufresne.

Origine du pseudonyme « Moliere »

C'est dans l'acte d'embauche du danseur Daniel Mallet, en juin 1644, que Jean-Baptiste Poquelin signe simplement {{Citation}} (sans accent), prenant pour la première fois son nom de théâtre. {{Citation}}, écrira Grimarest, son premier biographe. Divers biographes ont suggéré que ce pseudonyme avait pu être choisi en hommage à l’écrivain François-Hugues de Molière (1599–1624) ou du musicien Louis de Mollier qui a publié en 1640 des Chansons pour danser. D'autres font remarquer que la presque totalité des acteurs prenaient alors des noms se référant à des fiefs imaginaires, tous champêtres : le sieur de Bellerose, le sieur de Montfleury, le sieur de Montdory, le sieur de Floridor, le sieur de Champmeslé — désignés au théâtre comme Bellerose, Montfleury, Montdory, Floridor, Champmeslé — et qu'il existe en France des dizaines de lieux-dits, appelés tantôt Meulière, tantôt Molière, servant à désigner des sites sur lesquels se trouvaient des carrières de pierres à meule. Il paraît donc très probable que Molière a suivi leur exemple en choisissant à son tour un fief campagnard imaginaire, ce qui explique sans doute qu'il ait commencé par signer {{Citation}} et qu'il soit ensuite régulièrement désigné comme {{Citation}}.

Les tournées en province

Molière par Pierre Mignard (1658). {{Citation}} Les séjours en province de la troupe de Molière entre 1645 et 1658. Beaucoup de légendes ont circulé sur l’activité de Molière en province de 1645 à 1658. Une cinquantaine de documents administratifs ou notariés et quelques témoignages contemporains fournissent des informations rares, mais sûres. À la fin de 1645, la troupe quitte Paris. Elle s'unit en Guyenne à la troupe de duc d'Épernon ; puis elle est signalée en 1647 à Toulouse, Albi, Carcassonne ; en 1648, à Nantes ; en 1649, à Toulouse et à Narbonne : en 1650, à Narbonne et à Agen ; en 1651, sans doute à Vienne et à Carcassonne ; en 1652, à Grenoble et à Lyon. En 1653, elle quitte Lyon, pour aller jouer au château de la Grange des Prés, à Pézenas, résidence d'Armand de Bourbon, prince de Conti, gouverneur du Languedoc ; puis à Montpellier, d'où en 1654 elle va à Lyon, et où elle revient à la fin de l'année pour les États. De Montpellier, en 1655, elle va à Lyon : c'est là que Molière fait jouer l'Étourdi. Il faisait aussi des farces, dont on a quelques titres : Le Docteur amoureux, les Trois Docteurs rivaux, le Maître d'école, Gros-René écolier, Gorgibus dans le sac, le Fagoteux, la Jalousie de Barbouillé, le Médecin volant. Des deux dernières on a des rédactions plus au moins authentiques. Molière revient de Lyon, par Avignon, à Pézenas pour les États de 1655-1656. En 1656, on le trouve à Narbonne, puis à Bordeaux, d'où il retourne à Béziers pour les États (1656-1657). En 1657, il quitte Béziers pour Lyon, d'où il va à Dijon et à Avignon. Nous le voyons en 1658 à Lyon, à Grenoble, puis pendant l'été à Rouen, d'où, à l'automne, il arrive enfin à Paris.

Au temps où Molière parcourt la province, la plupart des comédiens ambulants, qu'on évalue à environ un millier à l'époque, mènent une vie précaire. Dans bien des villes, l’Église pèse de tout son poids en faveur de l’interdiction des représentations théâtrales, malgré la politique de réhabilitation menée à Paris par Richelieu, puis Mazarin. Quelques compagnies cependant jouissent d’un statut privilégié lorsqu’un grand seigneur aimant les plaisirs, les fêtes et les spectacles les prend sous sa protection.

C’est le cas de la {{Citation}}, appelée aussi {{Citation}}, que Molière et les Béjart rejoignent après leur échec à Paris. Bénéficiant de protecteurs puissants — le duc d'Épernon, gouverneur de Guyenne, le comte d’Aubijoux, lieutenant général du roi en Languedoc, qui introduit la troupe aux États du Languedoc, puis le prince de Conti, frère du grand Condé et marié à une nièce de Mazarin —, les comédiens peuvent donner de brillantes représentations en privé chez ces grands seigneurs et en public pendant les fêtes des États du Languedoc (trois fois à Pézenas, quatre à Montpellier, deux à Carcassonne, une à Béziers), avec de substantielles gratifications, ce qui leur permet de vivre confortablement. Ainsi les décors et costumes sont transportés en charrette ou par voie d'eau, mais Molière et les Béjart se déplacent en carrosse. C’est une troupe polyvalente capable de monter des spectacles avec des parties parlées, de la musique et de la danse, et aussi (grâce à Molière ?) d’improviser pour se plier aux caprices des grands, d’écrire des textes conformes à leur attente en même temps que des pièces simples pour le public.

Molière réapparaît le 23 avril 1648 dans un document administratif comme {{Citation}}, alors qu'il se présente aux autorités de la ville de Nantes pour demander l’autorisation de représenter des comédies : ce document montre bien qu'il n'a pas encore pris la tête de la troupe à laquelle les Béjart et lui se sont agrégés deux ans et demi plus tôt. D’autres documents permettent de le suivre dans ses déplacements (voir carte). Le musicien et poète d’Assoucy, qui passe plusieurs mois avec les comédiens en 1655, décrit une troupe accueillante où l’on fait bonne chère et qui jouit d’une large prospérité. Molière a probablement mené joyeuse vie, sans grand souci de conformisme : comédien et trousseur de farces grossières, il a pu accessoirement être un homme d'affaires pour son père {{Citation}}, comme en témoigne le déplacement de la troupe à Lyon (capitale de la soie) en 1652, 1653, 1654, 1655 et 1657 et Grenoble (grand centre commercial du lin) en 1652. En 1655, il écrit sa première {{Citation}} comédie en cinq actes et en vers, L’Étourdi ou les contretemps. {{Citation}} Nouvelle pièce à Béziers à la fin de 1656, Le Dépit amoureux.

En 1656, le climat change. Aubijoux meurt. Le prince de Conti, malade du même mal qui a emporté Aubijoux, se convertit à une vie de chrétien authentique et devient très hostile au théâtre, accusé par les rigoristes {{Citation}} : à la fin de l'année 1656, il fait refuser par les députés des États du Languedoc de prolonger les subventions accordées aux comédiens durant la tenue des États, et il fait savoir à la troupe — qui se faisait appeler depuis deux ans {{Citation}} — qu'elle doit cesser de {{Citation}}. À la fin de l'année 1657 ou au début de 1658, les comédiens, qui sont considérés désormais comme constituant la meilleure {{Citation}} de France, décident de tenter une nouvelle fois de s'implanter à Paris. Cette décision est explicitée au début de la vie de Molière parue en tête de la grande édition posthume des Œuvres de Molière en 1682 :

{{Citation}}

Autrement dit, pour pouvoir prendre pied à Paris, il fallait à Molière et à sa troupe un protecteur le plus haut placé possible, ainsi qu'un théâtre. S'installer dans une ville assez proche de Paris afin de pouvoir y faire de nombreux allers-retours pour avancer dans les négociations et rencontrer {{Citation}} qui appuyaient ces démarches était donc un choix stratégique. Ce séjour prolongé de six mois au jeu de paume des Bracques, rue du Vieux-Palais, à Rouen, a pu être l'occasion pour Molière de rencontrer Pierre et Thomas Corneille, ce qui a donné l'idée à Pierre Louÿs trois siècles plus tard de remettre en question la paternité des œuvres de Molière.

Ce choix de se rapprocher de Paris en séjournant à Rouen était d'autant plus logique que Rouen était alors constamment visitée par des troupes de comédiens qui y faisaient des séjours de plusieurs semaines, et pas seulement des troupes de campagne comme celle de Molière ; en 1674, Samuel Chappuzeau rapporte dans son ouvrage intitulé Le Théâtre françois que même la troupe du théâtre du Marais y faisait de fréquents séjours : {{Citation}} C'est ainsi que le 19 mai 1658, Thomas Corneille écrit à un de leurs amis parisiens, l'abbé Michel de Pure, auteur d'un célèbre roman intitulé La Précieuse :

{{Citation}}
L'abbé de Pure, et donc aussi les gens bien informés qui l'entourent à Paris, sait ainsi déjà que Molière et sa troupe ont annoncé leur intention de tenter de prendre pied à Paris durant l'hiver 1658-1659, et il en a informé Thomas Corneille, lequel lui confirme cette information après en avoir parlé avec Madeleine Béjart, arrivée avant le reste de la troupe — {{Citation}}, Catherine de Brie et Marquise Du Parc, étant restées en arrière parce que Marquise venait d'accoucher à Lyon. Madeleine Béjart commence par louer la salle du théâtre du Marais, alors fermée, sans doute pour négocier en force avec la troupe du Marais alors en difficulté — ce qui explique pourquoi Thomas Corneille rêvait d'une fusion entre les deux troupes pour assurer la pérennité de celle du Marais. Ce dernier projet, toutefois, échoue, tandis que les négociations entreprises par Molière pour trouver à la troupe une salle et un nouveau protecteur prestigieux réussissent.

