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Wells, Herbert George (1866-1946)

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Biographie

Il fut un auteur très prolifique qui écrivit aussi bien des romans réalistes que de la science-fiction, comme des essais sur l'histoire de l'humanité ou l'évolution future de la société. Herbert George Wells fut un socialiste convaincu. Après 1900, ses œuvres se firent de plus en plus politiques et didactiques. Il parait que sa femme l'aurait aidé à écrire ses textes.

Enfance et jeunesse

H.George Wells fut le cinquième et dernier enfant de Joseph Wells, un jardinier et joueur de cricket devenu boutiquier, et de Sarah Neal, une ancienne domestique. Il est né à Atlas House, 47 High Street, Bromley, dans le Kent. Sa famille appartenait à la classe moyenne peu argentée. Un héritage permit à la famille d'acheter un magasin de porcelaines qui ne fut jamais prospère. Joseph fut obligé de vendre des battes et des balles de cricket pour nourrir sa famille. Il recevait également de faibles rémunérations lors des matchs auxquels il participait.

Un incident survenu alors qu'il n'avait que sept ans fut déterminant pour la suite de sa vie. À cause d'un malencontreux accident survenu sur un terrain de sport, il dut rester alité un certain temps avec une jambe cassée. Il passait le temps en lisant des romans et se passionnait pour les autres mondes auxquels lui donnaient accès ses nouvelles lectures. C'est à ce moment-là qu'il prit goût à l'écriture. Plus tard la même année, il entra à la Thomas Morley's Commercial Academy, une école privée fondée en 1849. L'enseignement y était très erratique, plus particulièrement axé, comme Wells le raconta plus tard, sur l'écriture calligraphiée et les calculs utiles aux seuls hommes d'affaires. Wells y poursuivit sa scolarité jusqu'en 1880. Mais en 1877, un nouvel incident obscurcit la jeunesse de l'auteur : à la suite d'une chute, son père se fracture une jambe et doit abandonner sa carrière sportive qui représentait une part non négligeable des revenus de la famille.

Incapable de supporter plus longtemps leur charge de famille, les parents Wells eurent l'idée de placer leurs garçons comme apprentis dans différents corps de métier. Ainsi, de 1881 à 1883, Herbert George Wells fit un apprentissage comme marchand de tissus chez Southsea Drapery Emporium. Cette expérience lui inspira plus tard ses romans intitulés The Wheels of Chance (Les Roues de la fortune) et Kipps, qui décrivent la vie d'un apprenti marchand de tissus qui commente de manière critique la répartition des richesses dans le monde.

Les parents Wells ne s'entendaient pas très bien - elle était protestante et lui libre penseur -, si bien que sa mère retourna travailler comme femme de chambre à Up Park, une maison de campagne du Sussex, une fonction qui ne l'autorisait à emmener ni mari, ni famille. Ensuite, Sarah et Joseph vécurent séparément, sans toutefois divorcer, ni avoir aucune autre liaison. Herbert George Wells ne tira profit ni de son apprentissage comme marchand de tissu, ni de son apprentissage comme assistant chimiste, ni de son expérience comme enseignant auxiliaire, ce qui l'obligea à retourner régulièrement chez sa mère à Up Park, jusqu'à ce qu'il trouve une situation plus stable. H. G. Wells profitait de ses séjours à Up Park pour se plonger dans les livres de la superbe bibliothèque du lieu.

Années d'études

H. G. Wells en 1908 à la porte de sa maison de Sandgate

En 1883, son employeur le renvoya, arguant qu'il n'était pas satisfait de ses services. Mais le jeune Wells était loin d'être mécontent de ce renvoi qui marqua la fin de sa période d'apprentissage. Plus tard la même année, il devint spécialiste. L'année passée à suivre son cours fut pour Wells la plus significative de toute son éducation. Elle marqua également son écriture romanesque puisqu'il puisa dans la biologie, en particulier dans l'évolution et l'anatomie comparée nombre de créations littéraires. Comme ancien élève, il aida ensuite à créer la Royal College of Science Association dont il fut le premier président en 1909. Wells étudia dans sa nouvelle école jusqu'en 1887 avec une allocation de vingt-et-un shillings par semaine grâce à sa bourse d'études.

