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Paul Éluard est né à Saint-Denis, au 46 boulevard Châteaudun (actuellement Jules Guesde), le 14 décembre 1895 à 11 heures du matin. Son père, Clément Eugène Grindel, est comptable lorsque naît son fils mais ouvre, peu après 1900, un bureau d'agence immobilière. Sa mère, Jeanne-Marie Cousin, est couturière. Éluard fréquente l'école communale de Saint-Denis, celle d'Aulnay-sous-Bois. Vers 1908, la famille s'installe à Paris, rue Louis-Blanc, il entre comme boursier à l'école supérieure Colbert. Il obtient en 1912 son brevet et en juillet part se reposer, sa santé apparaissant fragile, avec sa mère, à Glion, en Suisse. Une grave crise hémoptysique l'oblige à prolonger son séjour et il est alors contraint, à l'âge de seize ans, d'interrompre ses études, car il est atteint de tuberculose. Il reste hospitalisé jusqu'en février 1914 au sanatorium de Clavadel, près de Davos. Il y rencontre une jeune russe de son âge en exil Helena Diakonova qu'il surnomme Gala. La forte personnalité, l'impétuosité, l'esprit de décision, la culture de la jeune fille impressionnent le jeune Éluard qui prend avec elle son premier élan de poésie amoureuse, un élan qui se prolongera dans tous ses écrits. Elle dessine son profil, et il ajoute à la main : {{Citation}}. Ils lisent ensemble les poèmes de Gérard de Nerval, Charles Baudelaire, Lautréamont et Guillaume Apollinaire.
Mobilisé en 1914, il part sur le front comme infirmier militaire avant d’être éloigné des combats en raison d’une bronchite aiguë. Cette expérience de la guerre et de ses champs de bataille le traumatise et lui inspire Poèmes pour la Paix (publiés en 1918).
Devenu majeur le 14 décembre 1916, il épouse Gala dès le 21 février suivant.
Le 11 mai 1918, il écrit à l'un de ses amis : {{Citation}}.
En 1918, lorsque la victoire est proclamée, Paul Éluard allie la plénitude de son amour à une profonde remise en question du monde : c'est le mouvement Dada qui va commencer cette remise en question, dans l'absurdité, la folie, la drôlerie et le non-sens. C'est ensuite le surréalisme qui lui donnera son contenu. Juste avant les surréalistes, les dadaïstes font scandale. Éluard, ami intime d'André Breton, est de toutes les manifestations dada. Il fonde sa propre revue Proverbe dans laquelle il se montre, comme Jean Paulhan, obsédé par les problèmes du langage. Tous deux veulent bien contester les notions de beau / laid, mais refusent de remettre en question le langage lui-même. En 1920, Éluard est le seul du groupe à affirmer que le langage peut être un « but », alors que les autres le considèrent surtout comme un {{Citation}}. Maison de Paul Éluard à Eaubonne, où il habite à partir de 1923. En 1922, il promet à André Breton de {{Citation}} et de ne plus rien produire. Le 24 mars 1924, il embarque à Marseille pour un voyage autour du monde. Le lendemain, paraît le recueil Mourir de ne pas mourir qui porte en exergue {{Citation}}. Il est de retour à Paris au début du mois d'octobre comme si de rien n'était. Breton en dit : {{Citation}}. Tout naturellement, il participe au pamphlet Un cadavre écrit par les surréalistes en réaction aux funérailles nationales faites à l'écrivain Anatole France.
Toute la vie d'Éluard se confond à présent avec celle du mouvement surréaliste. C'est cependant lui qui échappe le mieux à la réputation de violence et qui est le mieux accepté comme écrivain par la critique traditionnelle. Éluard se plie à la règle surréaliste résumée par cette phrase du Comte de Lautréamont : {{Citation}}. Avec Benjamin Péret, il écrit 152 proverbes mis au goût du jour. Avec André Breton, L'Immaculée Conception. Avec Breton et René Char, Ralentir travaux.
Dès 1925, il soutient la révolte des Marocains et en janvier 1927, il adhère au parti communiste français, avec Louis Aragon, Breton, Benjamin Péret et Pierre Unik. Ils s’en justifient dans le tract collectif, Au grand jour.
C'est aussi l'époque où il publie deux recueils essentiels : Capitale de la douleur (1926) et L'Amour la poésie (1929).
En 1928, malade, il repart dans un sanatorium avec Gala, où ils passeront leur dernier hiver ensemble. C'est à ce moment que Gala, qui était ouvertement la maîtresse de Max Ernst rencontre Salvador Dalí et quitte le poète pour le peintre. Paul Éluard dit à Gala : {{Citation}} Peu après, il fait la connaissance de Maria Benz, une artiste de music-hall d'origine Alsacienne surnommée "Nusch" avec qui il se mariera en 1934.