Le début de la gloire

Le théâtre du Petit-Bourbon

De 1658 à 1660, la troupe de Molière joue au théâtre du Petit-Bourbon, représenté ici lors des États généraux de 1614. Beaucoup plus vaste ({{unité}} sur 8,5) que les jeux de paume, il est situé dans l’Hôtel de Bourbon qui longe le quai de la Seine entre le Louvre et l’église Saint-Germain-l’Auxerrois, au niveau de l’actuelle Colonnade. En 1658, Philippe d'Orléans, dit Monsieur, frère unique du roi, a 18 ans. Il faut lui donner un train de vie à la hauteur de son rôle politique (il est le deuxième personnage de l'État). On lui achète le château de Saint-Cloud. Il doit avoir une troupe de théâtre. Ce sera celle de Molière. On offre à la troupe la gratuité du théâtre du Petit-Bourbon, une salle vaste et bien équipée, en alternance avec la troupe italienne de Scaramouche. Les Italiens jouent les {{Citation}}, la troupe de Molière les {{Citation}}, soit les lundis, mercredis, jeudis et samedis. Durant l'été, les Italiens retournent dans leur pays, d'où ils ne reviendront que près de deux mois plus tard : désormais, Molière et ses compagnons peuvent jouer les jours ordinaires, comme toutes les autres troupes.

Molière va y jouer deux ans. La troupe est composée de Molière, des deux sœurs Béjart, des deux frères Béjart, du couple de Brie, du couple Du Parc et de Charles Dufresne, soit dix acteurs. En 1659, Dufresne prend sa retraite, faisant de Molière le véritable directeur de la troupe. Entrent deux acteurs comiques, le célèbre "enfariné" Jodelet et son frère l’Espy, ainsi que Philibert Gassot, dit Du Croisy, et Charles Varlet, dit La Grange, qui en 1664 deviendra l'"orateur" de la troupe. Celui-ci a laissé un registre personnel, conservé à la Comédie-Française, dans lequel il note les pièces jouées, la recette et ce qu’il juge important de la vie de la troupe. Ce document permet de suivre dans le détail le répertoire joué par Molière à partir de 1659.

Pendant dix mois, la troupe fait alterner des pièces anciennes — tragédies de Corneille surtout ainsi que de Rotrou et de Tristan l'Hermite, comédies de Scarron — avec les deux premières comédies de Molière, L'Étourdi et Le Dépit amoureux, qui sont des nouveautés pour le public parisien. Selon La Grange, les recettes rapportées par ces deux pièces auraient été excellentes entre novembre et le relâche de Pâques. Mais à la reprise, et malgré l'arrivée de Jodelet, les recettes ne sont plus si brillantes. Le 18 novembre 1659, Molière crée sa première pièce parisienne, Les Précieuses ridicules, dans laquelle il joue Mascarille. Cette petite comédie en un acte et en prose, destinée au départ à être jouée après une tragédie et qui fait la satire du snobisme et des jargons de l’époque, remporte un vif succès et crée un effet de mode : le sujet est copié et repris. Molière imprime sa pièce à la hâte parce qu’on tente de la lui voler. Il y ajoute une préface plutôt provocante. C’est la première fois qu’il publie, il a désormais le statut d’auteur.

Plusieurs personnages de marque, tels des ministres et même Monsieur le Prince, invitent Molière à venir jouer sa pièce chez eux. De retour de la frontière espagnole, où il est allé épouser l'Infante Marie-Thérèse d'Espagne et attendant au château de Vincennes de faire son entrée solennelle à Paris avec la jeune reine, Louis XIV voit les Précieuses le 29 juillet 1660, puis le 31 la nouvelle pièce de Molière, Sganarelle ou le Cocu imaginaire, petite comédie en vingt-trois scènes et en vers reposant sur une suite de quiproquos. Les recettes de celle-ci n’atteignent pas les sommets de la précédente, toute la Cour étant à Saint-Jean-de-Luz pour le mariage du roi, au moment de la création de la pièce, mais il la jouera 123 fois dans son théâtre, plus souvent qu’aucune de ses autres pièces, tandis que les Précieuses, jouées 55 fois, ne le seront plus par sa troupe après 1661.

Molière a le vent en poupe, grâce à ses propres pièces, car les tragédies qu'il donne, y compris celles de Corneille, n'ont pas grand succès. Thomas Corneille reprochera dès lors, à la troupe de Molière, de mal jouer la tragédie, et ce sera l'attitude constante des ennemis de Molière : il est incapable de jouer correctement la tragédie, il ne réussit que dans des genres inférieurs, auprès de la partie des spectateurs la moins valable. En 1660, ses comédies constituent pour la première fois plus de la moitié des pièces jouées (110 sur 183). La troupe reçoit maintenant souvent des gratifications de la part du roi, ce qui compense le fait que la pension de 300 livres promise par Monsieur n'a jamais été versée, ainsi que le La Grange l'écrit au début de son Registre.

Le 6 avril 1660, le frère cadet de Molière meurt. La charge de tapissier et valet de chambre du roi lui revient de nouveau. Il la gardera jusqu'à sa mort. Elle impliquait qu'il se trouve chaque matin au lever du roi, un trimestre par an. Dans son acte d'inhumation, il sera dit {{Citation}}, sans autre qualification : à cette époque, la charge était prestigieuse, alors que le métier de comédien ne l'était pas.

Le 11 octobre 1660, la troupe se trouve brusquement à la rue, car on démolit le théâtre du Petit-Bourbon pour bâtir la colonnade du Louvre. Mais Molière n’est pas en disgrâce. Le 21, le roi l’invite pour jouer l’Etourdi et les Précieuses. Le 26, il rejoue les mêmes pièces chez le cardinal Mazarin, malade, en présence du roi, qui lui attribue une nouvelle salle appartenant à la couronne, et donc gratuite elle aussi, celle du Palais-Royal.

Le théâtre du Palais-Royal

Le Palais-Royal vers 1679.
Le théâtre est à droite de l’entrée du palais. Molière s’installe en face dans un appartement au second étage de la troisième maison de la rue Saint-Thomas-du-Louvre. On aperçoit les deux premières maisons de la rue à gauche de la gravure.

Le théâtre, construit par le cardinal Richelieu vingt ans plus tôt, est délabré ; la salle doit être refaite. Philippe d'Orléans convainc le Roi de la restaurer et de l'attribuer à la troupe de Molière. Après des travaux effectués sous la direction d’Antoine de Ratabon, surintendant général des bâtiments, elle rouvre le 20 janvier 1661. Le 4 février, Molière donne une nouvelle pièce, une tragi-comédie, Dom Garcie, où il joue le rôle principal. Devant être arrêtée après seulement sept représentations, c’est un échec qui le ramène définitivement, comme auteur, sur le terrain de la comédie. Voltaire dans sa Vie de Molière dit qu'il {{Citation}}. Son débit parlé n'était donc pas fluide. Ses expériences dans le genre sérieux lui ont été le plus souvent néfastes.

Fin avril 1661, après les trois semaines de fermeture impérative de Pâques, on entame la nouvelle saison avec des reprises. Molière continue de mêler comédies et tragédies. La troupe compte maintenant sept acteurs et cinq actrices : Molière, les trois Béjart, les couples De Brie, Du Parc et Du Croisy, plus l’Epi et Lagrange. Molière demande deux parts au lieu d’une dans le partage, jusque-là égalitaire, de la recette. La troupe accepte, mais précise que s’il se marie avec une actrice, le ménage n’aura que deux parts.

