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Pamuk, Orhan (1952-....)

Biographie

Ferit Orhan Pamuk naît à Istanbul, le {{date}}, au sein d'un milieu aisé, cultivé et francophile mais sur le déclin, ce qu'il décrit dans ses romans Cevdet Bey et ses fils (Cevdet Bey ve Oğullar, 1982), Le Livre noir (Kara Kitap, 1990) et dans son autobiographie Istanbul, souvenirs d'une ville (İstanbul: Hatıralar ve Şehir, 2003). Son père est un intellectuel et un ingénieur civil, comme son oncle et son grand-père qui fut à l'origine de la fortune du clan. Le jeune Ferit grandit dans le quartier européen de Nişantaşı, dans l'immeuble familial portant le même nom. Bachelier du Robert College, Pamuk, passionné de peinture, étudie d'abord le dessin puis, durant trois années, l'architecture à l'École Polytechnique d’Istanbul avant de suivre une formation de journaliste dans une université stambouliote{{,}}. Une fois son diplôme obtenu, il s'enferme des journées entières dans l'appartement familial pour écrire. Il habite chez sa mère huit années (de 22 à 30 ans), alors qu'il rédige ses premiers textes et attend la réponse d'un éditeur. Il écrit tout d'abord des nouvelles dont l'une est publiée en 1979. Trois ans plus tard, il se marie avec Aylin Turegenen, une historienne avec laquelle il a une fille, Rüya (ce qui signifie « rêve » en turc), née en 1991. Le premier roman de Pamuk, Cevdet Bey et ses fils trouve difficilement un éditeur, mais rencontre des critiques favorables lors de sa parution en 1982 et se voit attribuer plusieurs prix littéraires en Turquie. Pendant que son épouse finit ses études à l'Université Columbia, l'auteur est invité à y être boursier. Il utilise le temps qui lui est imparti pour conduire ses recherches et écrire son roman Le Livre noir (Kara Kitap, 1990) dans la bibliothèque de l'université, la Butler Library.

Il passe trois années à New York, entre 1985 et 1988. Revenu à Istanbul avec son épouse, il s'installe dans un appartement surplombant le détroit du Bosphore et se consacre plus de dix heures par jour à écrire. Le couple se sépare en 2001. En 2006, Pamuk revient aux États-Unis occuper un poste de professeur à l'Université Columbia. Pendant l'année académique 2007-2008, il y enseigne la littérature comparée avec Andreas Huyssen et David Damrosch. Puis il devient écrivain résident au Bard College.

L'auteur se décrit comme une personne de culture musulmane, engagée au service des droits de l'homme, de la liberté d'expression et du dialogue entre les peuples et qui associe la religion à une identification culturelle et historique sans avoir toutefois de connexions personnelles avec Dieu.

Pamuk a effectué plusieurs autres longs séjours aux États-Unis en qualité d'auteur invité, notamment à l'Université de l'Iowa.

L'auteur est considéré comme contestataire dans son pays. Il a souvent dénoncé, dans ses ouvrages et ses articles, ce qu'il juge être les dérives actuelles de son pays (montée de l'islamisme, injustices sociales, manque de liberté d'expression) ce qui en fait l'ennemi du pouvoir politique, des conservateurs et des nationalistes. Il est le premier écrivain du monde musulman à condamner publiquement la fatwa islamique lancée contre Salman Rushdie en 1989. Il reconnaît également dans la presse en 2005 la culpabilité de la Turquie dans les massacres kurdes et le génocide arménien ce qui lui vaut des menaces de mort et une assignation à comparaître devant les tribunaux. Sous la pression internationale, les poursuites sont finalement abandonnées en 2006, année où il se voit décerner le prix Nobel de littérature.

Cette consécration est suivie par d'autres honneurs : en 2007, Pamuk est appelé à faire partie du jury du {{60e}} Festival de Cannes présidé par Stephen Frears et l'Université Columbia l'accueille pour une année afin d'y donner des cours en littérature comparée. En 2008, Pamuk soutient Milan Kundera, soupçonné d'avoir dénoncé l'un de ses concitoyens dans l'ex-Tchécoslovaquie. En parallèle, il publie avec cinq autres lauréats du prix Nobel (Mikhail Gorbatchev, Desmond Tutu, Dario Fo, Günter Grass et Rita Levi Montalcini) une tribune pour dénoncer le sort de Roberto Saviano, dont la tête est mise à prix par la mafia et en appeler à la responsabilité de l'État italien dans sa lutte contre le crime organisé. En 2010, il s'engage, en compagnie de Grass, pour la libération de l'auteur {{Lien}}. L'année suivante, il apporte son soutien à Pinar Selek, sociologue accusée d'être l'auteur d'un attentat contre l'État turc.

