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Tati, Jacques (1907-1982)

Contents


Biographie

Origines familiales

Jacques Tati est d'origine franco-russo-néerlando-italienne. Son père, Georges Emmanuel Tatischeff, né en 1875 à Paris (mort en 1957), est le fils naturel du comte Dmitri Tatischeff, général de l'armée russe, attaché militaire à l'ambassade de Russie à Paris, qui meurt peu après la naissance de l'enfant, et d'une Française, Rose Anathalie Alinquant. L'enfant connaît une période agitée : il est enlevé et emmené en Russie, et sa mère ne peut le ramener en France qu'en 1883. Elle s'installe dans un endroit assez retiré : Le Pecq, près de Saint-Germain-en-Laye. En 1903, Georges-Emmanuel Tatischeff épouse Claire van Hoof (décédée en 1968), elle-même d'origine italo-néerlandaise, dont il aura deux enfants, Nathalie (née en 1905) et Jacques. Le père de Claire, néerlandais, est encadreur ; il fait entrer Georges-Emmanuel dans son entreprise. La famille Tatischeff dispose donc d'un niveau de vie assez élevé. Par la suite, Georges-Emmanuel deviendra le directeur de l'entreprise Van Hoof.

Enfance et jeunesse

Jacques Tatischeff paraît avoir été un écolier médiocre ; en revanche, il est assez sportif et pratique le tennis et, plus encore, l'équitation. Il abandonne les études à seize ans (1923) et entre comme apprenti dans l'entreprise familiale, où il est formé par son grand-père. En 1927-1928, il effectue son service militaire à Saint-Germain-en-Laye, dans la cavalerie ({{16e}} régiment de dragons). Il effectue ensuite à Londres un stage au cours duquel il s'initie au rugby. À son retour, il découvre ses talents comiques dans le cadre de l'équipe de rugby du Racing Club de France, dont le capitaine est Alfred Sauvy, et l'un des supporters, Tristan Bernard.

Il abandonne le métier d'encadreur en 1931 ou 1932, au moment où la crise économique mondiale atteint la France, et notamment le monde du spectacle. Il connaît alors une période très difficile, au cours de laquelle il élabore, malgré tout, le numéro qui deviendra Impressions sportives. Il participe au spectacle (amateur) organisé chaque année, de 1931 à 1934, par Alfred Sauvy.

Les débuts dans le monde du spectacle

Il est probable qu'il a eu des engagements rémunérés au music-hall, mais ils ne sont attestés qu'à partir de 1935, année où il joue pour le gala organisé par le quotidien Le Journal en l'honneur du record de la traversée de l'Atlantique par le Normandie. Parmi les spectateurs se trouve Colette, qui fera par la suite un commentaire très élogieux du numéro de Tati. Celui-ci est ensuite engagé dans la revue du Théâtre-Michel, puis, en 1936, après un séjour à Londres, dans la revue dirigée par Marie Dubas à l'ABC. À partir de là, il travaille sans interruption jusqu'à la guerre.

Durant les années 1930, il commence aussi à jouer comme acteur de cinéma :

  • 1932 : Oscar, champion de tennis de Jack Forrester (film perdu, très mal documenté) ;
  • 1934 : On demande une brute de Charles Barrois, avec Jacques Tati (Roger) et Enrico Sprocani, dit le clown Rhum (Enrico) ;
  • 1935 : Gai Dimanche, coréalisé avec Jacques Berr (même distribution) ;
  • 1936 : Soigne ton gauche de René Clément, avec Jacques Tati (Roger) et Max Martel (le facteur).

La Seconde Guerre mondiale

Il est mobilisé dès septembre 1939 au {{16e}} régiment de dragons, puis versé dans une nouvelle unité avec laquelle il participe en mai 1940 à la bataille sur la Meuse. Au cours de la débâcle, il se replie jusqu'en Dordogne, où il est démobilisé.