{{Double image}}

Le 24 juin 1661, une nouvelle comédie en trois actes, L'École des maris ({{6e}} pièce de Molière, qui joue Sganarelle) est un succès. Succès qui amène le surintendant Fouquet à commander une pièce pour une fête qu’il organise pour le roi dans son château de Vaux-le-Vicomte. C’est la première fois que Molière crée une pièce pour la cour. Connaissant le goût de Louis XIV pour les ballets, il crée un nouveau genre, la comédie-ballet, intégrant comédie, musique et danse : les entrées de ballet sont placées au début et dans les entractes de la comédie et ont le même sujet. Le 17 août 1661, Les Fâcheux sont un succès. Le roi ayant observé qu’un fâcheux auquel Molière n’avait pas pensé méritait sa place dans la galerie, Molière modifie rapidement le contenu de sa pièce. C’est un tournant décisif pour lui : il a attiré l’attention de Louis XIV.

Le 4 septembre, Les Fâcheux sont donnés au théâtre du Palais-Royal avec {{Citation}} et en faisant {{Citation}}. Les recettes montent en flèche. Fin décembre, le roi vient voir la pièce dans son adaptation parisienne. La saison est une des meilleures de la troupe. Les recettes viennent essentiellement des représentations publiques (90 % des bénéfices). Le roi n’a rien donné cette année-là. La troupe peut vivre de son seul public parisien : {{Citation}}.

Le mariage de Molière

Le {{date}}, Molière signe son contrat de mariage avec Armande Béjart, acte conservé au Minutier central des notaires de Paris, département des Archives nationales (voir illustration). Il a quarante ans, elle en a vingt. Contrairement à l'usage du milieu, le mariage se fait dans la plus stricte intimité, avec un minimum de témoins. La cérémonie religieuse a lieu le {{date}} en l'église Saint-Germain-l’Auxerrois à Paris.

<gallery mode="packed" caption="Contrat de mariage entre Molière et Armande Béjart, 23 Janvier 1662."> File:Contrat de mariage entre Molière et Armande Béjart, 23 Janvier 1662. Page 1 - Archives Nationales - ET-XLII-152 (RES-386).JPG File:Contrat de mariage entre Molière et Armande Béjart, 23 Janvier 1662. Page 2 - Archives Nationales - ET-XLII-152 (RES-386).JPG File:Contrat de mariage entre Molière et Armande Béjart, 23 Janvier 1662. Page 3 - Archives Nationales - ET-XLII-152 (RES-386).JPG File:Contrat de mariage entre Molière et Armande Béjart, 23 Janvier 1662. Page 4 - Archives Nationales - ET-XLII-152 (RES-386).JPG </gallery>

Sur le contrat de mariage, Armande est la sœur de Madeleine, l’ancienne maîtresse de Molière. L’opinion commune des contemporains va faire d’Armande la fille de Madeleine. Pendant la querelle de L’École des femmes, Montfleury, un comédien d’une troupe rivale, accuse Molière dans une requête au roi {{Citation}} raconte Jean Racine qui ajoute : {{Citation}}. Grimarest, dans sa Vie de Molière, dit qu’Armande est une fille que Madeleine avait eue avant de connaître Molière. Mais il vise essentiellement à laver son héros de l’accusation d’inceste lancée par Le Boulanger de Chalussay dans sa comédie satirique que Molière essaiera de faire interdire. L’extrait de baptême d’Armande, qui aurait pu mettre fin aux rumeurs, n’a jamais été fourni, ni même mentionné.

Pourquoi Molière a-t-il choisi une union dont il savait qu’elle allait faire scandale ? Selon Roger Duchêne, {{Citation}} Madeleine aurait fait pression pour qu’il épouse Armande afin que les biens des Béjart, comme ceux du grand-père Poquelin passent à leurs héritiers. Ce serait un mariage de raison.

Sur les rapports sentimentaux de Molière et d’Armande, on a raconté beaucoup de choses mais on en ignore tout. Ils auront un fils, Louis, dont le roi acceptera d’être le parrain, apportant ainsi sa caution à Molière, baptisé le 24 février 1664 et mort à huit mois et demi, une fille Esprit-Madeleine, baptisée le 4 août 1665, morte en 1723 sans descendance, et un autre fils, Pierre, baptisé le {{1er}} octobre 1672 et mort le mois suivant.

Le temps des scandales

En mai 1662, la troupe est invitée à Saint-Germain et interprète huit comédies en moins d’une semaine devant le roi. En juin, elle fait un séjour de sept semaines à la cour et joue treize fois devant le roi. C’est la consécration. De mai à septembre, le roi assiste à vingt-quatre représentations de Molière, record qui ne sera jamais battu. Les gratifications royales représentent le tiers du bénéfice de la troupe pour la saison 1663-1664.

La querelle de L'École des femmes

Le 26 décembre 1662, Molière crée une grande comédie en cinq actes et en vers, L'École des femmes ({{8e}} pièce de Molière, qui joue Arnolphe), mettant en cause les idées reçues sur la condition de la femme et le statut du mariage chrétien. C'est un succès immédiat et éclatant, comme il n'en a encore jamais connu et qui le consacre grand auteur, mais une partie de l’opinion l’accuse d’immoralité et d’impiété. La scène du {{Citation}} (acte II, scène 5) est trouvée indécente, {{Citation}}, écrit Conti, {{Citation}} dira Bossuet. On lui reproche de parodier un sermon dans les recommandations d’Arnolphe à Agnès et les commandements de Dieu dans les {{Citation}} (acte III, scène 3). La querelle de L’École des femmes va durer plus d’un an et faire beaucoup de bruit, sous la forme d’une cabale mondaine et d’une querelle littéraire. Des pièces mettant en cause la moralité de l’auteur et l’attaquant sur sa vie privée sont jouées par la troupe concurrente de l’Hôtel de Bourgogne.

Molière réplique en juin 1663 au Palais-Royal par La Critique de l'École des femmes et en octobre en créant à Versailles L'Impromptu de Versailles, qui se présente comme {{Citation}}, où se mêlent théâtre et réalité, dans l’improvisation et la parodie. La scène se passe à Versailles. C’est une répétition. Les acteurs de la troupe sont là avec leur propre nom et Molière leur donne ses instructions pour la pièce nouvelle qu’ils doivent jouer devant le roi et précise à l'adresse de ses ennemis les bornes à ne pas dépasser :

{{Citation}}.
Bref, qu’on ne l’attaque pas sur sa vie privée.

En juin, le roi accorde des gratifications aux gens de lettres ; Molière fait partie des bénéficiaires. Il écrit et publie son Remerciement au Roi. Sa gratification sera renouvelée tous les ans jusqu’à sa mort.

L’interdiction du Tartuffe

frontispice]] de l’édition de 1682 par Pierre Brissart.
Pour désamorcer la bombe qu’était le premier Tartuffe (1664), Molière transforme en 1667 son dévot hypocrite en un dangereux escroc qui simule la dévotion. Il adoucit certaines tirades et met l’accent sur l’hypocrisie du personnage plus que sur son rôle de directeur de conscience. Mais la version définitive en 1669 le laisse escroc, tout en lui rendant ses habits semi-ecclésiastiques, comme on le voit sur cette gravure, créant ainsi une forte ambiguïté sur le personnage. Le 29 janvier 1664, Molière présente au Louvre une comédie-ballet, Le Mariage forcé, dans laquelle il reprend son personnage de Sganarelle — un vieux Sganarelle à qui vient subitement le désir de se marier et qui entreprend une quête à la Panurge pour savoir s'il est promis au cocuage — et où le roi danse, costumé en Égyptien. Du 30 avril au 14 mai, la troupe est à Versailles pour les fêtes des Plaisirs de l'Île enchantée, qui sont en quelque sorte l’inauguration des jardins de Versailles. C’est un véritable {{Citation}}. La troupe de Molière contribue beaucoup aux réjouissances des trois premières journées de fête, qui portent le nom de Plaisirs de l'Île enchantée, et le clou de la deuxième journée (le 8 mai) consiste en {{Citation}} de Molière avec la collaboration de Lully pour la musique et de Beauchamp pour les ballets, La Princesse d'Élide. Après le retour à Paris d'une partie de la cour, dans la nuit du 9 mai, Louis XIV décide de poursuivre les réjouissances durant quatre jours supplémentaires jusqu'à son départ pour Fontainebleau, prévu le 14, et demande notamment à Molière d'assurer les divertissements des soirées des 11, 12 et 13 mai. S'enchaînèrent ainsi les représentations des Fâcheux le 11 mai, d'une première version du Tartuffe le 12 mai, et du Mariage forcé le 13. C'était la première représentation du Tartuffe, ({{13e}} pièce de Molière, qui jouait lui-même Orgon, le père de famille).