En 2013, il défend le mouvement protestataire turc et les manifestants de la place Taksim. La même année, il fait partie des signataires, en compagnie de plusieurs écrivains dont quatre autres prix Nobel (Günter Grass, Elfriede Jelinek, J.M. Coetzee et Tomas Tranströmer), d'un manifeste contre la société de surveillance et l'espionnage des citoyens orchestré par les États.

Prix Nobel et autres prix

Plusieurs de ses livres ont obtenu de prestigieuses récompenses, tant en Turquie qu'à l'international (voir plus bas la rubrique romans). L'ensemble de son œuvre a également été distingué à de nombreuses reprises.

Le jeudi {{Date}}, l'Académie suédoise annonce que le prix Nobel de littérature 2006 a été décerné à Orhan Pamuk {{citation}} tel que le précise le communiqué du secrétaire perpétuel de l'Académie.

En 1991, Pamuk remporte le prix de la Découverte européenne avec la traduction française de son roman La Maison du silence (Sessiz Ev), dont la première publication date de 1983. En France, il obtient le Prix du Meilleur livre étranger en 2002 pour Mon nom est rouge (Benim Adım Kırmızı,paru en Turquie en 2000), le prix Médicis étranger en 2005 pour Neige (Kar, 2002).

Le {{Date}}, à la Foire du livre de Francfort-sur-le-Main, le prestigieux Prix de la paix de l'Union des libraires allemands lui est attribué.

Le {{date}}, il reçoit le titre de « docteur honoris causa de la Freie Universität Berlin ». Il est alors considéré comme « un phénomène exceptionnel dans la littérature mondiale ». Pamuk doit cependant reporter son voyage en Allemagne à la suite des menaces de nationalistes turcs consécutives à l'assassinat de Hrant Dink.

Le {{date}}, il est fait « docteur honoris causa » de l'Université de Rouen.

Le {{date}}, il reçoit des mains de la ministre de la Culture française d'alors, Aurélie Filipetti, les insignes de Chevalier de la Légion d'honneur. En parallèle, il se voit décerner le {{Lien}}, la plus haute distinction culturelle du Danemark honorant un travail en faveur de la culture européenne.

Mise en examen et menaces

Au début 2005, Orhan Pamuk fait l’objet de menaces sérieuses contre sa vie après avoir admis l’existence du génocide arménien et la réalité du massacre des Kurdes par l'État turc lors d'une interview accordée à un journal suisse. Lors de cet entretien, il déclare qu'entre 1915 et 1917, « un million d'Arméniens et {{nombre}} ont été tués sur ces terres, mais personne d'autre que moi n'ose le dire ». Ces déclarations provoquent de vives réactions dans l'opinion publique turque et sont jugées contraires à l'intérêt national. Le sous-préfet de Sütçüler, région d’Isparta, ordonne la destruction de tous les livres de l'écrivain. Rien ne semble avoir été détruit, faute d’ouvrages présents dans les librairies et les bibliothèques de la région. Une chaîne de télévision locale lance même un appel pour retrouver une jeune étudiante ayant déclaré avoir en sa possession un livre de Pamuk.

En octobre 2005, il est mis en examen pour « insulte délibérée à l'identité turque » par la cour d'Istanbul, selon l'article 301 du code pénal. Il maintient cependant ses propos. Il déclare {{citation}}, en faisant allusion aux massacres d'Arméniens et de Kurdes. L'auteur aurait dû comparaître en justice le {{Date}}. Lors de l'audience préliminaire, il est frappé avec un dossier et des œufs sont lancés sur sa voiture. Il risque alors quatre ans de prison.

Ce procès soulève une vive contestation dans le monde, notamment de la part d'Amnesty International, des porte-paroles du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, du PEN club et de la Convention européenne des droits de l'homme.

En décembre 2005, huit grands écrivains : Gabriel García Márquez, José Saramago, Günter Grass, Umberto Eco, John Updike, Mario Vargas Llosa, Carlos Fuentes et Juan Goytisolo, réclament l'abandon immédiate des charges contre Pamuk et condamnent l'attitude des autorités turques.

Lors d'une conférence de presse, dans laquelle il fait part du soutien massif du monde de la culture dont il bénéficie, Pamuk plaide pour la liberté d'opinion et pour le respect des droits de l'homme en Turquie. Il a également « souhaité de tout cœur que la Turquie fasse partie de l'Union européenne ». Ce procès reporté au {{Date}} est symbolique d'une liberté d'expression sévèrement encadrée. Le commissaire européen à l'élargissement, Olli Rehn, avertit que « ce n'est pas Orhan Pamuk qui est jugé mais la Turquie ».

Les accusations sont finalement abandonnées le {{date}}.

Début février 2007, l'auteur aurait quitté la Turquie pour s'installer aux États-Unis après avoir renoncé à une importante tournée en Allemagne. À la suite de l'assassinat de Hrant Dink, il reçoit en effet de nombreuses nouvelles menaces de la part des milieux nationalistes turcs{{,}}.

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