Entre 1940 et 1942, il présente ses Impressions sportives au Lido de Paris. Il y rencontre la danseuse Herta Schiel, qui avait fui l'Autriche avec sa sœur Molly au moment de l'Anschluss. À l'été 1942, Herta accouche d'une fille, Helga Marie-Jeanne Schiel. Suivant les conseils de sa sœur Nathalie, Tati refuse de reconnaître l'enfant, quitte la mère et est renvoyé du cabaret. À l'heure actuelle (début 2009), Helga Marie-Jeanne Schiel et sa famille habitent en Angleterre{{,}}. Il se produit aussi à la Scala de Berlin en 1942. Puis il quitte Paris et passe quelques mois de 1943 à Sainte-Sévère avec un ami, le scénariste Henri Marquet ; ils y écrivent le scénario de L'École des facteurs.

Il se marie le 25 mars 1944 avec Micheline Winter. Il recommence à travailler comme acteur de cinéma à la fin de la guerre. Envisagé comme substitut éventuel de Jean-Louis Barrault pour Les Enfants du paradis, il joue le rôle du fantôme dans Sylvie et le Fantôme de Claude Autant-Lara et figure aussi dans Le Diable au corps du même auteur. C'est à cette époque qu'il fait la connaissance de Fred Orain, directeur des studios de Saint-Maurice et de ceux de la Victorine à Nice.

Jacques Tati cinéaste

Au début de 1946, Orain et Tati fondent une maison de production, Cady-Films, qui est à l'origine des trois premiers films de Tati.

En 1946, année de la naissance de Sophie-Catherine Tatischeff, il réalise un court métrage qu'il intitule L'École des facteurs. Le réalisateur pressenti était René Clément, mais celui-ci étant alors occupé par La Bataille du rail, c'est Jacques Tati qui va assumer la fonction.

Jour de fête

Son premier long métrage, Jour de fête, dans lequel sa femme joue un rôle, est tourné en 1947, achevé en 1948, mais ne sort en France que le {{Date}}, en raison des réserves des distributeurs français. Le film, bien accueilli à Londres dès mars 1949, connaît finalement un grand succès public en France, même si les critiques sont généralement peu enthousiastes, et reçoit le Grand prix du cinéma français en 1950. Ce devait être l'un des premiers longs-métrages français en couleur, mais l'aspect expérimental du nouveau système couleur Thomsoncolor et le coût élevé d'un tirage couleur firent qu’il dut sortir en noir et blanc. Ce n'est qu'en 1995 qu'une copie couleur put être réalisée et présentée au public.

1949 est aussi l'année de la naissance de Pierre-François Tatischeff, alias Pierre Tati.

Le film fut tourné notamment sur le territoire de la commune de Sainte-Sévère dans l'Indre, avec seulement cinq comédiens professionnels. Les autres acteurs étaient des habitants du village, où l'on peut voir aujourd'hui un site dédié au film.

Les Vacances de monsieur Hulot

Avant la guerre, lors d'une visite chez des amis de Saint-Nazaire, M. et {{Mme}} Lemoine, installés près de la plage de Port Charlotte, Tati est séduit par la plage voisine de Saint-Marc-sur-Mer (Loire-Atlantique). Il décide d'y revenir un jour pour tourner un film. Lors du tournage des Vacances de monsieur Hulot, Jacques Lagrange, alors décorateur, devient son collaborateur et le restera jusqu'à la fin de la vie de Tati. Le personnage de monsieur Hulot lui a été inspiré par un véritable monsieur Hulot, qui n'était autre que le grand père de Nicolas Hulot.

Les Vacances de monsieur Hulot sort en 1953. Ce nouveau personnage est très remarqué par la critique, mais aussi par le public du monde entier, et le film, qui va recevoir plusieurs récompenses, dont le prix Louis-Delluc, reste l'un des films français les plus appréciés de cette période.

Des problèmes divers vont retarder la sortie du film suivant, auquel Tati pense dès 1954. En 1955, il subit un assez grave accident de voiture, dont il gardera une infirmité de la main gauche et un certain affaiblissement physique. D'autre part, le succès des Vacances de monsieur Hulot génère des revenus importants, mais Jacques Tati s'estime lésé par Fred Orain ; ce différend provoque la rupture de leur association et la création par Tati de sa propre maison de production, Specta Films en 1956. Pierre Étaix entre au service de Tati en 1956.