On ne connaît pas le texte de la version du Tartuffe jouée le 12 mai 1664, car le lendemain ou le surlendemain Louis XIV se laissa convaincre, par l'archevêque de Paris, son ancien précepteur, de défendre à Molière de la représenter en public — ce qui ne l'empêcha pas de la revoir quatre mois plus tard, en privé, avec une partie de la cour, au château de Villers-Cotterêts, résidence de son frère, Philippe d'Orléans, dit Monsieur, qui était officiellement le patron de la troupe de Molière. On connaît seulement la version considérablement remaniée pour la rendre acceptable, que Molière publiera cinq ans plus tard en 1669, aussitôt après avoir obtenu permission de la jouer.

Les critiques et les historiens ont essayé de préciser ce qu’était le premierTartuffe de 1664. Longtemps induits en erreur par la note de présentation due à La Grange dans l'édition posthume de 1682, ils ont cru jusqu'à une date récente que la pièce jouée en mai et en septembre 1664 était une version incomplète qui ne comportait que les trois premiers actes : elle se serait donc terminée sur le triomphe de Tartuffe, qui s'apprête à épouser la fille de la maison, à disposer de tout le bien de la famille — le fils ayant été chassé par le père, Orgon, aveuglé par la fausse dévotion et la feinte humilité de Tartuffe — et à recevoir même le don de la demeure familiale de la main d'Orgon. En fait, depuis une cinquantaine d'années, les historiens de la littérature et du théâtre sont parvenus à montrer sans ambiguïté que le premier Tartuffe était une pièce complète en trois actes, qui mettait en scène une histoire connue depuis le Moyen Âge par de nombreuses versions narratives, celle {{Citation}}. Ils expliquent que la version définitive de Tartuffe laisse encore clairement voir la trame initiale, qui se déroulait en trois temps correspondant aux trois actes :

{{Citation}}

On conçoit que cette satire de la dévotion ait plu au roi, excédé par les admonestations des dévots à l'égard de sa conduite et, en particulier de ses amours adultères. Même si l’on sait aujourd’hui que l’influence de la Compagnie du Saint-Sacrement — dont les membres se recrutaient dans l’aristocratie (Conti), la bourgeoisie parlementaire (Lamoignon) et le haut clergé (Bossuet) — a été considérablement exagérée par les historiens anticléricaux de la fin du {{XIXe}} et du début du {{XXe}} siècles, il n’en reste pas moins que les dévots étaient toujours présents à la Cour où ils critiquaient le libertinage des mœurs, le luxe, les fêtes, la politique de prestige et même la politique extérieure du royaume.

On comprend donc que cette satire de la dévotion ait scandalisé les milieux dévots, et que Louis XIV, qui venait de confier à l’archevêque de Paris, un de leurs principaux représentants, le soin de mener une guerre totale contre {{Citation}}, se soit laissé convaincre par lui qu’il devait apparaître comme le défenseur de la Religion et de l’Église face à l’hérésie et donc renoncer à autoriser Molière à monter Tartuffe. Molière ne se laissa pas démonter : quelques semaines plus tard, il sut retourner à son avantage la violente attaque d’un dévot extrémiste, le curé Roullé qui l’avait traité, dans un ouvrage intitulé Le Roi glorieux au monde, de {{Citation}} et le menaçait du feu : il en appela au roi dans un premier {{Citation}} (été 1664), où il adoptait une posture de victime face aux hypocrites et à ceux qu’il appelait les faux dévots et qu’il opposait aux {{Citation}}, et où il prétendait que, loin d’avoir fait la satire de la dévotion, il n’avait fait que remplir sa fonction d’auteur de comédie, invoquant — pour la première fois de sa carrière — le traditionnel but moral de la comédie :

{{Citation}}

Louis XIV invite Molière à partager son souper par Jean-Léon Gérôme (1862). Cette anecdote sans fondement historique illustre la faveur réelle dont jouissait Molière auprès du roi.

Il entreprit alors de remanier sa pièce pour la mettre en conformité avec son argumentation défensive, tout en procurant un nouveau spectacle à son théâtre, Le Festin de pierre, qui sera rebaptisé Dom Juan après sa mort. Il transforma son personnage, en lui retirant sa qualité de directeur de conscience laïc et son habit d’homme d’Église — grand chapeau, cheveux courts, petit collet, vêtements austères — afin d'en faire un aventurier louche qui se fait passer pour un homme du monde dévot à seule fin de s’introduire dans une famille sous couleur de la religion, en mettre le chef sous tutelle, en courtiser la femme, en épouser la fille et en détourner le bien à son profit. On sait par une lettre du duc d’Enghien datant de la fin d’octobre 1665 que Molière était en train d’ajouter un quatrième acte à sa pièce (qui correspond au cinquième acte de la version définitive), de façon à créer un rebondissement : Tartuffe, devenu un escroc habile, ne se laissait plus chasser piteusement comme dans la version initiale, mais se révélait maître de la maison d’Orgon et de ses papiers compromettants. Du coup, Molière peut produire à la dernière scène le coup de théâtre qui rétablit l’ordre familial bafoué par l’intrusion et les menées malhonnêtes de l’imposteur. L’intervention royale, telle que la décrit l’officier qui exécute ses ordres (v. 1904-1944), n’est pas simplement celle d’un deus ex machina, d’un dieu de théâtre descendu « de la machine » pour dénouer une action sans issue. Le roi est en effet présenté par l’Exempt qui arrête Tartuffe — au moment où celui-ci lui demandait d’arrêter Orgon — en garant de la véritable justice qui ne se laisse pas prendre aux apparences. Autrement dit, Molière avait transformé sa pièce en une pièce politique dans laquelle le roi intervenait à ses côtés pour condamner les hypocrites. Il ne lui restait plus qu’à intercaler un deuxième acte, consacré aux amours malheureuses de la fille de la famille (promise au nouveau Tartuffe devenu faux homme du monde) et de son amoureux (absents de la version primitive).

À la fin de juillet 1667, Molière profite d’un passage du roi chez son frère et sa belle-sœur (Madame) à Saint-Cloud pour lui arracher l’autorisation de représenter cette nouvelle version. La pièce s’appelle désormais L’Imposteur et Tartuffe est devenu Panulphe. Elle est créée le 5 août au Palais-Royal devant une salle comble. Mais l’interdiction est immédiate et il n’y a pas de seconde représentation. Le président du Parlement Lamoignon (chargé de la police en l’absence du roi, qui mène campagne en Flandres et fait le siège de Lille) fait rappeler à la troupe par huissier que Le Tartuffe est interdit. L’archevêque de Paris fait défense, sous peine d’excommunication, de représenter, lire ou entendre la pièce incriminée. Molière tente des démarches inutiles auprès du roi (deux comédiens font le voyage jusqu’à Lille pour apporter de sa part un second Placet au Roi), car l’intervention de l’archevêque lui a lié les mains.

Il faudra attendre encore un an et demi et la fin de la guerre contre les jansénistes, qui permit à Louis XIV de retrouver les coudées franches en matière de politique religieuse. L’autorisation définitive de Tartuffe — désormais intitulé Le Tartuffe ou l’Imposteur — intervient au moment exact de la conclusion définitive de la Paix de l’Église, aboutissement de longues négociations entre d’un côté les représentants du roi et le nonce du pape et de l’autre les représentants des Messieurs de Port-Royal et des évêques jansénistes. La coïncidence est frappante : l’accord étant conclu en septembre 1668, c’est le {{1er}} janvier 1669 qu’une médaille commémorant la Paix de l’Église fut frappée. Et c’est le 3 février, deux jours avant la première du Tartuffe, que le nonce du pape remit à Louis XIV deux {{Citation}} dans lesquels Clément IX se déclarait entièrement satisfait de la {{Citation}} et de {{Citation}} des quatre évêques jansénistes.

Le Tartuffe définitif fut ainsi créé le 5 février 1669. C’est le triomphe de Molière, sa pièce le plus longtemps jouée (72 représentations jusqu’à la fin de l’année), son record de recettes ({{Unité}} le premier jour, six recettes de plus de {{Unité}}, 16 de plus de {{Unité}}, une moyenne de {{Unité}} contre 940 pour L’École des femmes). L’affaire du Tartuffe est aussi une affaire d’argent.

Triomphe et oubli du Festin de pierre (Dom Juan)

Le dimanche gras 15 février 1665, la Troupe de Monsieur crée Le Festin de pierre ({{14e}} pièce de Molière, qui tient le rôle du valet Sganarelle). Ce fut un véritable triomphe, qui dépassa même celui de L'École des femmes et dont les recettes s'accrurent encore durant les deux semaines suivantes, avant de retomber progressivement, pour arriver à un chiffre moyen, lors de la dernière représentation avant le relâche de Pâques, le vendredi 20 mars.

