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Victor, Paul-Émile (1907-1995)

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Biographie

Jeunesse et débuts de carrière (1907-1934)

Paul-Eugène Victor naît le {{date}} à Genève en Suisse, de parents français immigrés d'origine juive d'Europe centrale et arrivés en France le 8 juillet 1903. Il est fils d'Erich Heinrich Victor Steinschneider, issu d'un milieu aisé de juristes et d’industriels originaires de la région de Bohême, et de Maria Laura Baum, issue d’une famille bourgeoise de Cracovie. Ses parents choisissent Genève, où ils connaissent une doctoresse réputée, pour qu'y naisse leur premier enfant. Paul-Eugène est déclaré de nationalité tchèque à sa naissance. Ce n’est que le 10 juin 1907 que son père Erich Heinrich Victor Steinschneider obtint de la Lieutenance générale impériale et royale du Royaume de Bohême l’autorisation de changer son nom en Éric Victor. Soucieux de s'intégrer dans sa nouvelle patrie, cette francisation (en choisissant son troisième prénom) lui permet de masquer la consonance germanique de son nom dans un pays marqué encore par la guerre de 1870.

Sa sœur Lily Marguerite naît le {{date}}.

Il passe une partie de son enfance en France à Saint-Claude dans le Jura où son père possède une usine de pipes en bruyère, l'usine « Victor ».

En 1919, ses parents déménagent à Lons-le-Saunier, toujours dans le département du Jura, où son père crée une nouvelle usine de pipes qui se diversifie en 1928 dans la fabrication de stylos, l'Angleterre, son principal pays débouché s'étant réservé le monopole de la vente de pipes sur son territoire.

Très jeune, Paul-Émile se réfugie dans le grenier, loué avec l'appartement de la « Villa Bernard », propriété de la famille Bernard-Genin où il se plonge dans une collection de livres et de revues, d'affiches et de récits d'aventures, d'exploration et d'ethnologie, qui éveillent en lui des rêves et la passion des voyages polaires et polynésiens. Il entre alors aux Éclaireurs de France dont il sera responsable local et avec qui il gardera des liens jusque vers 1964.

En 1925, il obtient un baccalauréat math-philo puis poursuit une formation d’ingénieur à l'École centrale de Lyon qu'il quitte en fin de troisième année sans diplôme, pour passer et réussir le concours d'entrée de l'École nationale de navigation maritime de Marseille le 26 novembre 1928, puis il fait son service militaire dans la Marine nationale : incorporé en mai 1929 à Toulon, le matelot de deuxième classe Victor devient après ses classes élève officier sur le bateau-école cuirassé Voltaire puis aspirant sur le porte-avion Béarn. Ces deux expériences le déçoivent de la Marine dont il se faisait une idée plus poétique.

En 1931, il obtient un brevet de pilote d'avion. Les deux années suivantes, il est employé aux établissements Victor mais rapidement, son désir d'aller explorer les îles polynésiennes l'en détourne. Après avoir poursuivi ses études à l'Université dont il sort licencié ès lettres et licencié ès sciences, il obtient le diplôme de l'Institut d'ethnographie du Trocadéro de Paris en 1933.

Premières expéditions au Groenland (1934-1939)

En 1934, à la suite d'une rencontre décisive avec le célèbre et très médiatique commandant et explorateur polaire français Jean-Baptiste Charcot, il organise sa première expédition polaire avec le Musée d'Ethnographie du Trocadéro de Paris et le directeur de ce musée, Paul Rivet avec qui il s'embarque sur le Pourquoi-Pas ? du célèbre commandant. Il se fait débarquer avec trois compagnons, l'anthropologue Robert Gessain, le géologue Michel Perez et le cinéaste Fred Matter sur la côte est du Groenland pour sa première expédition polaire chez les Eskimos inuits de la ville d'Ammassalik. Au cours de cette première année passée avec les inuits, il apprendra à parler couramment leur langage.

En 1935, à son retour en France, fort de son aura et de son sens de la communication exceptionnels, il acquiert du succès et de la notoriété médiatique grâce à de nombreuses conférences et articles dans des revues diverses sur ses aventures.

En 1936, il réalise l'exploit de traverser le Groenland en traîneaux à chiens, d'ouest en est, avec ses compagnons Robert Gessain, Michel Perez et le Danois Eigil Knuth. Arrivé à l'est, il reste quatorze mois seul à Kangerlussuatsiaq au sein d'une famille Inuits « comme un eskimo parmi les eskimo ». Aventure durant laquelle il a une liaison avec Doumidia, une jeune inuit.

À son retour en France, il rencontre un nouveau grand succès médiatique et scientifique grâce à ses nombreuses conférences et articles de presse et de revue diverses et publie pour le Musée de l'Homme les résultats de son étude ethnologique et ses nombreuses notes et dessins sur la culture traditionnelle groenlandaise entièrement organisée autour du phoque.

En 1938, avec Michel Perez et le commandant Flotard (armée des Alpes), il effectue un raid transalpin Nice / Chamonix en traîneaux à chiens pour démontrer, avec succès, que les techniques polaires peuvent pallier les problèmes de transport d'hommes et de matériel en cas d'hiver rigoureux.

En 1939, il réalise une étude ethnologique en Laponie norvégienne, finlandaise, suédoise avec les docteurs Michel Latarjet et Raymond Latarjet.

Pilote de l'US Air Force (1941-1946)

Lors de la déclaration de la Seconde Guerre mondiale, il est mobilisé dans la marine française basée à Stockholm en Suède, il est à la fois officier de renseignement et officier de liaison avec la Finlande alliée jusqu'à l'armistice de 1940. Il quitte la France à l'automne 1940 et séjourne au Maroc puis en Martinique dans le cadre de missions ethnologiques, et arrive aux États-Unis en juillet 1941.

