Pierre Boulle est né à Avignon, le 20 février 1912. Son père, un avocat excentrique, écrit sur le théâtre dans un journal, avant d’épouser la fille du directeur de ce journal, Thérèse. Pierre a une grande complicité avec son père : tous deux adorent la littérature, les livres, la chasse et les jeux ; même la Première Guerre mondiale ne trouble pas son enfance. Boulle passe ainsi une enfance tranquille avec ses parents et deux sœurs, Suzanne et Madeleine. Vers la fin de la guerre, en 1918, il entre dans les petites classes au lycée d’Avignon.
Son père meurt d’une maladie du cœur en 1926 : le jeune Pierre, âgé de 14 ans, est malgré lui projeté dans le monde adulte. Son but désormais est de devenir ingénieur avec une formation (Supélec) pour aider sa mère. À 24 ans, Boulle se retrouve dans une plantation d’hévéas de Malaisie, à 50 kilomètres de Kuala Lumpur. Pendant trois ans, il travaille comme un forcené, loin de l’Europe. Son expérience servira de trame à son roman Le Sacrilège malais.
En 1941, Boulle est toujours en Asie du Sud-Est lorsque la Seconde Guerre mondiale fait rage, et la France est occupée. Il décide alors de rejoindre le mouvement gaulliste, dont un représentant, François Girot de Langlade, ancien planteur comme lui, se trouve dans la base militaire britannique de Singapour. Boulle devient officier de liaison (sous-lieutenant) du commandant Baron. Après un entraînement spécial et muni d’un faux passeport anglais, sous l’identité de Peter John Rule, il part en mission en Indochine contre les Japonais, alliés des Allemands, pour tenter de fomenter des révoltes, en faisant sauter les ponts. Cependant, dès son arrivée, en 1942, il est capturé par des militaires français fidèles à Vichy. Considéré comme un traître, il est condamné aux travaux forcés à perpétuité. Deux ans plus tard, il parvient à s’évader de Saïgon, et rejoint la Force 136 du SOE (un service spécial britannique), à Calcutta. Il contera ces aventures dans un livre peu connu, Aux Sources de la Rivière Kwaï.
Après la guerre, lorsqu’il retrouve sa patrie libérée, le général de Gaulle lui remet plusieurs médailles pour ses exploits. Aussitôt, il se cherche : que faire après avoir vécu tant d’aventures ? Un jour, sur un coup de tête, il décide de vendre tout ce qu’il possède, puis s’installe dans un petit hôtel à Paris pour écrire. « Cette décision de devenir écrivain », dira-t-il plus tard, « je l’ai prise en une heure, une nuit d’insomnie où les lucioles dansaient ».
L’aventurier est désormais un écrivain célèbre. Il habite chez sa sœur Madeleine devenue veuve, et s’occupe comme un père de sa petite nièce Françoise, à laquelle il racontait tous ses romans avant de les écrire. Resté un célibataire endurci, Boulle écrit tous les jours ; de 1950 à 1992, il publie un livre presque chaque année, dont deux romans qui sont publiés dans le monde entier et sont considérés comme des classiques : un roman d'aventures publié en 1952, Le Pont de la rivière Kwai – en partie inspiré des souvenirs de Boulle lorsque celui-ci a vécu dans en Asie du Sud-Est avant et pendant la Seconde Guerre mondiale, ainsi que de témoignages qu’il a pu recueillir –, et un autre de science-fiction en 1963, La Planète des singes, le plus célèbre de ses romans, traduit dans plusieurs langues, et qui a notamment fait l’objet de nombreuses adaptations cinématographiques, dont la première en 1968, réalisée par Franklin J. Schaffner, avec Charlton Heston dans le rôle principal, et une autre en 2001, réalisée par Tim Burton, ainsi qu’une préquelle en 2011, intitulée La Planète des singes : Les Origines, réalisée par Rupert Wyatt, et sa suite en 2014, La Planète des singes : L’Affrontement, réalisée par Matt Reeves.
Pierre Boulle a vécu ainsi jusqu’à la fin de ses jours, partageant son temps entre Paris et une maison de campagne à Autry-le-Châtel dans le Loiret. À écrire des livres où il se plaisait par-dessus tout à construire la rencontre entre deux choses : « le simple et l’étrange ». Pierre Boulle décède le {{date-}}. Son urne funéraire est placée dans la case 40598 du columbarium du cimetière du Père-Lachaise. En novembre 2002, ses cendres ont été déposées dans le caveau familial au cimetière Saint-Véran à Avignon.