Mon oncle

Mon oncle, son premier film projeté en couleur, sort en 1958, parallèlement à une version anglaise, My Uncle, légèrement différente par la durée et le scénario. Il reçoit des distinctions importantes en France et à l'étranger, notamment l'Oscar du meilleur film étranger. Grâce à ces récompenses, la famille Tati s'installe à Saint-Germain-en-Laye. <gallery mode=packed> Fichier:Villa arpel 104.JPG|Villa Arpel au Cent Quatre Fichier:Villa arpel.jpg|Villa Arpel </gallery>

Playtime et la faillite de Specta Films

De 1964 à 1967, très occupé par le projet de Playtime, Tati coréalise également un court métrage, Cours du soir, dans lequel il tient le rôle du professeur.

En 1967, de graves problèmes financiers liés au tournage de Playtime l'obligent à hypothéquer sa demeure de Saint-Germain-en-Laye ; ses films antérieurs sont placés sous séquestre par décision de justice. Sorti à la fin de 1967, le film est assez bien accueilli en Grande-Bretagne, en Suède et en Amérique du Sud ; en revanche, c'est un demi-échec en France, et il n'est pas diffusé aux États-Unis, contrairement à ce que Tati espérait. Playtime a exigé des investissements énormes (la construction du décor de Tativille) et s'est avéré plus coûteux que prévu. Au total, Tati se trouve en 1968 dans une situation financière catastrophique. La maison de Saint-Germain est vendue après la mort de Claire Van Hoof ; Tati s'installe à Paris avec sa femme Micheline. Specta Films est placée sous administration judiciaire. La conclusion sera, en 1974, la liquidation de la société, avec une vente aux enchères de tous les droits et films pour seulement un peu plus de 120000 francs.

Les années 1970

Jacques Tati crée dès 1969 une nouvelle société de production, la CEPEC, mais il est amené à réduire ses ambitions : Trafic, quoique projeté en salle en 1971, est au départ conçu pour être un téléfilm. Le réalisateur ne peut monter son dernier long métrage, Parade, qu'avec l'aide de la télévision suédoise en 1973.

En 1977, il reçoit un César du cinéma pour l'ensemble de son œuvre.

Affaibli par de graves problèmes de santé, il meurt le {{Date}} d'une embolie pulmonaire, laissant un ultime scénario intitulé Confusion, qu'il avait achevé avec Jacques Lagrange et plusieurs fois reporté. Au début du film, monsieur Hulot devait être accidentellement tué en pénétrant dans un studio, en plein milieu d'un tournage d'une scène avec des tirs, l'une des balles devant être réelle et touchant mortellement Hulot. Ron Mael et Russell Mael, du groupe Sparks, auraient dû jouer un rôle dans ce film.

Dans Paris Match Philippe Labro rapportait la mort de Jacques Tati sous le titre « Adieu Monsieur Hulot. On le pleure mort, il aurait fallu l'aider vivant ! »

Postérité de l'œuvre de Jacques Tati

La complicité entre le cinéaste et les habitants du village de Sainte-Sévère-sur-Indre s'est nouée pendant la guerre. Le jeune Jacques Tatischeff, qui débute alors au cinéma, s'est réfugié dans la ferme d'un hameau voisin, en zone libre. Au fil de sa vie, il n'a de cesse de montrer sa gratitude aux habitants pour l'accueil reçu, revenant chaque année en famille dans ce décor champêtre qui a largement contribué au succès de Jour de Fête
En 2001, sa fille Sophie Tatischeff, Jérôme Deschamps, petit-cousin de Micheline Winter, et donc petit-cousin par alliance de Tati{{,}}{{,}}, et Macha Makeïeff créent la société Les films de Mon Oncle pour racheter les droits du catalogue Tati et ressortir des copies restaurées des films du réalisateur.
En 2009, la Maison Tati est inaugurée dans un entrepôt de Sainte-Sévère-sur-Indre et un Festival du court métrage d'humour s'efforce de promouvoir les jeunes auteurs.

L'Illusionniste

En 2010 le réalisateur français Sylvain Chomet sort L'Illusionniste, film d'animation sur un scénario que Jacques Tati avait écrit entre 1955 et 1959 avec Henri Marquet.

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