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Agrégée de lettres modernes, Camille Laurens a enseigné à Rouen en Normandie, puis à partir de 1984 au Maroc, où elle a passé douze ans. Depuis septembre 2011, elle enseigne à l'Institut d'études politiques de Paris.
Dès son entrée en littérature, Laurence Ruel choisit le pseudonyme de Camille Laurens : {{citation bloc}}
Après Index, publié chez P.O.L., paraissent successivement : Romance (1992), Les Travaux d'Hercule (1994) et L'Avenir (1998). Ces quatre romans, bien qu'ils puissent se lire séparément, forment une tétralogie : en effet, leurs chapitres suivent l'ordre alphabétique, depuis Abri, qui ouvre Index jusqu'à Zygote, qui clôt L'Avenir, et tissent des motifs récurrents autour de la figure borgèsienne du labyrinthe. L'œuvre de Camille Laurens se distingue alors par sa fantaisie imaginative et « une réflexion constante autour du rapport entre la fiction et la réalité, l'illusion et la vérité. »
Entre le troisième et le quatrième volet, survient le drame personnel qu'elle a vécu en 1994 : la perte d'un enfant. Cette douleur sera à l'origine de Philippe (1995). Elle reviendra sur ce décès dans Cet absent-là.
Alors que Camille Laurens avait commencé son travail littéraire par la fiction, ce choc existentiel et l'écriture inhérente à son traitement littéraire l'ont conduite à un travail d'écriture dans lequel elle renonce, pour une part, à la fiction au sens classique, pour s'approcher de l'autofiction. Après 1996 elle entame donc une forme de travail introspectif sur le sujet humain, son rapport à lui-même et ses désirs. C'est ainsi qu'elle publie successivement : Dans ces bras-là, L'Amour, roman, Ni toi ni moi et Romance nerveuse.
En 2000, avec Dans ces bras-là, elle obtient le prix Femina et le prix Renaudot des lycéens.
En 2003, à la suite de la publication de L'Amour, roman, son mari l'assigne en justice pour atteinte à la vie privée. Il est débouté : « Camille Laurens n'a pas porté atteinte à la vie privée de son mari », a déclaré la vice-présidente du tribunal de grande instance de Paris le vendredi 4 avril 2003, mettant en avant que l'utilisation des vrais prénoms ne suffit pas « à ôter à cette œuvre le caractère fictif que confère à toute œuvre d’art sa dimension esthétique, certes nécessairement empruntée au vécu de l’auteur, mais également passée au prisme déformant de la mémoire et, en matière littéraire, de l’écriture » . En 2009, il publie Mosaïque de seuil, livre dans lequel il revient sur cette affaire. En septembre 2007, lors de la publication de Tom est mort de Marie Darrieussecq (elle aussi auteure de la maison P.O.L.) Camille Laurens, à travers un texte publié dans La Revue littéraire « Marie Darrieussecq ou le syndrome du coucou », accuse cette dernière de « plagiat psychique ». Elle fait référence à Philippe qui raconte la mort de son bébé dont Marie Darrieussecq se serait plus qu'inspirée pour rédiger son roman. Camille Laurens lui reproche en outre d'avoir rédigé un « livre sur le deuil » et non un « livre de deuil », singeant ainsi une expérience qu'elle n'a pas personnellement éprouvée. Marie Darrieussecq estime que cette polémique est un « ignoble concours de douleurs, et que, quel qu'en soit le sujet, un roman n'a pas à se légitimer d'une expérience vécue ». Elle est soutenue par leur éditeur commun POL, qui a choisi de ne plus publier Camille Laurens. Elle a répondu en affirmant qu'elle ne souhaitait plus de toute façon être publiée par POL.
Camille Laurens est revenue, en partie, sur cette polémique dans Romance nerveuse (Gallimard, 2010), sur un mode autofictif. Elle souligne par ailleurs la sur-médiatisation et la déformation de ses propos qui ont accompagné cette polémique.
Elle est traduite dans une trentaine de langues.
Parallèlement à son entreprise romanesque, Camille Laurens poursuit un travail littéraire qui se veut avant tout textuel, s’intéressant à « la matière vivante des textes ». C'est ainsi qu'elle publie d'abord Quelques-uns (1999), dont le titre est emprunté à Beckett : "Les mots ont été mes seules amours - quelques-uns". Puis elle rassemble dans Le grain des mots (2003) les textes de la chronique qu'elle a tenue pendant deux ans dans le journal L'Humanité. Enfin, Tissé par mille (2008) reprend l'ensemble des émissions qu'elle a produites sur France Culture entre janvier 2005 et juillet 2006. Dans ces trois ouvrages, l'auteure tente de déchiffrer, de manière souvent ludique, la part cachée des mots, ce qui se trame sous leurs sens. De sa chronique radiophonique naît aussi un CD, Tissé par mille, dans lequel le compositeur expérimental Philippe Mion mêle sa partition électro-acoustique à la voix de Camille Laurens, qui lit ses propres textes.
Elle participe, de manière sporadique, à de nombreuses revues telles La Licorne, Théodore Balmoral, Quai Voltaire, La Revue littéraire, La Faute à Rousseau ou encore Les Moments littéraires.
Elle a prêté sa voix pour un documentaire autobiographique réalisé par Paul Otchakovsky-Laurens : Sablé-sur-Sarthe, Sarthe, sorti en 2009.
En novembre 2010, elle participe au huitième meeting « Franchir la frontière », organisé par la maison des écrivains étrangers et des traducteurs.
En juin 2011, Léo Scheer publie, dans la collection « Écrivains d'aujourd'hui », Camille Laurens, premier ouvrage entièrement consacré à l'auteur, constitué d'un long entretien, de notes de lectures et d'articles, ainsi que de textes inédits.
En janvier 2012, elle participe au « Paris des femmes. Festival d'auteures de théâtre » qui propose à plusieurs écrivaines de rédiger une pièce de théâtre originale d'une durée de 30 minutes, sur un thème imposé et commun. Camille Laurens écrit Eurydice ou l'homme de dos, jouée à cette occasion au théâtre des Mathurins.
En avril 2012, elle coorganise avec Tom Bishop le premier colloque franco-américain sur l'autofiction à l'Université de New York (NYU), avec notamment Siri Hustvedt, Daniel Mendelsohn, Rick Moody, Serge Doubrovsky, Catherine Millet, Philippe Forest.
En mai 2012, elle participe aux Assises internationales du roman, organisées à Lyon et en région Rhône-Alpes.
En juin 2012, elle démissionne de la Maison des écrivains et de la littérature dont elle était l'une des vice-présidentes et, à ce titre, membre du conseil d'administration.
En septembre 2012, elle s'associe à une tribune publiée par Annie Ernaux dans Le Monde : « Le pamphlet fasciste de Richard Millet déshonore la littérature ».
En novembre 2012, elle participe au Forum Philo organisé par Le Monde au Mans sur le thème de l'amour
En septembre 2013, elle participe au colloque international "Re-thinking literature" ("Repenser la littérature") organisé par Tom Bishop et Donatien Grau à l'Université de New York (NYU)