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Bazin, Hervé (1911-1996)

Biographie

Hervé Bazin est né au sein d'une famille aisée. Son père, Jacques Hervé-Bazin, est docteur en droit, avocat de profession, et enseigne durant plusieurs années à l'université catholique d'Hanoï, en Indochine. Sa mère, Paule Guilloteaux, est la fille de Jean Guilloteaux, député puis sénateur du Morbihan. Sa grand-mère paternelle, Marie Bazin, est la sœur du romancier et académicien René Bazin.

Il passe son enfance à Marans, dans la propriété du Patis, où il s'oppose à sa mère qui était une femme autoritaire et sèche. Il fugue plusieurs fois pendant son adolescence et refuse de passer les examens à la faculté catholique de droit d'Angers qu'on lui a imposée et, l'année de ses vingt ans, il rompt avec sa famille, et part étudier à la faculté de lettres de la Sorbonne (il emprunte la voiture de son père, a un accident, dont il sort amnésique, ce qui le condamne à une longue hospitalisation). Malgré les souvenirs douloureux de son enfance, il reste toute sa vie très attaché à sa région natale où il situe bon nombre de ses romans.

En parallèle à ses études, il exerce de nombreux petits métiers et écrit de la poésie, une première quinzaine d'années, sans éclats. À noter tout de même la création d'une revue poétique en 1946, La Coquille (huit volumes seulement), et l'obtention du prix Apollinaire pour Jour, son premier recueil de poèmes, suivi dÀ la poursuite d'Iris en 1948.

Sur le conseil de Paul Valéry, il se détourne de la poésie pour se consacrer à la prose.

Les rapports conflictuels qu'il a eus avec sa mère pendant son enfance lui inspirent le roman Vipère au poing en 1948. Y est narrée la relation de haine entre Folcoche (contraction de « folle » et « cochonne »), mère sèche et cruelle constamment à la recherche de nouveaux moyens de brimade (par exemple, l'histoire de la fourchette) et ses enfants. Le narrateur est Jean Rezeau, surnommé Brasse-Bouillon. Maurice Nadeau apprécie ces « Atrides en gilet de flanelle », selon l'expression d'Hervé Bazin. Ce roman connaît un immense succès après-guerre et est suivi de nombreux autres qui décrivent, avec un certain naturalisme et un art du portrait psychologique, les mœurs de son époque. D'autres romans ont comme héros les personnages de Vipère au poing : La Mort du petit cheval et Cri de la chouette.

En 1949, il s'engage dans le Mouvement de la paix, un mouvement d'extrême gauche qu'il rejoint pour s'opposer à sa famille qui est de la droite bourgeoise et conservatrice.

En 1950, il participe, avec d’autres écrivains comme Marcelle Auclair, Jacques Audiberti, Émile Danoën, Maurice Druon et André Maurois, au numéro de la revue La Nouvelle équipe française de Lucie Faure, intitulé « L’Amour est à réinventer ».

En 1954, il veut témoigner, à la suite de son expérience personnelle, de l'état déplorable des établissements psychiatriques (qui pour lui n'avaient pas changé depuis ses démêlés familiaux de 1940), et entreprend un tour de France de ces hôpitaux (entre autres l'hospice Pasteur à Poitiers), accompagné du photographe Jean-Philippe Charbonnier, enquête qui sera publiée dans la revue Réalités de janvier 1955.

En 1957, il obtient le grand prix de littérature de Monaco.

De 1959 à 1960, Hervé Bazin réside à Anetz dans la maison de l'Emeronce avec une vue imprenable sur la Loire et la rive opposée située en Anjou. C'est en ce lieu qu'il écrira son roman Au nom du fils.

Membre de l'Académie Goncourt en 1960, il est élu au couvert de Francis Carco. Il en devient président en 1973. Jorge Semprún lui succède, tandis que la présidence est confiée à François Nourissier.

En 1970, il publie Les Bienheureux de La Désolation, récit racontant l'histoire vraie des 264 habitants de l'Île Tristan da Cunha, aussi nommée « île de la Désolation », rapatriés en Angleterre à la suite de l'éruption du volcan en 1961. Le roman relate le choc des cultures qui attendait les habitants de Tristan à leur arrivée en Angleterre.

Hervé Bazin vit à Mont-Saint-Aignan de 1984 à 1992. Il passe les dernières années de sa vie à Cunault sur les bords de la Loire. Il est incinéré comme il l'avait souhaité et ses cendres sont dispersées sur la Maine. Une pierre tombale, portant son nom et les années 1911-1996, est visible au cimetière de Cunault.

Hervé Bazin est considéré comme « un romancier de la famille », thème central de tous ses romans. Sa vision de la famille traditionnelle y est toutefois très négative et destructrice, conformément à ses idées personnelles. Il a écrit également des nouvelles et des essais, comme Ce que je crois en 1977.

Politiquement, Hervé Bazin a appartenu au Mouvement de la Paix, en relation avec le parti communiste dont il était proche. Il a d'ailleurs soutenu en France les époux Rosenberg durant leur procès. Il obtint le prix Lénine de littérature en 1980, ce qui fit dire plaisamment à Roger Peyrefitte : « Hervé Bazin avait deux prix qui faisaient pendant : le prix Lénine de la Paix et le prix de l'humour noir ».

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