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Baker, Joséphine (1906-1975)

Contents


Biographie

Années de jeunesse

Arrivée de Joséphine Baker à la Haye en 1928.

Freda Josephine McDonald naît dans le Missouri de Carrie McDonald (orthographiée aussi Mac Donald), danseuse métisse noire et amérindienne, et probablement d'Eddie Carson, musicien de rue itinérant avec des origines espagnoles. Artistes, ses parents ont monté ensemble un numéro de chant et de danse mais Eddie abandonne sa famille en 1907. Carrie McDonald se remarie avec un ouvrier, Arthur Martin, dont Joséphine prend le nom. La jeune métisse passe une partie de son enfance à alterner l'école et les travaux domestiques pour des gens aisés chez qui sa mère l'envoie travailler. À cette époque, Joséphine n'a d'autre choix que de contribuer, par son salaire, à faire vivre la fratrie dont elle est l'aînée ; la famille est très pauvre et s'est agrandie : Carrie et Arthur ont eu trois enfants - Richard, Margaret et Willie Mae, qu'il faut nourrir. Joséphine quitte l'école en février 1920 pour se marier, comme le mentionnent les registres de l'établissement public qu'elle fréquente à St-Louis. L'heureux élu est Willie Wells, lui et Joséphine, alors âgée de 13 ans, vivent dans la maison des Martin.

Les débuts au music hall

Artiste de rue

Après la fin de son premier mariage, en 1920, Joséphine Baker, qui danse depuis qu'elle est toute petite, rejoint un trio d'artistes de rue appelé le Jones Family Band, qui est ensuite intégré dans la troupe itinérante des Dixie Steppers. C'est au moment où leur tournée s'arrête à Philadelphie que Joséphine fait la rencontre de Willie Baker, qu'elle épouse en 1921 et avec qui elle s'installe. Pour gagner sa vie, elle danse au Standard Theater, où elle gagne {{unité}} par semaine.

Danseuse à Broadway

Mais Joséphine Baker voit grand, et l'envie de danser à Broadway la pousse, âgée d'à peine 16 ans, à quitter son second mari pour aller tenter sa chance à New York. Une fois sur place, elle met peu de temps à se présenter au Music Hall de Broadway, sur la {{63e}} rue. Là, elle essuie plusieurs refus de la part du directeur avant d'enfin se voir offrir un rôle sommaire. Elle joint donc la troupe de la comédie musicale Shuffle Along, un spectacle populaire à la distribution entièrement noire. Au bout de deux ans de tournée, elle change d’allégeance et s'associe aux Chocolate Dandies, qu'elle quitte à leur tour pour entrer au Plantation Club, où elle fait la rencontre de Caroline Dudley Reagan. Cette mondaine, épouse de l'attaché commercial de l'ambassade américaine à Paris Donald J. Reagan, voit en Joséphine Baker un grand potentiel. Elle lui offre donc un salaire de {{unité}} par semaine si celle-ci accepte de la suivre en France, où Reagan veut monter un spectacle dont Joséphine Baker sera la vedette et qui fera d'elle une star : la Revue nègre. Joséphine Baker dans La Revue des Revues en 1927 (photo de Walery).

Le choix de la France

En costume burlesque en 1927 (photo de Walery). Le 25 septembre 1925, le Berengaria, bateau sur lequel Joséphine Baker a effectué la traversée, arrive au port de Cherbourg. Le temps de se rendre à Paris et, très vite, les répétitions commencent. Le {{Date}}, elle passe en première partie dans la Revue nègre au Théâtre des Champs-Élysées. Vêtue d'un simple pagne de bananes, elle danse sur un rythme de charleston — musique alors encore inconnue en Europe — l'interprétation d'un tableau baptisé La Danse sauvage. Le scandale fait rapidement place à l'engouement général. Elle devient l'égérie des cubistes qui vénèrent son style et ses formes, et suscite l'enthousiasme des Parisiens pour le jazz et les musiques noires. À cette époque, elle rencontre Georges Simenon, engagé comme secrétaire.