Les années 1931-1935 comptent parmi les plus heureuses de sa vie. Marié avec Nusch en 1934, il voit en elle l'incarnation même de la femme, compagne et complice, sensuelle et fière, sensible et fidèle. En 1931, il s'insurge contre l'Exposition coloniale organisée à Paris et signe un tract où est écrit : {{Citation}}.
Exclu du parti communiste, il continue sa lutte pour la révolution, pour toutes les révolutions.
Ambassadeur du surréalisme, il voyage dans toute l'Europe soumise à des régimes fascisants. En mars 1935, avec André Breton, il est en Tchécoslovaquie, une des rares démocraties européennes, où la capitale Prague, les accueille avec chaleur. L'organe du parti communiste hongrois les présente comme deux poètes, les plus grands de la France contemporaine. En Espagne en 1936, il apprend le soulèvement franquiste, contre lequel il s'insurge violemment. L'année suivante, le bombardement de Guernica lui inspire le poème Victoire de Guernica. Pendant ces deux années terribles pour l'Espagne, Éluard et Picasso ne se quittent guère. Le poète dit au peintre : {{Citation}}. Des désaccords politiques mais aussi littéraires (refus de l’écriture automatique) conduisent à la rupture entre Éluard et le groupe surréaliste organisé autour d'André Breton en 1938.
Mobilisé dès septembre 1939 dans l'intendance, il s'installe avec Nusch à Paris après l'armistice (22 juin 1940). En janvier 1942, il s'installe chez des amis, Christian et Yvonne Zervos, près de Vézelay à proximité des maquis. Éluard demande sa réinscription, clandestine, au parti communiste. Les vingt et une strophes de Liberté, publiés dans le premier numéro de la revue Choix, sont parachutées par les avions anglais à des milliers d'exemplaires au-dessus de la France (ce poème est mis en musique par Francis Poulenc dès 1944).
En 1943, avec Pierre Seghers et Jean Lescure, il rassemble les textes de nombreux poètes résistants et publie un livre controversé intitulé L'Honneur des poètes. Face à l'oppression, les poètes chantent en chœur l'espoir, la liberté. C'est la première anthologie d'Éluard où il montre sa volonté d'ouverture et de rassemblement. En novembre 1943, Éluard se réfugie à l'hôpital psychiatrique de Saint-Alban dirigé par le docteur Lucien Bonnafé où se cachaient de nombreux juifs et résistants. À la Libération, il est fêté avec Louis Aragon comme le grand poète de la Résistance.
Avec Nusch, il multiplie tournées et conférences. Mais le 28 novembre 1946, pendant un séjour en Suisse, il reçoit un appel téléphonique lui apprenant la mort subite de Nusch, d'une hémorragie cérébrale. Terrassé, il écrit : {{Vers}}
Un couple d'amis intimes, Jacqueline et Alain Trutat (pour qui il écrit Corps Mémorable), lui redonnent peu à peu le « dur désir de durer ». Son recueil De l'horizon d'un homme à l'horizon de tous retrace ce cheminement qui mène Éluard de la souffrance à l'espoir retrouvé.
La bataille de Grèce n'est pas terminée, et son amour et sa lutte avec Nusch se poursuit au-delà de la mort : {{Vers}}
Charenton]], où il est mort. En avril 1948, Paul Éluard et Picasso sont invités à participer au Congrès pour la paix à Wrocław (Pologne). En juin, Éluard publie des Poèmes politiques préfacés par Louis Aragon. L'année suivante, au mois d'avril, c'est en tant que délégué du Conseil mondial de la paix, qu'Éluard participe aux travaux du congrès qui se tient à la salle Pleyel à Paris. Au mois de juin, il passe quelques jours auprès des partisans grecs retranchés sur les monts Gramos face aux soldats du gouvernement grec. Puis il se rend à Budapest pour assister aux fêtes commémoratives du centenaire de la mort du poète Sándor Petőfi. Il y rencontre Pablo Neruda. En septembre, il est à Mexico pour un nouveau congrès de la paix. Il rencontre Dominique Lemort avec qui il rentre en France. Ils se marieront en 1951. Éluard publie cette même année le recueil Le Phénix entièrement consacré à la joie retrouvée.
En 1950, avec Dominique, il se rend à Prague pour une exposition consacrée à Vladimir Maïakovski, à Sofia en tant que délégué de l'association France-URSS et à Moscou pour les cérémonies du {{1er}} mai. Tombe au Père-Lachaise En février 1952, il est à Genève pour une conférence sur le thème La Poésie de circonstance. Le 25 février, il représente {{Citation}} à Moscou pour commémorer le cent cinquantième anniversaire de la naissance de Victor Hugo.
Le 18 novembre 1952 à neuf heures du matin, Paul Éluard succombe à une crise cardiaque à son domicile, 52 avenue de Gravelle à Charenton-le-Pont. Les obsèques ont lieu le 22 novembre au cimetière du Père-Lachaise où il est inhumé. Le gouvernement refuse les funérailles nationales.
L'écrivain Robert Sabatier déclare : {{Citation}}.