Ces années marquent le début de son intérêt croissant pour une réforme possible de la société. Il commença son approche du sujet en étudiant la République de Platon, puis se tourna vers les idées plus contemporaines du socialisme telles qu'elles s'exprimaient au sein de la Fabian Society et dans diverses lectures à la Kelmscott House, le domicile de William Morris. Il compta également parmi les membres fondateurs du magazine The Science School Journal, un périodique qui lui permettait d'exprimer ses propres idées sur la littérature et la société. L'année scolaire 1886-1887 fut sa dernière année d'études. Malgré sa réussite aux examens de biologie et de physique, son échec à l'examen de géologie lui coûta son passage en année supérieure et sa bourse d'études. Herbert George Wells se retrouva alors sans revenu. Sa tante Mary, une cousine de son père, l'invita à rester chez elle dans un premier temps, ce qui lui épargna la recherche d'un logement. Pendant son séjour chez sa tante, il nourrit un intérêt croissant pour sa cousine Isabel, qu'il épousera en 1891.

L'écrivain

Les premiers romans de « science-fiction »

Le premier best-seller de Herbert George Wells fut Anticipations, paru en 1901. C'est peut-être son œuvre la plus explicitement futuriste, elle portait le sous-titre « Une expérimentation en prophétie » (An Experiment in Prophecy) lorsqu'elle parut tout d'abord par épisodes dans un magazine. Ce livre est intéressant à la fois pour ses bonnes intuitions (les trains et les voitures résultant de la migration des populations des centres-villes vers les banlieues ; les restrictions morales déclinant lorsque hommes et femmes recherchent davantage de liberté sexuelle) et pour ses erreurs (« mon imagination refuse de voir un sous-marin quelconque faire autre chose qu'étouffer son équipage et sombrer au fond des mers »). Statue d'un tripode de La Guerre des mondes, érigée dans le centre-ville de Woking en Grande-Bretagne

Ses premiers romans, qu'on appelait à l'époque des « romans scientifiques », inaugurèrent un grand nombre de thèmes devenus de grands classiques en science-fiction, comme La Machine à explorer le temps, L'Île du docteur Moreau, L'Homme invisible et La Guerre des mondes (tous quatre portés à l'écran), et furent souvent considérés comme largement influencés par les œuvres de Jules Verne. Mais Wells refusait lui-même le titre de « Jules Verne anglais » comme il l'expliqua dans une préface qu'il écrivit pour une réédition de ses romans scientifiques (Scientific romances) en 1933. Wells opposait ses œuvres d'imagination et les romans d'anticipation du Français. Ses inventions n'avaient pas pour but de montrer ce qui allait se produire réellement, mais de simplement prendre possession du lecteur par l'illusion romanesque. Il comparait ses romans à L'Âne d'or d'Apulée, à l'Histoire véritable de Lucien de Samosate, à Peter Schlemil d'Adelbert von Chamisso et à Frankenstein de Mary Shelley. Wells écrivit d'autres romans, non fantastiques, qui reçurent un très bon accueil de la part des critiques, comme Tono-Bungay et Kipps. Wells fut également l'auteur de plusieurs douzaines de nouvelles, la plus connue étant The Country of the Blind (1911).

Même s'il ne s'agit pas d'un roman de science-fiction, Tono-Bungay fait une large part à la désintégration radioactive. Celle-ci joue un rôle clé dans The World Set Free paru en 1914 (le titre français est La Destruction libératrice). Ce récit contient ce qui peut être considéré comme sa meilleure intuition prophétique. Les scientifiques de l'époque savaient que la désintégration du radium dégageait de l'énergie à faible rayonnement pendant des milliers d'années. Le taux de rayonnement était trop faible pour avoir une quelconque utilité pratique, mais la quantité totale d'énergie libérée était énorme. Le roman de Wells tourne autour d'une invention non spécifiée qui accélère le processus de désintégration radioactive afin de produire des bombes qui explosent avec une puissance digne d'explosifs ordinaires, mais qui continuent d'exploser pendant des jours et des jours. Leó Szilárd reconnut que ce livre lui inspira la théorie de la réaction nucléaire en chaîne.

