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Resnais, Alain (1922-2014)

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Biographie

Apprentissage

Alain-Pierre-Marie-Jean-Georges Resnais naît en 1922 à Vannes. Issu d'une famille cultivée (son père, Pierre, pharmacien de profession, fut également maire de Treffléan de 1934 à 1962), il est sensibilisé très tôt à toutes les formes d'art. À cause d'un asthme bronchique il fait au début ses études scolaires en privé à la maison. Plus tard il effectuera des études préparatoires au lycée St.François-Xavier de Vannes. À 12 ans, il se voit offrir une caméra Kodak {{unité}} avec laquelle il tourne des courts métrages amateurs dont une adaptation de Fantômas. Outre le cinéma, il se passionne pour la photographie, la peinture, la bande dessinée et la littérature, affectionnant particulièrement les œuvres de Jean Ray, Marcel Proust, Aldous Huxley et André Breton.

Il désire d'abord être acteur et déménage à Paris en 1939. Il devient l'assistant de Georges Pitoëff au Théâtre des Mathurins, fréquente le Cours Simon et est notamment figurant dans Les Visiteurs du soir. Il n'a pas le bac et travaille comme stagiaire dans une librairie quand la monteuse Myriam Borsoutsky lui conseille de passer le concours de l'IDHEC. Lors de l'examen oral il a pour examinateurs l'écrivain Alexandre Arnoux à qui il voue une grande admiration et le critique Jean Mitry avec qui il parle longuement du cinéma muet et du cinéma allemand. Il est admis à l'IDHEC en 1943 dans la section montage{{,}}. En 1946, en Allemagne, il participe au Théâtre aux Armées sous la direction d'André Voisin. La même année, il est assistant-réalisateur sur le long métrage documentaire Paris 1900 {{Note}} .

Sa carrière de réalisateur professionnel commence avec Van Gogh, en 1948, un court métrage documentaire produit par Pierre Braunberger, récompensé à la Biennale de Venise et aux Oscars. Il tourne ensuite plusieurs documentaires durant une dizaine d'années. Les thèmes abordés sont très variés : la guerre d'Espagne vue par Picasso dans le court métrage Guernica en 1950, ou l'usine Pechiney. Le Prix Pulitzer de la cinématographie lui est décerné le {{date}}.

Les courts métrages de Resnais impressionnent la critique. Par exemple, après la projection du Chant du styrène au Festival de Tours 1958, Jean-Luc Godard, alors critique de cinéma dans l'hebdomadaire Arts, est enthousiaste. Il y voit un film {{citation}}.

Contemporain de la Nouvelle Vague, Alain Resnais est rapidement apparenté au groupe de la « Rive gauche », très engagé, dont font partie Chris Marker avec lequel il co-réalise le film anticolonialiste Les Statues meurent aussi (Prix Jean-Vigo 1954) et Agnès Varda dont il monte La Pointe-Courte, le premier long métrage{{,}}.

En 1956, il obtient à nouveau le Prix Jean-Vigo pour Nuit et brouillard, produit par Anatole Dauman et devenu depuis, grâce à Henri Michel, qui en avait pris l'initiative et en était le conseiller historique, un film de référence sur les camps d'extermination.

Longs métrages

Resnais réalise son premier long métrage de fiction, Ouvert pour cause d'inventaire, film qui ne sortira pas en salles et serait aujourd'hui perdu, avec Danièle Delorme dans le rôle principal et une équipe bénévole Il le décrit en 2006 comme un film {{Citation}}

En 1959, il met en scène son deuxième film de fiction, financé par Dauman et écrit par Marguerite Duras : Hiroshima mon amour. Le film est présenté hors compétition au Festival de Cannes 1959 et divise d'emblée les spectateurs. Dès la fin de la projection, le président du jury, Marcel Achard, s'exclame tout haut : {{citation}} tandis qu'un autre juré, Max Favalelli, lui rétorque : {{citation}}. Le film a un retentissement mondial : il est apprécié à la fois par la critique et le public. Selon Louis Malle, « ce film fait faire un bond dans l'histoire du cinéma ». Godard déclare plus tard être jaloux du film : {{citation}}.