La revue nègre

charleston]] aux Folies Bergère à Paris lors de la Revue nègre en 1926 (photo de Walery). Le succès réservé à Joséphine Baker, la Revue nègre s'inscrit dans la {{Citation}} des Français des Années folles, {{Citation}}, selon Sophie Jacotot. Il est cependant juste d'affirmer que ce personnage de la sauvageonne, aussi réducteur soit-il, a permis de faire de Joséphine Baker la pionnière de ce qui est qualifié par certains comme une Renaissance Nègre basée sur un mélange de jazz, de dadaïsme, d'art nègre et de cubisme.

En 1926, elle rencontre un ancien tailleur de pierre originaire de Sicile, souvent qualifié de « gigolo », Giuseppe Abatino avec qui elle commence une liaison qui durera jusqu'en 1936. Pendant cette période, il sera son impresario, son manager, son mentor. Leur relation correspond à la période de l'ascension de Joséphine Baker. Après une tournée en Europe, Joséphine Baker mène la revue des Folies Bergère de 1927 accompagnée d'un léopard, dont l'humeur fantasque terrorise l'orchestre et fait frémir le public et cette même année, la jeune star se lance dans la chanson et suivant les conseils de Giuseppe elle participe au film La Sirène des tropiques. Avec Josephine, Giuseppe ouvre le club « Chez Joséphine » et organise la tournée mondiale de la chanteuse en 1928.

J'ai deux amours

Henri Varna, directeur du Casino de Paris, l'engage pour mener la revue de la saison 1930-1931 et lui achète un guépard, nommé Chiquita. En 1931, elle remporte un succès inoubliable avec la chanson J'ai deux amours composée par Vincent Scotto. Quelques rôles lui sont proposés au cinéma par des cinéastes, tel Marc Allégret. Elle tourne ensuite dans deux films qui lui sont consacrés et dont Abatino écrit le scénario : Zouzou et Princesse Tam Tam mais ceux-ci ne rencontrent pas le succès espéré. Sur les planches du music-hall, en revanche, elle rassemble un plus large public en chantant et en dansant même le tango Voluptuosa de José Padilla.

Sa tournée de 1936 aux États-Unis ne rencontre pas non plus la réussite escomptée. L'Amérique est sceptique et certains lui reprochent de parler parfois en français, ou en anglais avec un accent français. Pepito et Joséphine Baker se séparent après l'échec de ces Ziegfeld Follies. Elle rentre en France et acquiert la nationalité française en 1937 en épousant un Français, Jean Lion alors que Giuseppe Abatino meurt d'un cancer à l'automne 1936.

Au service de la France libre

Dès le début de la Seconde Guerre mondiale, en {{date}}, Joséphine Baker devient un agent du contre-espionnage, traité par Jacques Abtey (chef du contre-espionnage militaire à Paris). À cet effet, elle fréquente la haute société parisienne, puis se mobilise pour la Croix-Rouge{{,}}. Après la bataille de France, elle s'engage le {{date}} dans les services secrets de la France libre, toujours via le commandant Abtey, qui reste son officier traitant jusqu'à la Libération, en France puis en Afrique du Nord où elle est sous la protection de Si Ahmed Belbachir Haskouri, chef du cabinet khalifien du Maroc espagnol{{,}}. Installée au Maroc entre 1941 et 1944, elle soutient les troupes américaines et coloniales et se lance dans une longue tournée en jeep, de Marrakech au Caire, puis au Moyen-Orient, de Beyrouth à Damas, y glanant toutes les informations qu'elle peut auprès des officiels qu'elle rencontre.

