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Goubert, Pierre (1915-2012)

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Biographie

Une origine modeste

Pierre Goubert naît dans la ville de Saumur en 1915, dans une famille d’artisans et de commerçants. Depuis plusieurs générations, sa famille a la profession habituelle de cultivateur, de journalier, ouvrier agricole, domestique de ferme. Comme le disait Pierre Goubert lui-même, sa famille venait de la modestie mais non pas de la misère et aucun ne fut illettré. Il va à l’école primaire publique des Récollets à Nantilly, suivie du cours complémentaire qui était l’enseignement parallèle à celui du collège. Il passe son certificat d’études à douze ans. Mais ses parents n’envisageaient pour lui rien d’autre qu’une mise en apprentissage dans un métier manuel ou un emploi de petit coursier, ce qui à l’époque le désolait déjà. Le directeur d’école primaire intervient auprès de sa mère pour le laisser continuer les études.

D'une école normale à l'autre

Pierre Goubert entre à l'École normale d'instituteurs d'Angers en 1931 où il se passionne pour la littérature. Il se définissait à l’époque plus littéraire qu’historien car l’histoire ne le passionne pas encore. Cependant l’étude des Lettres lui est interdite en raison de son ignorance du Latin et du Grec. Il choisit donc l’Histoire et la Géographie. Fréquemment indiscipliné et se manifestant par des protestations, notamment contre le chauvinisme français à propos de la Première guerre mondiale qui règne à cette époque en France, il est exclu de la PMS (Préparation Militaire Supérieure). Durant ses longues retenues dans la bibliothèque, il continue la lecture et commence à apprendre l’anglais.

Il intègre en 1935 l'École normale supérieure de Saint-Cloud qui forme, à cette époque, les professeurs d'École Normale. Il reçoit alors les cours de Marc Bloch, rencontre marquante qui le détermine à choisir l'histoire comme discipline de recherche. Il confie en 2000 que : {{citation}}. À la sortie de ce stage en 1937, Pierre Goubert enseigne cette dernière matière, ainsi que les Lettres, à l'École Normale de Périgueux.

Études supérieures

Mobilisé en 1939 au fort de Saint-Cyr comme instructeur météo, il fait la campagne de France dans la troupe - avec le grade de caporal -, échappe à la captivité et devient professeur de « collège moderne » au lycée de Pithiviers puis à Beauvais. Ces années de professorat sont aussi celles des études universitaires qu'il n'a pu faire plus tôt. N'étant pas bachelier - les élèves-instituteurs de l'époque devant obtenir le brevet supérieur - il est cependant autorisé, par dérogation, à préparer la licence qu'il passe, selon ses propres termes, « par morceaux » et réussit en 1948 l'agrégation d'histoire.

Il se lance, aussitôt après, dans la rédaction d'une thèse de doctorat d'État sur le Beauvaisis, région qu'il a retrouvée après un court séjour comme professeur au lycée Turgot. Il est alors aiguillonné par son premier maître, Augustin Renaudet, professeur d’histoire moderne à la Sorbonne et directeur de son DES.

Carrière universitaire

Membre du CNRS depuis 1951, Pierre Goubert est nommé en 1956 directeur d'études de l'EPHE (VI{{e}} section), puis deux ans plus tard, obtient un poste de professeur d'histoire moderne à l'Université de Rennes. Il était d’abord intéressé par l’histoire ancienne mais des connaissances en latin et grec lui font de nouveau défaut.

L’histoire moderne lui vient comme un écho de ses goûts littéraires, la littérature du {{XVIIe}} siècle étant celle qu’il préférait. Cette année 1958, il a 43 ans, est celle de la soutenance de sa thèse (qui sera publiée en 1960), Beauvais et le Beauvaisis de 1600 à 1730.

Ce travail marque une véritable étape historiographique car elle ouvre le chemin, aujourd'hui presque banal, des recherches de démographie historique inscrites dans un cadre régional. « Véritable jalon historiographique », s’appuyant avant tout sur des documents locaux de première main, l’historien privilégia le quantitatif et le « sériel ».

Pierre Goubert devient ensuite en 1965 Professeur dans la toute nouvelle Université de Paris X-Nanterre. Il s'y entoure de jeunes assistants de qualité comme Anne Zink ou François Billacois. Il contribua à y faire venir un autre grand historien moderniste : Robert Mandrou.

Nommé à la Sorbonne en 1969, Pierre Goubert présente des conférences dans le monde entier (en Europe mais aussi à Princeton, Montréal, Kingston, au Japon, en Côte d'Ivoire où il est invité en 1971 à assurer un enseignement d’histoire moderne au niveau de la licence à l’Université d’Abidjan, à Madagascar en 1979 où on lui demande également d’assurer un cours complet d’histoire moderne en six semaines au niveau de la Licence à l’Université malgache d’Antananarivo) et publie de nombreux ouvrages d'histoire moderne dont certains deviennent de véritables « best-sellers », phénomène nouveau dans l'édition historique universitaire. Son très célèbre Louis XIV et vingt millions de Français qu'il publie en 1966, sera réédité en poche en 1979. Cet ouvrage remarquable efface dans l'analyse le Roi-Soleil au profit des sans nom et des sans grade, approche réaliste du long règne de Louis XIV, bien éloignée de l'histoire classique. Il présente ensuite L'Ancien Régime, qui connait deux éditions (1969 et 1973) avant une large augmentation, en 1984, réalisée avec la collaboration de Daniel Roche, sous le titre Les Français et l'Ancien Régime. Bien qu'appartenant à l'École historique des Annales, abandonnant pour un temps ses habitudes d'histoire sociale, Pierre Goubert s'est aussi illustré dans le genre biographique, avec son Mazarin qui a été édité en 1990. Il explique lors d'un entretien en 2000, que dans son œuvre Mazarin, qu’il ne s’agit pas d’un réel changement de méthode d’écrire l’histoire. Dans cet ouvrage, il ne se concentre pas seulement sur la personne de Mazarin, mais aussi aux hommes d’affaires, ces financiers et d’autres.

Retraité en 1978 de la Sorbonne, au lendemain d’un deuil terrible, Pierre Goubert se disait fatigué d’un métier dont beaucoup d’aspects ne l’intéressaient plus, sauf ces séminaires où il était invité. Encouragé par ses enfants et son épouse, il se remet à écrire et à disserter de temps à autre. Son autobiographie en 1995 est le cinquième livre depuis qu’il a quitté la Sorbonne.

Hommage posthume

Le 5 mars 2012, le Conseil général de l’Oise, représenté par Georges Becquerelle, Alain Blanchard, Sylvie Houssin et Thibaud Viguier, a rendu hommage à l'historien décédé le {{date}}, en présence de ses enfants, Jean-Pierre et Annie, du dernier étudiant dont il a dirigé la thèse, Jean Duma, mais aussi de Jacques Bernet, Jean-Pierre Besse, Jean Cartier et Monique Demagny-Desgroux, qui l’ont fréquenté ou ont étudié ses travaux. À l'issue de la table ronde, animée par Claudine Cartier, une plaque donnant son nom à l'auditorium des Archives départementales a été dévoilée.

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