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Le père de Bertrand Tavernier, René Tavernier, écrivain et fondateur de la revue Confluences, publia clandestinement sous l'Occupation de grandes plumes comme Paul Éluard et Louis Aragon ; ce dernier vécut pendant la seconde guerre mondiale avec son épouse Elsa Triolet au-dessus du domicile des Tavernier. Selon Bertrand Tavernier, c'est pour sa mère que fut écrit l'un des plus beaux poèmes d’Aragon. {{refnec}}
Il fait ses débuts dans le cinéma comme assistant de Jean-Pierre Melville (Léon Morin, prêtre), expérience qu'il évoque dans le documentaire Sous le nom de Melville réalisé par Olivier Bohler.
Cinéphile passionné, Bertrand Tavernier a écrit plusieurs ouvrages importants sur le cinéma américain notamment, donné de nombreuses conférences et participe régulièrement à des bonus DVD. Dans les années 1960, il fut l'un des premiers à aller interviewer des réalisateurs étrangers et à analyser thématiquement leurs filmographies. Outre les metteurs en scène connus, tels John Ford, Raoul Walsh ou John Huston, il contribua à faire connaître en France Delmer Daves, André De Toth ou Budd Boetticher (dont il programmait les films avec son ciné-club, le {{cita}}) et participa, entre autres avec Martin Scorsese, à la redécouverte de l’œuvre de Michael Powell. En outre, il engagea pour ses films des scénaristes français des années 1950 comme Jean Aurenche ou Pierre Bost.
Comme critique cinématographique, il collabore dans les années 1960 à plusieurs revues : Les Cahiers du cinéma, Cinéma, Positif, Présence du cinéma, etc.
Il se démarque des réalisateurs de sa génération par la volonté de redonner une place primordiale à une narration passée à la trappe à la fin des années 1950. Il redonne ainsi leur chance à de grands scénaristes et dialoguistes restés sur le bord du chemin, principalement à Jean Aurenche et Pierre Bost (« bêtes noires », avec le réalisateur Claude Autant-Lara, de François Truffaut dans son article Une certaine tendance du cinéma français). Grand cinéphile, il fait redécouvrir des auteurs comme Jean-Devaivre dont il adaptera l'autobiographie dans son film Laissez-passer. Si son goût le porte parfois vers les « films à costumes », il ne s'éloigne jamais des préoccupations contemporaines et son art reste profondément enraciné dans notre époque.
Bertrand Tavernier exprime, au gré de ses films, son aversion contre les injustices, son engagement contre la guerre, le racisme, les côtés sombres du colonialisme, la peine de mort et son combat contre les travers de nos sociétés contemporaines : délinquance, violence, chômage, misères physique et affective, drogue, sida, {{etc.}}.
Certains longs métrages plus apaisés ou nostalgiques sont, à plusieurs reprises, imprégnés de la figure du père ou du temps qui passe et que l'on ne peut retenir (Un dimanche à la campagne, Daddy nostalgie).
Pour le réalisateur, la musique n'est jamais comme plaquée et fait toujours corps avec l'image. Dans ses premiers films tout particulièrement, une importante scène musicale ponctue le film et annonce un drame imminent : un chanteur des rues (Le Juge et l'Assassin), la scène de la guinguette (Un dimanche à la campagne), etc.
Ses amitiés et fidélités professionnelles donnent aussi un ton à son cinéma : Aurenche et Bost mais aussi Alain et Philippe Sarde, Marc Perrone, Philippe Noiret, Philippe Torreton et, plus tard, Jacques Gamblin. De manière paradoxale, sa filmographie, aux sujets et aux traitements très divers, reste tiraillée entre sa défense pour un cinéma français fort et indépendant et sa fascination pour une certaine culture nord-américaine{{refnec}}.
Producteur (sa société se nomme Little Bear production), il exerce aussi des activités associatives (président de l'Institut Lumière, à Lyon).
Bertrand Tavernier est le père de Nils Tavernier, également réalisateur, mais aussi comédien, et de la romancière Tiffany Tavernier. Il a connu au lycée Volker Schlöndorff, devenu depuis parrain de son fils.
Il est un hôte assidu de Sainte-Maxime, dans la villa familiale, depuis sa plus tendre enfance.