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Genevoix, Maurice (1890-1980)

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Biographie

Enfance

Descendant d'un ancêtre genevois catholique ayant fui la Genève calviniste vers 1550-1560 pour rejoindre la Creuse, et dont le patronyme prend alors un x final, Maurice Genevoix est issu d'une famille de médecins et pharmaciens par sa lignée paternelle.

Son père, Gabriel Genevoix, rencontre en 1889 Camille Balichon, fille d'un épicier en gros, à Châteauneuf-sur-Loire. Il naît en 1890 à Decize, dans la Nièvre, à {{unité}} en amont de Nevers.

Un an plus tard, ses parents migrent à Châteauneuf-sur-Loire pour reprendre une affaire familiale, un « magasin » réunissant une épicerie et une mercerie. Il puisera de cette période la plupart des souvenirs évoqués dans Trente mille jours et Au cadran de mon clocher. Il tiendra pour un privilège d'avoir passé son enfance dans une bourgade rurale d'avant 1914. Son frère René naît en 1893.

Alors qu'il n'a que douze ans, sa mère meurt le 14 mars 1903 d'une attaque d'éclampsie. De cette perte, il gardera une éternelle déchirure qui transparaîtra dans plusieurs romans, comme Fatou Cissé ou Un Jour. Le veuvage de son père le laisse esseulé. Il trouve cependant un réconfort sur les bords de la Loire où il passe son temps libre et où il puisera l'inspiration de ses futurs écrits (Rémi des rauches, la Boîte à pêche, Agnès, la Loire et les garçons).

Études

Reçu premier du canton au certificat d’études, il entre interne au lycée Pothier à Orléans. Il découvre alors « l’encasernement, la discipline, les sinistres et interminables promenades surveillées. » Il retracera cette période de sa vie dans l’Aventure est en nous. Puis il entre pensionnaire au lycée Lakanal à Sceaux, où il est khagneux durant trois années (1908-1911). Il est admis à l’École normale supérieure de la rue d'Ulm. Il effectue une des deux années de service militaire, comme le permettait alors le statut particulier des jeunes Français admis aux grandes écoles. Il est affecté à Bordeaux, au {{144e}} Régiment d’infanterie. Il entre ensuite à l’École normale supérieure et, deux ans plus tard, présente son diplôme de fin d'études supérieures sur « le réalisme dans les romans de Maupassant ». C’est à cette période qu’il envisage une carrière littéraire. Mais ce seront les encouragements de Paul Dupuy l’incitant à écrire son témoignage de guerre qui l’emporteront sur l’orientation du jeune Genevoix.

Il est alors cacique de sa promotion. Il lui reste à accomplir une dernière année d’études universitaires pour se présenter à l’agrégation et aborder une carrière universitaire. Il pense alors à se faire nommer comme lecteur dans une université étrangère pour connaître des formes de cultures originales, mais également afin de disposer de temps pour écrire.

La guerre

Il est mobilisé lors de la Première Guerre mondiale, le {{date}}, et sert comme sous-lieutenant dans le {{106e}} régiment d’infanterie, dans la 8e compagnie jusqu'en octobre 1914, puis dans le 7e compagnie depuis novembre 1914. Sa division, la {{12e}} DI, appartient à la {{IIIe}} armée commandée par le général Ruffey. Il participe à la bataille de la Marne et à la marche sur Verdun.

Le {{date}}, la {{24e}} brigade d'infanterie ({{106e}} et {{132e}} RI) est chargée de reprendre la crête des Éparges. Du 17 février au {{date}} de violents combats se succèdent jusqu'à la prise définitive de la majeure partie de la crête par les troupes françaises.

Les combats se poursuivront sans que les Allemands ne puissent reprendre la crête. Le {{date}}, Maurice Genevoix (Lieutenant commandant la {{5e}} compagnie du {{106e}} RI depuis le {{date}}) est grièvement blessé dans des combats à Rupt-en-Woëvre près de la colline des Éparges. Son meilleur ami dans cette guerre, un Saint-Cyrien, le lieutenant Robert Porchon (1894-1915), avait été tué quelques semaines plus tôt. La lettre du docteur Lagarrigue, adressée à Maurice Genevoix le {{date}}, témoigne de la gravité de ses blessures : {{citation bloc}}

'Je suis tombé un genou à terre. Dur et sec, un choc a heurté mon bras gauche. Il saigne à flots saccadés. Je voudrais me lever, je ne peux pas. Mon bras tressaute au choc d'une deuxième balle et saigne par un trou. Mon genou pèse sur le sol comme si mon corps était en plomb. Ma tête s'incline et sous mes yeux un lambeau d’étoffe saute au choc mat d'une troisième balle. Je vois sur ma poitrine un profond sillon de chair rouge.'