Elle s'acquitte durant la guerre de missions importantes, et reste connue pour avoir utilisé ses partitions musicales pour dissimuler des messages. Engagée ensuite dans les forces féminines de l'armée de l'air, elle débarque à Marseille en {{date}}. À la Libération, elle poursuit ses activités pour la Croix-Rouge, et chante pour les soldats et résistants près du front, suivant avec ses musiciens la progression de la {{1re}} armée française. Ses activités durant la guerre lui vaudront la Médaille de la résistance après les hostilités, et quelques années plus tard les insignes de chevalier de la Légion d'honneur et la croix de guerre 1939-1945 avec palme des mains du général Martial Valin. L'ensemble de son action en tant que résistante au service de la France libre est détaillé dans un ouvrage intitulé Joséphine Baker contre Hitler.

Le rêve d'une fraternité universelle

En 1951. Le plus grand malheur de sa vie a été de ne pas pouvoir avoir d'enfant. Après une grossesse où Joséphine Baker accouche d'un enfant mort-né, elle contracte une grave infection post-partum et doit subir une hystérectomie à Casablanca en 1941.

Avec Jo Bouillon, qu'elle épouse en 1947, elle achète le domaine des Milandes en Dordogne. Elle y accueille douze enfants de toutes origines qu'elle a adoptés et qu'elle appelle sa « tribu arc-en-ciel »{{,}}. Dans ce domaine où elle emploie un personnel nombreux, elle engloutit toute sa fortune et multiplie les concerts pour poursuivre son œuvre.

La cause des afro-américains

Elle retourne aux États-Unis en 1947 et 1951 pour tenter de renouer avec le succès. Elle y est victime de la ségrégation raciale, notamment lors de l'incident du {{Lien}} le 16 octobre 1951 : accusant le journaliste présent Walter Winchell de ne pas l'avoir défendu, ce dernier agacé, décide de briser sa réputation, la traitant de communiste, d'ennemie du peuple noir. En 1955, elle amplifie en Europe la vague d'indignation soulevée par le meurtre (dans le comté de Tallahatchie, Mississippi, États-Unis) du jeune afro-américain Emmet Till, suivi de l'acquittement des deux assassins, puis de leurs aveux cyniques après le jugement, une fois assurés de l'impunité. Joséphine Baker est initiée, le 6 mars 1960, au sein de la loge maçonnique « La Nouvelle Jérusalem » de la Grande Loge féminine de France. En 1964, Joséphine retourne aux États-Unis pour soutenir le mouvement des droits civiques du Pasteur Martin Luther King. {{interprétation personnelle}}{{refins}}. Elle participe en effet en 1963 à la Marche vers Washington pour le travail et la liberté organisée par Martin Luther King. À cette époque, elle est engagée depuis un moment dans l'action de la LICA qui deviendra la LICRA en 1979.

Les années difficiles

En juin 1964, Joséphine Baker lance un appel pour sauver sa propriété de Dordogne où vivent ses enfants. Émue et bouleversée par sa détresse, Brigitte Bardot participe immédiatement au sauvetage et lui envoie un chèque important.

Alors que Joséphine Baker est pratiquement ruinée, la princesse Grace de Monaco, amie de la chanteuse d'origine américaine et artiste comme elle, lui offre alors un logement à Roquebrune pour le reste de sa vie et l'invite à Monaco pour des spectacles de charité. Joséphine Baker remonte sur la scène parisienne de l'Olympia, en 1968, puis à Belgrade en 1973, au Carnegie Hall en 1973, au Royal Variety Performance, au Palladium de Londres en 1974. À Paris, elle est au Gala du cirque en 1974, et, le 24 mars 1975, elle inaugure une rétrospective de sa carrière, Joséphine à Bobino, dont le Prince Rainier III et la Princesse Grace figurent parmi les mécènes. Elle retrouve son appartement parisien le 9 avril 1975 alors que le rideau vient de tomber devant une salle enthousiaste. Le lendemain matin, 10 avril, Joséphine Baker, victime d'une attaque cérébrale, est transportée dans un coma profond à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière où elle meurt, le 12 avril, à 69 ans. Elle reçoit les honneurs militaires, et, après des funérailles catholiques le {{date}} à l'église de la Madeleine, à Paris, elle est enterrée au cimetière de Monaco{{,}}{{,}}{{,}}{{,}}.

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