Pour expliquer le choix de ce sujet peu dans la manière de Molière et les raisons pour lesquelles il a donné lieu à une comédie à grand spectacle, les historiens du théâtre ont récemment fait observer que si Molière et ses compagnons, qui avaient besoin d'un succès du fait de l'interdiction du Tartuffe, ont songé à donner leur propre version d'un sujet très populaire connu sous le titre du Festin de pierre (traduction erronée du Convitato di pietra) que les Italiens, qui jouaient quatre jours par semaine dans la même salle du Palais-Royal, reprenaient presque chaque année à l'occasion du Carnaval, c'est que certains d'entre eux étaient retournés depuis l'été de 1664 en Italie et que la voie était libre au Palais-Royal pour un Festin de pierre dû à la plume de Molière. La troupe consentit à des dépenses importantes pour offrir à son public une pièce à grand spectacle avec machines et surtout décors magnifiques, agrémentés de six changements à vue.

Le spectacle ne fut pas repris après le relâche de Pâques. Le texte d'origine ne sera plus joué avant 1841, un siècle et demi plus tard. Les critiques de la fin du {{XIXe}} et du {{XXe}} siècles ont estimé que Molière avait dû recevoir le conseil, sans doute du roi, de renoncer à sa pièce, comme si, pour pouvoir sauver Le Tartuffe, il fallait sacrifier Le Festin de pierre. Le fait qu'à partir de la deuxième représentation la scène du pauvre (acte III, scène 2) ait été amputée des sept dernières répliques, sans doute jugées un peu trop provocatrices, a semblé longtemps corroborer cette hypothèse. Les recherches des dix dernières années ont conduit les historiens du théâtre à revenir sur cette interprétation.

On observe en effet que la publication, quelques semaines plus tard, d'un violent libelle émanant des milieux dévots (Observations sur une comédie de Molière intitulée le Festin de pierre) — qui accuse Molière d'avoir {{Citation}} ({{Citation}} peut-on lire aussi) et qui s'en prend autant au Festin de pierre qu'à Tartuffe — n'a nullement empêché qu'un privilège pour l'impression de la pièce ait été accordé par la Chancellerie au cours des semaines suivantes, et que deux réponses successives au libelle, émanant de milieux favorables à Molière, ne laissent pas entendre que la pièce ait été étouffée et font même allusion à l'approbation du roi au sortir de la pièce, semblant inviter Molière à monter à nouveau le spectacle. Les auteurs de la récente édition de la Pléiade font valoir en outre que, trois ans plus tard, une autre pièce à grand spectacle de Molière (Amphitryon), créée elle aussi avec succès à l'occasion du Carnaval, n'a pas été reprise non plus après le relâche de Pâques : un parallélisme d'autant plus frappant qu'en 1665 la troupe était en mesure de proposer une nouveauté après la réouverture du théâtre (Le Favori de Marie-Catherine Desjardins), alors qu'en 1668 elle n'avait sous la main aucune nouvelle création et dut se contenter de vivre de reprises, ne remontant finalement Amphitryon qu'à l'extrême fin du mois de juin. Or, selon les mêmes historiens, si Le Festin de pierre n'a pas été rejoué à la fin du printemps comme devait l'être Amphitryon trois ans plus tard, c'est que les comédiens italiens venaient de rentrer à Paris, alternant de nouveau chaque jour avec la troupe de Molière sur la scène du Palais-Royal : sur cette scène encore mal équipée pour les machines, cette alternance quotidienne rendait impossible la reprise d'une pièce qui nécessitait un système complexe de décorations, avec près de cinquante châssis à manœuvrer.

Par la suite, tandis que les Italiens reprirent leur propre Festin de pierre sur la même scène et que le Théâtre du Marais décidait en 1669 de donner une quatrième adaptation française (Le Nouveau Festin de pierre dû au comédien Rosimond), Molière semble avoir oublié la pièce dans ses cartons : sa rupture en 1666 avec le groupe de libraires qui avait assuré la publication de ses œuvres précédentes, parmi lesquels Louis Billaine, qui avait fait enregistrer le privilège d'impression du Festin de pierre, le dissuada de donner à celui-ci une version revue et corrigée de sa pièce, qui ne fut dès lors pas publiée de son vivant.

Au mois de février 1677, quatre ans après la mort de Molière, le théâtre de l'Hôtel Guénégaud, issu de la fusion de l'ancienne troupe de Molière et de la troupe de l'ancien Théâtre du Marais, mit à l'affiche — sous le nom de Molière — une version versifiée et édulcorée de la pièce, due à la plume de Thomas Corneille, qui collaborait depuis plusieurs années avec la nouvelle troupe pour produire des pièces à grand spectacle. Quinze ans plus tard, en publiant la pièce dans le cadre de l'édition de ses propres œuvres, Thomas Corneille expliqua à sa manière ce qui s'était passé, sans toutefois préciser qu'Armande Béjart, veuve de Molière, lui avait payé {{Unité}} ce travail de réécriture :

{{Citation}}

Effectivement cette version versifiée, édulcorée et légèrement transformée du Festin de pierre continua d'être représentée sous le nom de Molière jusqu'au {{s-}}.

Cinq ans plus tard, en 1682, la version en prose de Molière fut enfin publiée dans le premier volume des Œuvres posthumes de Monsieur de Molière. C'est alors que, pour distinguer cette version en prose de la version en vers toujours à l'affiche, la pièce changea de titre et devint Dom Juan ou le Festin de pierre. Les éditeurs et leurs conseillers (en particulier La Grange) se sentirent obligés d'amender certains passages délicats du texte. Mais cela ne parut pas suffisant pour la censure. Les exemplaires déjà imprimés furent {{Citation}} (des feuilles sont réimprimées et collées sur les pages d'origine) pour faire disparaitre les passages incriminés. Mais cela ne suffit pas encore aux censeurs, et, comme les coupes devaient être beaucoup plus importantes, il fallut cette fois réimprimer entièrement plusieurs cahiers avant de les coudre au reste. C'est grâce à une édition pirate parue quelques mois plus tard à Amsterdam (1683) sous le titre de Le Festin de pierre que nous connaissons l'intégralité du texte qui a été créé le 15 février 1665.

La pièce reprend les composantes essentielles des scenari italiens de la tradition du Convitato di pietra, en s’efforçant de les distribuer dans les cinq actes d’une comédie française. Comme les spectacles de la commedia dell’arte ne comportaient que trois actes, cela nécessita la création de plusieurs scènes inédites.

Dom Juan, jeune noble qui accumule les conquêtes féminines en contractant des mariages à répétition, puis en abandonnant ses victimes une fois l’union consommée, se voit rejoint par une de ses anciennes amantes, Done Elvire, qui s’est lancée à sa poursuite (acte I). Il parvient à se tirer de cette situation embarrassante et, indifférent aux remontrances de son valet Sganarelle, se met en route dans l’espoir de nouvelles aventures amoureuses. Un naufrage l’amène à proximité d’un village campagnard, ce qui lui fournit l’occasion de séduire deux jeunes paysannes (acte II). L’acte III le montre en train d’échanger, avec Sganarelle, puis avec un pauvre qui lui demande l’aumône, des propos attentatoires à la religion, avant de le confronter aux frères de Done Elvire partis à sa recherche pour venger l’honneur de leur sœur. Ayant échappé provisoirement au règlement de compte, il trouve sur son chemin le tombeau d’un commandeur qu’il a tué récemment. Par bravade, il invite la statue de son ancienne victime à venir souper avec lui. L’homme de pierre relève le défi, se rend chez Dom Juan et lui fixe un nouveau rendez-vous dans son propre tombeau (acte IV). En se rendant auprès de la statue, Dom Juan est arrêté par cette dernière et entraîné en enfer (acte V).

L'apogée de sa carrière

Contrairement à une idée reçue depuis le {{s-}}, on ne voit pas que Molière ait eu à souffrir des scandales occasionnés par ses trois pièces les plus provocatrices. C'est justement dans les mois qui ont suivi Le Festin de pierre (Dom Juan) qu'il a reçu la plus haute manifestation du soutien du roi, qui décida à la fin du printemps 1665 (décision entérinée au mois d'août) que la Troupe de Monsieur serait désormais la Troupe du Roi. Comédies-ballets créées à la Cour et comédies unies créées à la Ville alternèrent avec un succès qui ne se démentit pas jusqu'à la mort brutale de Molière en février 1673. Et tous les critiques qui ont cru que Le Misanthrope (créé en juin 1666) manifestait le désarroi de Molière face aux difficultés rencontrées par Le Tartuffe et aux attaques des dévots n'ont pas pris garde au fait que, selon des témoignages convergents, Le Misanthrope a été entrepris dès la fin de 1663 ou au commencement de 1664, c'est-à-dire parallèlement au Tartuffe ; de la même manière Le Misanthrope ne témoigne pas de l'amertume causée par de prétendues infidélités d'Armande, ignorées des contemporains immédiats et dont il ne fut pour la première fois question que dans un violent pamphlet largement postérieur à la mort de Molière.