Ouvrages de vulgarisation

Wells écrivit aussi des ouvrages spécialisés. Son œuvre en deux volumes la plus célèbre fut The Outline of History (1920) qui inaugurait une nouvelle ère de vulgarisation historique à destination du grand public. Les historiens professionnels l'accueillirent avec circonspection, à l'exception de Arnold J. Toynbee qui qualifia l'ouvrage de meilleure introduction possible à l'histoire mondiale. De nombreux autres auteurs poursuivirent dans cette voie de la vulgarisation.

Wells poursuivit dans cette voie en 1922 avec un ouvrage populaire, mais beaucoup plus court : A Short History of the World, et deux autres longs traités, The Science of Life (1930) et The Work, Wealth and Happiness of Mankind (1931). Ces ouvrages de vulgarisation devinrent suffisamment populaires pour donner l'occasion à James Thurber de les parodier dans son essai humoristique intitulé An Outline of Scientists. L'introduction à l{{'}}Histoire mondiale de Wells en deux volumes fut régulièrement rééditée, avec une réédition en 2005, tandis que A Short History of the World fut réédité en 2006.

En 1927, Florence Deeks poursuivit Wells pour plagiat, arguant qu'il avait copié la plus grande partie de The Outline of History à partir de son manuscrit intitulé The Web qui avait été soumis à l'éditeur canadien Canadian Macmillan Company et refusé. Malgré de nombreuses similarités de style et nombre d'erreurs historiques communes, la justice disculpa Wells.

Utopies et dystopies

Dès les débuts de sa carrière, Wells cherchait une meilleure manière d'organiser la société, écrivant de nombreuses utopies. Ses romans commençaient généralement par la description d'un monde courant à la catastrophe jusqu'à ce que la population mondiale accède à un nouveau mode de vie : soit grâce à un mystérieux gaz libéré par une comète et qui rendait les humains plus rationnels (In the Days of the Comet), soit grâce à un conseil scientifique s'emparant du pouvoir (The Shape of Things to Come (1933)), adapté plus tard pour le film d'Alexander Korda, Things to Come, daté de 1936. Wells fit également la description d'une reconstruction sociale d'après-guerre par l'avènement de dictateurs fascistes dans The Autocracy of Mr Parham (1930) et The Holy Terror (1939).

Wells questionna l'essence même de l'humanité en opposant les idées de nature et de culture. Toutes ses utopies ne se terminaient pas forcément de manière heureuse, comme le montre le roman When the Sleeper Wakes (1899) (republié sous le titre The Sleeper Awakes, 1910) qui relève davantage de la dystopie. L'Île du docteur Moreau, plus sombre, force encore le trait. Le narrateur, prisonnier sur une île où les animaux sont changés en êtres humains par vivisection, mais sans succès, rentre en Grande-Bretagne. À l'instar de Gulliver lorsqu'il rentre du pays des Houyhnhnms, il se retrouve incapable de voir ses concitoyens autrement que comme des bêtes civilisées régressant lentement pour retrouver leur nature animale.

Autres écrits

Wells rédigea également la préface de la première édition des journaux intimes de W. N. P. Barbellion, The Journal of a Disappointed Man (Le Journal d'un homme déçu), publié en 1919. Comme beaucoup de critiques pensaient que Barbellion n'était qu'un pseudonyme, Wells fut longtemps considéré comme le véritable auteur du Journal ; Wells a toujours démenti ces allégations, mais les rumeurs persistèrent jusqu'à la mort de Barbellion cette même année.

En 1938, il publia World Brain, une série d'essais sur l'organisation future de la connaissance et de l'éducation, parmi lesquels on trouve un essai intitulé The Idea of a Permanent World Encyclopaedia (Une idée d'encyclopédie mondiale permanente), concept à rapprocher de Wikipédia, qui parut dans l{{'}}Encyclopédie française d'Anatole de Monzie et Lucien Febvre en 1937.

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