Il se fait connaître en France au début des années 2000 avec la publication du Quatuor du Yorkshire (1974, 1977, 1980 et 1983, éd. Rivages). Cette œuvre étrange, d'une noirceur et d'un pessimisme rarement égalés, installe Peace comme l'un des auteurs les plus originaux du néopolar anglais. Inspirée de l'affaire de l'éventreur du Yorkshire, qui défraya la chronique à la fin des années 1970 jusqu'au milieu des années 1980, cette suite à l'intrigue tortueuse et torturée, peuplée de criminels sexuels et de marginaux, de flics brutaux et corrompus, n'est pas sans rappeler le Quatuor de Los Angeles de James Ellroy, l'un des maîtres de Peace.
Mais l'ambiance de ces quatre romans, brumeuse, pluvieuse, désespérée et cold est bel et bien anglaise, d'une Angleterre thatchérienne, celle du Nord, de Leeds, de Manchester et Sheffield avec ses banlieues ouvrières, ses pubs, ses drames et ses laissés pour compte. Peace prolonge ainsi la lignée des grands romanciers noirs anglais contemporains tels que Robin Cook, Ted Lewis ou John Harvey. D'autre part, son style déréglé, obsessionnel, lyrique jusqu'à l'outrance et d'une cruauté parfois insoutenable, vont même jusqu'à rappeler un Sade ou un Lautréamont.
Peace signe ensuite GB 84, roman très politique sur les années Thatcher, ainsi que 44 jours, biographie romancée de Brian Clough, célèbre en Angleterre pour avoir été un grand buteur de la ligue britannique avant de devenir un manager de club aux idées bien arrêtées et au tempérament de feu. Là encore, Peace ne se défait jamais du style hachuré qui est maintenant sa marque de fabrique, pointant du doigt le climat de corruption qui régnait dans le foot anglais des années 1970.
Avec Tokyo année zéro, premier volume d'une trilogie annoncée sur le Japon de l'après-guerre, il revient au roman noir, et offre un portrait saisissant de la société japonaise d'après la débâcle, entre la reconstruction d'un pays totalement détruit, et le poids de la culpabilité pas encore assumée par ceux qui ont fait, et perdu cette guerre.
David Peace vit et travaille depuis de nombreuses années à Tokyo, où il est installé avec sa famille.