Certes, Molière dut patienter cinq ans avant que son Tartuffe reçoive enfin l'autorisation d'être représenté en public et il lui fallut transformer sa pièce pour en gommer le côté trop manifeste de satire de la dévotion et la faire passer comme une dénonciation de l'hypocrisie ; mais le remaniement n'était que superficiel et il ne s'agissait nullement d'une forme d'autocensure. L'Église et les dévots ne furent d'ailleurs pas dupes et continuèrent de juger la pièce dangereuse. Si Molière n'a jamais voulu renoncer à cette pièce, quoique interdite, c'est qu'il se savait soutenu par les personnages les plus puissants de la Cour, à commencer par le Roi lui-même, et qu'il était certain qu'une comédie qui ridiculisait les dévots attirerait la foule dans son théâtre.

Parallèlement, Molière put donner l'impression de s'orienter vers des sujets en apparence inoffensifs : c'est du moins ainsi que l'interprétèrent les critiques du {{s-}} qui prêtèrent à Molière une conception de {{Citation}} propre à leur siècle. En fait, il passa d'une satire à une autre, en apparence plus inoffensive et moins dangereuse : celle de la médecine et des médecins — dont plusieurs chercheurs ont montré les liens avec la satire anti-religieuse.

La maladie ou les maladies de Molière ?

Molière, portrait par Charles Antoine Coypel.
De la maladie va procéder une série de pièces qui mettent en scène les médecins et leurs malades. En 1668, il a lui-même intégré son mal dans son jeu comique en écrivant L’Avare. {{Citation}} Du 29 décembre 1665 au 21 janvier 1666, le théâtre ferme. Le gazetier Robinet écrit dans une lettre du 28 février : {{Citation}} Le 16 avril 1667, le même Robinet écrit : {{Citation}} Le théâtre reste fermé sept semaines au lieu de trois pour le relâche de Pâques. Ensuite, jusqu'à la mort de Molière, il ne sera plus jamais question de quelque maladie, au point que tous les contemporains sont frappés par la brutalité de l'événement, comme le correspondant parisien de la Gazette d'Amsterdam qui s'écriera en février 1673 : {{Citation}}

C'est en fait depuis le {{s-}} que médecins et biographes ont cherché à interpréter la mort de Molière et ont estimé que, depuis la fin de 1665 ou le début de 1666, il devait être malade des poumons. En l'absence de tout témoignage sur ses maladies — à une époque où la moindre fièvre coûtait des semaines de lit —, on doit s'en tenir à ce qui est dit dans le registre de La Grange et dans la notice biographique de 1682, où il n’apparaît pas comme un malade chronique de la poitrine ou affecté de ce que nous appellerions une tuberculose. C’est un homme solide, sujet à des {{Citation}}, que l'on désignerait aujourd’hui comme un gros rhume suivi d'une bronchite ; en ce mois de février 1673, la bronchite dut dégénérer en pneumonie ou en pleurésie. Enfin, on observe que seules les interruptions du début de 1666 et de la fin de l'hiver 1667 sont directement imputables aux maladies de Molière. Pour le reste, toutes les interruptions interprétées depuis le {{s-}} comme dues à la santé de Molière peuvent avoir toutes sortes de causes : indisposition passagère d’un acteur important (ainsi Armande Béjart qui jouait Psyché et qu'on crut mourante en septembre 1671), graves obligations familiales inopinées (ainsi la mort du second fils de Molière et d'Armande le 11 octobre 1672, qualifiée dans le registre de compte de la troupe par les termes {{Citation}}), fêtes religieuses, séjour à la Cour, décision collective de la troupe… Sans oublier les périodes troublées, comme cette fermeture de six semaines qui intervint au lendemain de l'interdiction du second Tartuffe (L'Imposteur), le 5 août 1667. Le théâtre ne rouvrit que le 25 septembre et le gazetier Robinet célébra la reprise quelques jours plus tard en soulignant les raisons du long relâche du Palais-Royal : {{Citation}}

La troupe

Le 14 juin 1665, le roi veut que la troupe prenne le titre de Troupe du roi au Palais-Royal et reçoive une pension de 6000 livres par an. Pour Molière, c’est une extraordinaire promotion.

La troupe est d’une stabilité exemplaire. À Pâques 1670, elle compte encore trois acteurs du temps de l’Illustre Théâtre : Molière, Madeleine Béjart et sa sœur Geneviève. Sept en faisaient partie lors des débuts à Paris (les mêmes plus Louis Béjart et le couple De Brie). Neuf y jouent depuis le remaniement de 1659 (les mêmes plus La Grange et Du Croisy).

Les nouveaux sont La Thorillière (1662), Armande Béjart (1663) et André Hubert (1664). Un seul départ volontaire dans la concurrente de l’hôtel de Bourgogne : celui de la Du Parc, maîtresse de Jean Racine, qui va faire d’elle la vedette d’Andromaque. Un seul départ à la retraite : celui de l’Espy, frère de Jodelet. En 1670, Louis Béjart demande à son tour à quitter le métier. Il a 40 ans. Les comédiens s’engagent à lui verser une pension de 1000 livres aussi longtemps que la troupe subsiste. Le 28 avril, ils recrutent le jeune Baron alors âgé de dix-sept ans : Molière, tenant absolument à l’avoir dans sa troupe, obtient une lettre de cachet du roi pour l’enlever, malgré son contrat, à la troupe de campagne dont il faisait partie. Ce dernier a une part et le couple Beauval, comédiens chevronnés, une part et demie. La compagnie compte désormais huit comédiens et cinq comédiennes, pour douze parts et demie.

Madeleine Béjart meurt le 17 décembre 1671. Elle est inhumée sans difficulté. Avant de recevoir les derniers sacrements, elle a signé la renonciation suivante : {{Citation}} Elle jouissait d’une très large aisance. Son testament favorise largement sa sœur (ou sa fille) Armande.

Pour les comédiens de Molière, c’est l’aisance. Pour les cinq dernières saisons (1668-1673), le bénéfice total annuel de la troupe — revenus du théâtre, gratifications pour les représentations privées données à des particuliers, gratifications du roi et pension du roi— s'élève en moyenne à 54233 livres, contre 39621 livres les cinq saisons précédentes, à répartir en 12 parts environ.

Molière est riche. Roger Duchêne a calculé que, pour la saison 1671-1672, Molière et sa femme ont reçu 8466 livres à eux deux pour leurs parts de comédiens, plus ce que Molière a eu de la troupe comme auteur et ce que les libraires lui ont versé pour la publication de ses pièces. Il s’y ajoute les rentes des prêts qu’il a consentis et les revenus qu’Armande tire de l’héritage de Madeleine, soit au total plus de 15000 livres, l’équivalent, ajoute-t-il, du montant de la pension que verse Louis XIV au comte de Grignan pour exercer sa charge de lieutenant général au gouvernement de la Provence.

Les dernières saisons théâtrales

Les saisons théâtrales commencent après la clôture de Pâques, qui dure environ trois semaines.

Saison 1665-1666 : Le 15 septembre 1665, Molière donne à Versailles une comédie-ballet, L'Amour médecin, où il raille les médecins. La pièce a été {{Citation}}. Le 4 décembre, la troupe joue avec succès Alexandre le Grand de Jean Racine qui, dix jours plus tard, confie sa pièce à l'Hôtel de Bourgogne, ralliant ouvertement le camp de ceux qui jugent les comédiens de Molière incapables de jouer la tragédie.

Saison 1666-1667 : Le 4 juin 1666, c’est la première du Misanthrope ({{16e}} pièce de Molière, qui joue Alceste). La pièce sera jouée 299 fois jusqu’à la fin du règne de Louis XIV. Les liens entre le climat de la pièce et l’humeur de l'auteur sont probables, si l’on tient compte du contexte : Tartuffe interdit, Dom Juan étouffé, la campagne de calomnies se développant contre lui. Le 6 août, Molière crée au Palais-Royal une farce, pleine de verve, Le Médecin malgré lui. Le {{1er}} décembre 1666, la troupe part à Saint-Germain pour de grandes fêtes données par le roi qui mobilisent tous les gens de théâtre de Paris et dureront jusqu’au 27 février 1667. Elle est employée dans le Ballet des Muses et donne trois comédies (Pastorale comique, Mélicerte, Le Sicilien). Le poète de la cour Benserade écrit à cette occasion: <poem> Le célèbre Molière est dans un grand éclat Son mérite est connu de Paris jusqu’à Rome. Il est avantageux partout d’être honnête homme Mais il est dangereux avec lui d’être un fat.</poem>

Mais cette fois, Molière n’a rien écrit qui fasse penser. Ses ennemis aussi peuvent secrètement triompher.