En 1942, il s'engage dans l'US Air Force aux États-Unis comme lieutenant-instructeur, pilote et parachutiste. Il devient par la suite commandant d'une des escadrilles « recherche et sauvetage » de pilotes perdus en milieu polaire pour l'Alaska, le Canada et le Groenland et obtient à ce titre la double nationalité française et américaine.

En 1946, il est démobilisé en juillet et se marie le 30 juillet, avec Éliane Decrais dont il a un premier fils le {{date}}, Jean-Christophe, puis les jumeaux Stéphane et Daphné le {{date}}.

Chef des Expéditions polaires françaises (1947-1976)

{{Voir aussi}}

Le 28 février 1947, après 13 ans d'exploration et d'ethnologie, Paul-Émile Victor s'oriente dans la direction des expéditions scientifiques en créant les Expéditions Polaires Françaises - EPF - Missions Paul-Émile Victor grâce à son fantastique charisme, à son don pour les relations publiques et avec l'appui entre autres des médias, du gouvernement et du député et ministre André Philip.

De 1947 à 1976, il dirige les Expéditions polaires françaises. Au cours de ces 29 ans, 150 expéditions sont menées, dix-sept d'entre elles qu'il vit et dirige personnellement en terre Adélie en Antarctique et quatorze au Groenland en Arctique avec, entre autres, comme caméraman Samivel.

Il est également chef de l'Expédition glaciologique internationale au Groenland (EGIG), président du Scientific Committee on Antarctic Research (SCAR), président du Comité antarctique français pour l'Année géophysique internationale (AGI).

Paul-Émile Victor réalise en 1956 son premier voyage en terre Adélie. Il installe, 3 ans plus tard, la base antarctique Dumont d'Urville et la base Charcot {{Unité}} vers l'intérieur du continent Antarctique. Pour progresser sur les zones glaciaires il fait fabriquer par l'intermédiaire de la Someto des chenilles spéciales dessinées par M. Cousin.

En 1962, à partir de cette date, il organise de multiples activités sur la défense de l'homme et de son environnement et devient en 1968 délégué général de la Fondation pour la Sauvegarde de la Nature, créée par Louis Armand.

Le {{1er mars}} 1965, il épouse en secondes noces Colette Faure, une hôtesse de l'air qui vit dans une péniche voisine de la sienne, amarrée sur la Seine à Paris, dont il a un fils : Teva, né le {{date}}. C'est Colette qui lui fait découvrir le livre Printemps silencieux de l'océanographe Rachel Carson, ouvrage qui le décide à s'investir pleinement dans le mouvement écologiste.

En 1974, il crée le « Groupe Paul-Émile Victor pour la défense de l'homme et de son environnement » avec notamment, Jacqueline Auriol, Alain Bombard, Jacques-Yves Cousteau, Haroun Tazieff, les professeurs Louis Leprince-Ringuet et Jacques Debat, groupe dont les travaux fourniront la matière de son livre Jusqu'au cou... et comment s'en sortir publié en 1979 chez Nathan, où il aborde ce que l'on appelle aujourd'hui le « Développement durable » dans une perspective globale et pratique.

En 1976, à 69 ans, il prend sa retraite et transmet la direction des EPF à ses compagnons, notamment Gaston Rouillon, et devient membre du Conseil consultatif des TAAF (Terres australes et antarctiques françaises).

Retraite en polynésie (1976-1995)

Bora Bora où demeure Paul-Émile Victor de 1977 à sa mort En 1977, il réalise son second rêve d'adolescent avec sa femme Colette et leur fils, ils s'installent sur leur motu vierge en Polynésie française, le Motu Tane (« l'île de l'homme » en langue tahitienne) où il passe sa retraite à rédiger ses mémoires, des articles... tout en jouant encore à l'occasion de son énorme aura médiatique dans des causes diverses et en recevant le gotha scientifique planétaire de passage dans son île paradisiaque.

En 1987, pour fêter ses 80 ans, il retourne en février en terre Adélie accompagné de quatre adolescents puis en avril-mai au pôle Nord avec l'expédition polaire en ULM de Hubert de Chevigny et Nicolas Hulot. Les quatre adolescents étaient son fils de 15 ans et trois étudiants français qui ont gagné un concours organisé par < les Explorations polaires françaises > et le journal <Science et Vie>. Philippe Castellant, 11 ans a gagné le premier prix. Les autres étaient Thomas Justin, 16 ans et Stéphanie Chiron, 15 ans. (source: La Depêche du Midi 27-2-1987 et The Mercury, Hobart, l'Australie 5-2-1987)

En 1988, il est frappé par un accident vasculaire cérébral sur son île qui le paralyse à moitié, mais dont il récupère en grande partie.

En 1989 est inauguré le « musée polaire Paul-Émile-Victor » à Prémanon, près des Rousses à {{Unité}} de Saint-Claude dans le Jura franc-comtois de son enfance où il effectue de nombreux séjours lorsqu'il est en France. Ce musée créé par son ami jurassien Pierre Marc devient en 1998 le « Centre polaire Paul-Émile-Victor ».

Le 7 mars 1995, il disparaît sur son île de Bora-Bora à l'âge de 87 ans et, selon ses dernières volontés, est immergé en haute mer avec les hommages de la Marine nationale à bord du bâtiment de transport léger de classe Champlain Dumont d'Urville.

Paul-Émile Victor est l'auteur d'une quarantaine d'ouvrages scientifiques, techniques, de vulgarisation et d'aventures, et de très nombreuses revues et articles. Il obtient le prix de l'Académie française en 1973 pour l'ensemble de son œuvre littéraire, la grand-croix de la Légion d'honneur et le titre de Satrape du Collège de 'Pataphysique.

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