Il est soigné sept mois durant, conduit d'un hôpital à l'autre : Verdun, Vittel, Dijon, puis Bourges. Il doit peut-être en partie sa survie à sa remarquable condition physique. Les blessures reçues au bras et au flanc gauche le marquèrent pour le restant de sa vie. Il est réformé à 70 % d'invalidité et perd l'usage de la main gauche.

Il retourne alors à Paris où il assure un service bénévole à la Father's Children Association, logeant à l'École normale. Le nouveau directeur de l'école, Gustave Lanson, lui propose de reprendre ses études afin de présenter l'agrégation. Maurice Genevoix refuse afin d'entreprendre la rédaction de son témoignage de guerre.

La rencontre des Vernelles

Gravement atteint de la grippe espagnole en 1919, il retourne chez son père dans le Val de Loire, retrouvant le village de son enfance. Après avoir été écrivain de guerre, il entreprend la peinture du pays de Loire.

En 1927, tirant parti du prix Goncourt décerné pour Raboliot (1925), il rachète une vieille masure au bord de la Loire à Saint-Denis-de-l'Hôtel, au hameau des Vernelles « une vieille maison, rêveuse, pleine de mémoire et souriant à ses secrets. » Il y passe un premier été avec le chat Rroû, période dont il tirera un roman du même nom. Après la mort de son père en juillet 1928, il s'y installe en 1929, pour un premier séjour de vingt ans. C'est dans cette maison, dans un bureau donnant sur la Loire, qu'il écrira la plupart de ses livres.

Le 25 août 1937, il épouse Yvonne Louise Montrosier, médecin originaire d'un village proche de Saint-Affrique, qui mourra l'année suivante. Il apprend la déclaration de guerre française alors qu'il est en voyage au Canada. De juin 1940 à début 1943, il quitte les Vernelles, en zone occupée, pour s'installer en Aveyron, chez ses beaux-parents. Il y écrit Sanglar (rebaptisé plus tard La Motte rouge), un épisode romanesque des guerres de religion, dont l'épigraphe d'un moine de Millau évoque à mi-mot l'Occupation : « c'était un temps fort calamiteux et misérable ». Il épouse le 27 février 1943 Suzanne Neyrolles (1911-2012), veuve, déjà mère d'une fille prénommée Françoise, puis rejoint les Vernelles, qu'il retrouve saccagées. En 1944 naît sa fille, Sylvie.

L’Académie française

Il est élu sans concurrent à l’Académie française le {{date}}, le même jour qu’Étienne Gilson, puis reçu le {{date}} par André Chaumeix au fauteuil de Joseph de Pesquidoux. Il s’était porté candidat plus tôt la même année au fauteuil de Louis Gillet mais s'était retiré devant Paul Claudel. Quatre ans plus tard, il s’installe à Paris, ville qu’il apprend à aimer, dans un appartement de l’Institut, quai Conti.

Il devient secrétaire perpétuel de l’Académie française en {{date}}, succédant à Georges Lecomte. De 1958 à 1963, il rédige personnellement le discours d'attribution à chaque lauréat des grands prix de littérature, du roman, de poésie, ou d’histoire (prix Gobert). Sous son impulsion, l’Académie française affirme sa présence et sa compétence au sein du Haut Comité de la langue française, créé en 1966, et du Conseil international de la langue française. Sous son autorité, ont été créées les commissions ministérielles de terminologie qui proposaient des équivalents aux termes anglais proliférant dans les vocabulaires scientifiques et techniques. Les propositions étaient soumises à l'Académie des sciences et à l'Académie française avant d'être officialisées par arrêté ministériel (le premier arrêté ministériel date de 1972).

Il démissionne du poste de secrétaire perpétuel de l’Académie en janvier 1974, ce qu’aucun secrétaire perpétuel n'avait plus fait avant lui ni depuis Raynouard en 1826. À quatre-vingt-trois ans, il pense en effet qu’il a encore d'autres livres à écrire, devant pour cela se démettre de ses fonctions. D’aucuns verront dans cette démission l’expression de son goût pour la liberté.

La retraite aux Vernelles

Maurice Genevoix quitte alors Paris pour retrouver Les Vernelles qu'il considère comme son port d'attache. Devenu octogénaire, il écrit régulièrement et publie Un Jour (1976), puis Lorelei (1978) et Trente mille jours (1980). À l'âge de 89 ans, il nourrit encore un projet de roman, traitant du passage de l'enfance à l'adolescence, avec l'intention de mettre en épigraphe une citation de Victor Hugo : {{citation}} Il conserve jusqu'à sa mort ses facultés intellectuelles.

Il succombe d'une crise cardiaque le {{date}}, alors qu'il est en vacances dans sa maison d'Alsudia-Cansades, près de Jávea (province d'Alicante) en Espagne. Sur sa table d'écrivain, il laisse inachevé son projet de roman intitulé Vent de mars, de même qu'un autre projet, Nouvelles espagnoles. Il est enterré au cimetière de Passy à Paris.

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