Saison 1667-1668 : Le 13 janvier 1668, la première d’Amphitryon est donnée au Palais-Royal. Le roi et la cour assistent à la {{3e}} représentation aux Tuileries.

Saison 1668-1669 : C’est une saison faste. On a beaucoup joué au théâtre du Palais-Royal : 192 représentations, 47507 livres de bénéfice pour le théâtre, 60247 livres de bénéfice total pour onze parts. Sur 22 pièces mises à l’affiche, 12 sont de Molière. Pour la paix d’Aix-la-Chapelle (2 mai 1668), le roi donne à sa cour des fêtes splendides. Plus de deux mille personnes assistent au Grand Divertissement royal, pastorale avec chants et danse. La musique est de Lully, les paroles de Molière. La comédie George Dandin est enchâssée dans la pastorale. L’Avare ({{22e}} pièce de Molière, qui joue Harpagon) est joué pour la première fois le 9 septembre au Palais-Royal. Molière y dénonce l’omniprésence de l’argent dans la société de son temps. Il ne la jouera que 47 fois dans son théâtre. Le public boude la pièce, qui deviendra après sa mort, l’un de ses plus grands succès. La pièce est en prose, ce qui a choqué pour une grande comédie en cinq actes. La pièce est sérieuse, car Harpagon n’est pas un personnage directement comique. Cependant, le triomphe du Tartuffe, enfin joué librement le 5 février 1669 va faire oublier L'Avare.

Saison 1669-1670 : La troupe a suivi la cour à Chambord du 17 septembre au 20 octobre 1669. C’est là qu’est joué Monsieur de Pourceaugnac ({{23e}} pièce de Molière, qui joue Pourceaugnac), agrémentée de ballets et de musique. Lully a écrit la musique. Molière-Pourceaugnac échappe à l’engrenage médical qui le happe. La pièce est plus dure pour les médecins que Le Malade imaginaire, aussi âpre que L'Amour médecin. Le public parisien voit la pièce à partir du 15 novembre. Le succès est très vif. Pour le carnaval, un ballet est commandé à Molière, Les Amants magnifiques. La musique est de Lully. Il est dansé à Saint-Germain en février 1670.

Saison 1670-1671 : Le roi, qui vient de recevoir l’ambassadeur ottoman à Versailles, veut donner à sa cour une comédie-ballet où des Turcs apparaissent sur la scène. Molière écrit les paroles, Lully la musique. Le Bourgeois gentilhomme ({{25e}} pièce de Molière, qui joue M. Jourdain) est interprété sept fois devant la cour en octobre 1670, puis est donné aux parisiens le 23 novembre. C’est un grand succès. En janvier 1671, dans la grande salle des Tuileries, construite par Le Vau et capable d’accueillir 7000 spectateurs, mais avec une très mauvaise acoustique, Psyché, tragi-comédie et ballet (la comédie-ballet est en train d’évoluer vers l’opéra) est dansé devant le roi. Le livret est de Molière. La musique de Lully.

Saison 1671-1672 : Les Fourberies de Scapin, jouées le 24 mai 1671, sont un échec. La pièce connaitra le succès après la mort de Molière : 197 représentations de 1673 à 1715. En décembre 1671, le roi commande pour l’arrivée de la nouvelle épouse de Monsieur un ballet, La Comtesse d'Escarbagnas joué plusieurs fois devant la cour. Le 11 mars 1672, Les Femmes savantes ({{29e}} pièce de Molière, qui joue Chrysale) sont données au Palais-Royal. La pièce, sans ornement musical, poursuit la lutte contre la préciosité. Ce n’est pas un franc succès. Le roi la voit deux fois, la dernière fois le 17 septembre 1672 à Versailles, sans doute la dernière fois que Molière joue à la cour.

Le {{date}}, Molière s’installe bourgeoisement et somptueusement rue de Richelieu dans une vaste maison à deux étages avec entresol.

Le conflit avec Lully

Jean Le Pautre]] Pendant neuf ans, Molière et Lully, le musicien préféré du roi, ont collaboré avec succès, Lully faisant la musique des comédies de Molière pour les grandes fêtes royales. Comme Molière, il pensait jusqu’alors l’opéra en français impossible. Le succès de Pomone, premier opéra français, le fait changer d’avis. Il décide de créer un opéra à sa manière et d’en avoir le monopole.

Le roi accorde alors à Lully l’exclusivité des spectacles chantés et interdit de faire chanter une pièce entière sans sa permission. La troupe de Molière proteste, une bonne partie de son répertoire étant constituée de comédies-ballets. Le 29 mars 1672, le roi lui accorde la permission d’employer 6 chanteurs et 12 instrumentistes, à peu près l’effectif utilisé par son théâtre. Le 8 juillet 1672, La Comtesse d'Escarbagnas est donnée au Palais-Royal avec une musique nouvelle de Charpentier. En septembre, un nouveau privilège accorde à Lully la propriété des pièces dont il fera la musique : le musicien voulait ainsi éviter à l'avenir d'être dépouillé de ses droits, comme c'était le cas chaque fois que Molière reprenait Psyché dans son théâtre.

Le goût du roi va à l’opéra, au détriment de ce que pratique Molière, attaché à l’importance du texte parlé et à la primauté de l’écrivain sur le musicien. Molière sait que, si le roi a accordé à Lully le monopole des spectacles en musique, ce n’est pas pour confier à un autre le soin des prochaines fêtes. Mais le roi aime aussi la comédie. La création au Palais-Royal du Malade imaginaire ({{30e}} pièce de Molière, qui joue le rôle-titre), comédie mêlée de musique (de Charpentier) et de danses, est la réponse de Molière. Son pari est que le roi va souhaiter voir sa pièce. Le succès du Bourgeois gentilhomme — pièce qui annonce à beaucoup d'égards Le Malade imaginaire — et le triomphe de Psyché au Palais-Royal lui ont aussi confirmé que la troupe peut gagner de l’argent en jouant des pièces avec ballets et parties chantées pour le seul public parisien.

Le 17 février 1673, à la {{4e}} représentation du Malade imaginaire, où il joue le rôle principal, qui est long et commence par un grand monologue, Molière se sent plus fatigué par sa fluxion qu’à l’ordinaire, mais il refuse de supprimer la représentation. Il meurt quelques heures après être sorti de scène. Il ne saura jamais qu'il avait gagné son pari : un an et demi plus tard, sa troupe sera invitée à donner Le Malade imaginaire dans les jardins de Versailles à l'occasion des fêtes pour la conquête de la Franche-Comté.

La mort de Molière

Les circonstances

Fauteuil utilisé par Molière lors de sa dernière représentation et dans lequel le comédien serait mort, exposé à la salle Richelieu de la Comédie-Française. Il est de tradition qu'au jour anniversaire de sa naissance, ce fauteuil descende des cintres au milieu de la troupe au grand complet de la Comédie-Française. La Grange]] qui relate la mort de Molière. {{Citation}}

Il existe quatre récits de la mort de Molière, le 17 février 1673, plus ou moins détaillés et plus ou moins convergents:

Le premier récit est fourni par la requête de sa veuve, datée du lendemain de la mort, à l’archevêque de Paris pour obtenir une sépulture chrétienne. En effet, Molière, comédien, n’ayant pas signé, comme Madeleine Béjart, de renonciation à sa profession, est automatiquement excommunié. Sa veuve, Armande, veut montrer qu’il est mort en bon chrétien tout en sachant par ailleurs que l’archevêque va faire enquêter sur la vérité de ses allégations : {{Citation}} Il envoya chercher un prêtre. Deux refusent de venir. {{Citation}} Un troisième arrive trop tard. {{Citation}} Le désir de son mari de se confesser est témoigné par deux dames religieuses demeurant dans la maison et un gentilhomme nommé Couton entre les bras de qui il est mort.

Une autre version est donnée par le registre où La Grange a conté le drame quelques jours plus tard : {{Citation}}

La notice biographique des Œuvres de Molière, de La Grange et de Vivot publiées en 1682 : Le 17 février, {{Citation}}

Le récit de Grimarest dans sa Vie de Molière, éditée en 1705. Grimarest, qui n’aime pas Armande, a fondé son récit sur les confidences de Baron dont il amplifie souvent le rôle : La représentation commence à 4 heures. En prononçant le juro de la cérémonie finale, il est pris d’une convulsion. Les spectateurs s’en aperçoivent. Il cache {{Citation}} ce qui lui est arrivé. {{Citation}} Il a froid. Baron lui trouve les mains glacées et s’en inquiète. Il le fait ramener chez lui en chaise à porteurs. Une fois Molière dans sa chambre, Baron veut lui faire prendre du bouillon. Il n’en veut point. Il le trouve trop fort. {{Citation}} Au bout d’un moment, il est pris d’une forte crise de toux. Baron, voyant le sang qu’il rend s’en effraie. Il demande à Baron de faire venir sa femme. {{Citation}} Elles quêtaient pour le Carême et il les hébergeait chez lui. {{Citation}} Il rendit l’esprit entre les bras de ces deux bonnes sœurs. {{Citation}} Grimarest a omis la plupart des détails contenus dans la requête d’Armande à l’archevêque de Paris : la recherche d’un prêtre, les allées et venues qui ont duré plus d’une heure et demie, la présence à son chevet de Couton entre les bras duquel il est mort. {{Citation}} Grimarest ne dit pas en quels termes.

L’inhumation

Molière n’a pas signé la renonciation à sa profession de comédien. Le rituel du diocèse de Paris subordonne l’administration des sacrements à cette renonciation par écrit ou en abjurant sur son lit de mort. Armande raconte qu'elle a demandé à trois prêtres de la paroisse de Saint-Sulpice de venir lui apporter l'extrême-onction mais les deux premiers refusent et le troisième arrive trop tard. Molière ne peut donc recevoir une sépulture religieuse.

Vu la notoriété du mort, l’Église est embarrassée. Le curé de Saint-Eustache ne peut, sans faire scandale, l’enterrer en faisant comme s’il n’avait pas été comédien. Et, de l’autre côté, refuser une sépulture chrétienne à un homme aussi connu du public risquait de choquer. Le seul moyen est de s’adresser à l’archevêque de Paris qui a seul pouvoir d’interpréter son règlement en montrant que le comédien est mort en bon chrétien, qu’il avait l’intention de se confesser, qu’il en a été empêché par des contretemps. L’archevêque François Harlay de Champvallon, après enquête, {{Citation}} recueillies, permet au curé de Saint-Eustache d’enterrer Molière, à condition que cela soit {{Citation}}.

Molière est enterré de nuit le 21 février dans le cimetière de la chapelle Saint-Joseph. Il n'y a pas de récit contemporain des faits. Selon Grimarest, {{Citation}} et {{Citation}}, suivant le corbillard sur les neuf heures du soir. On procéda du 13 au 21 mars 1673 à un inventaire de ses biens, document conservé au Minutier central des notaires de Paris et consultable sous la forme d'un microfilm coté MC/MI/RS/409. Son tombeau, ainsi que celui de Jean de La Fontaine, inhumé au même endroit, furent transportés au musée des monuments français, lors de la démolition de la chapelle et du cimetière au commencement de la Révolution française.

La fin soudaine, presque sur scène, d'un comédien célèbre et controversé provoqua dans la presse un déferlement d’épitaphes et de poèmes (on en compte une centaine), le plus souvent hostiles, telle l'épitaphe du poète les Isles-le-Bas :

Tombeau de Molière au cimetière du Père-Lachaise <poem> Jean-Baptiste Poclin son baptesme renverse Et, tout chrestien qu’il est, il devient un payen. Ce céleste bonheur enfin n’estoit pas sien, Puisqu’il en fist vivant un infâme commerce. (…) O le lugubre sort d'un homme abandonné ! Molière, baptisé, perd l'effet du baptême Et dans la sépulture il devient un mort-né.</poem>

D'autres célèbrent ses louanges, comme l’épitaphe de La Fontaine : <poem> Sous ce tombeau gisent Plaute et Térence, Et cependant le seul Molière y gît : Leurs trois talents ne formaient qu’un esprit, Dont le bel art réjouissait la France. (…) Ils sont partis, et j’ai peu d'espérance De les revoir, malgré tous nos efforts, Pour un long temps, selon toute apparence.</poem>

Le 6 juillet 1792, désireux d’honorer les cendres des grands hommes, les révolutionnaires exhumèrent les restes présumés de Molière et de La Fontaine. L’enthousiasme retombé, ils restèrent de nombreuses années dans les locaux du cimetière, puis furent transférés en l'an VII au musée des monuments français. À la suppression de ce musée en 1816, on transporta les cercueils au cimetière de l’Est, l'actuel Père-Lachaise, où ils reçurent une place définitive le {{date}}.

Épilogue

Une semaine après la mort de Molière, les comédiens recommencent à jouer, Le Misanthrope d'abord, dont Baron reprend le rôle principal, puis Le Malade imaginaire, La Thorillière jouant le rôle de Molière. Le 21 mars, c'est la clôture de Pâques. Baron, La Thorillière, le couple Beauval quittent la troupe pour rejoindre l'Hôtel de Bourgogne et, un mois plus tard, le roi reprend la salle qu'il prêtait gratuitement à Molière pour la donner à Lully, afin d'y représenter ses spectacles d'opéra.

Armande Béjart, qui a 31 ans, et La Grange, ancien bras droit de Molière, vont sauver l'existence de la troupe de Molière. Ils commencent par recruter le comédien Rosimond, jusqu'alors au Marais, pour reprendre les rôles tenus par Molière, et ils louent rue Guénégaud le théâtre où avait été joué Pomone, le premier opéra français en 1669 ; c'est Armande et son beau-frère qui prêtent à la troupe les sommes nécessaires pour racheter le droit au bail et une partie du coût des décors et des machines, que réclament le marquis de Sourdéac et son associé pour leur céder la salle. Grâce à la dissolution de la troupe du Marais, tous les acteurs doivent rejoindre par décret royal l'ancienne troupe de Molière, dite depuis 1665 Troupe du Roi, et désormais forte de 19 comédiens et comédiennes. Le 9 juillet 1673, {{Citation}} ouvre la nouvelle saison avec Tartuffe puis joue le répertoire de Molière. Armande figure la première dans la liste des comédiennes. La troupe compte dix-sept parts et demie, certains comédiens et comédiennes n'ayant que des demi-parts. En 1677, Armande commande à Thomas Corneille une adaptation en vers, tout à fait purgée de ses audaces, du Festin de pierre de Molière (qui ne s'appellera Dom Juan qu'à partir de 1682). La Comédie-Française ne jouera que cette adaptation jusqu'en 1841.

En 1680, sur décret royal, la Troupe du roi à l'Hôtel Guénégaud doit fusionner avec la Troupe Royale de l'Hôtel de Bourgogne : c'est la naissance de la Comédie-Française. La nouvelle compagnie est assez nombreuse se partager entre Paris et Versailles et jouer désormais tous les jours de la semaine, et non plus seulement les {{Citation}}.

En 1682, paraissent les Œuvres de Monsieur de Molière en huit tomes. Le 30 novembre 1700, meurt Armande, qui s'était remariée en 1677 avec le comédien Guérin. Ils avaient eu un fils, Nicolas Guérin, qui s'essaya au théâtre, en réécrivant et complétant une comédie que Molière avait laissée inachevée (Mélicerte) sous le titre Myrtil et Mélicerte, une {{Citation}} en trois actes. Il mourut en 1708, à l’âge de trente ans. Il semble avoir reçu de sa mère les papiers de Molière, puisqu'il dit les avoir consultés pour tenter de compléter Mélicerte; c'est sans doute la disparition prématurée du jeune homme qui explique leur dispersion et probablement leur destruction. En 1723, la postérité de Molière s'éteint avec la mort de sa fille, Esprit-Madeleine Poquelin.

couverture du document
DVDDisponible
Veuillez vous connecter pour réserver
couverture du document
DVDDisponible
Veuillez vous connecter pour réserver
couverture du document
Auteurs
DVDNon disponible
Veuillez vous connecter pour réserver
couverture du document
LivreDisponible
Veuillez vous connecter pour réserver
couverture du document
LivreDisponible
Veuillez vous connecter pour réserver
couverture du document
LivreDisponible
Veuillez vous connecter pour réserver
couverture du document
LivreDisponible
Veuillez vous connecter pour réserver
couverture du document
LivreDisponible
Veuillez vous connecter pour réserver
couverture du document
LivreNon disponible
Veuillez vous connecter pour réserver
couverture du document
LivreDisponible
Veuillez vous connecter pour réserver
couverture du document
LivreDisponible
Veuillez vous connecter pour réserver
couverture du document
LivreDisponible
Veuillez vous connecter pour réserver
couverture du document
LivreDisponible
Veuillez vous connecter pour réserver