Pierre Arditi a tourné neuf films avec Alain Resnais depuis Mon oncle d'Amérique (1979) jusqu'à Vous n'avez encore rien vu (2012).

Lambert Wilson est devenu un acteur régulier d'Alain Resnais (quatre films) depuis son rôle dans On connaît la chanson (1997).

L'œuvre déconstruit les concepts classiques du récit cinématographique et expose, de manière novatrice, la problématique de la mémoire et du temps perdu. Elle évoque également les traumatismes de la Seconde Guerre mondiale. Avec 2,2 millions d'entrées en France, elle est un immense succès. Hiroshima obtient d'ailleurs, en 1959, le Prix Méliès ex æquo avec un autre film qui, comme lui, connaît un succès fulgurant et devient immédiatement un classique du cinéma : Les Quatre Cents Coups de François Truffaut.

Deux ans plus tard, Resnais fait de nouveau sensation avec L'Année dernière à Marienbad, cinéroman créé en compagnie d'Alain Robbe-Grillet. Le réalisateur opte pour le noir et blanc et le décor intérieur d'un château hors du temps où déambulent des personnages fantomatiques. Il commence à affirmer un style teinté de surréalisme et de distanciation brechtienne. Son désir d'élaborer une forme expérimentale y est aussi réaffirmé. Si une partie de la critique vante sa puissance créatrice, une autre lui reproche son abstraction, son hermétisme et son manque de profondeur politique dans une période qui ne l'est pas (les années 1960). Néanmoins, on retrouve souvent, dans les films de Resnais, un engagement social et politique et un goût de l'histoire récente (le colonialisme, la guerre d'Algérie etc.). En 1960, il est par ailleurs l'un des signataires du Manifeste des 121 et Hiroshima prenait la bombe atomique et la Collaboration en toile de fond. L'Année dernière à Marienbad, qui révèle l'actrice Delphine Seyrig, est un grand succès : le public est encore au rendez-vous et le film réalise 880000 entrées en France.

Le schéma de réception critique reste, à quelques exceptions près, le même pour chaque film : si l'œuvre du cinéaste fascine, elle en irrite certains. Michel Mourlet, par exemple, dénonce le fait que, {{citation}}. Il y voit un {{citation}}. À propos de L'Année dernière à Marienbad et dHiroshima mon amour, il écrit : {{citation}}

Muriel, ou le Temps d'un retour (1963), scénarisé par Jean Cayrol, traite de la torture pendant la guerre d'Algérie. Le film rassemble moins de spectateurs que les précédents (430000 entrées).

La Guerre est finie (1966), écrit par Jorge Semprún, raconte l'histoire d'un militant communiste interprété par Yves Montand, évoluant dans un réseau républicain, sur fond de Guerre d'Espagne et d'anti-franquisme.

En 1967, il participe au film collectif Loin du Vietnam, coordonné par son ami Chris Marker en solidarité avec le peuple vietnamien. Plutôt que de filmer des images documentaires réalisées sur les lieux du conflit ou aux États-Unis, Alain Resnais préfère capter les réflexions d'un intellectuel parisien, interprété par Bernard Fresson, sur cette guerre et son caractère éminemment médiatique. Ce projet, profondément politique, n'attire pas un public nombreux (60000 entrées en France).

En 1968 avec Je t'aime, je t'aime, écrit par Jacques Sternberg, Alain Resnais réalise un film d'une grande modernité sur le plan de la construction et de la mise en image d'une temporalité éclatée.

Stavisky, en 1974, revient sur l'un des plus gros scandales financiers de la Troisième République. Optant pour un cinéma plus commercial et choisissant une vedette populaire (Jean-Paul Belmondo), le réalisateur prolonge néanmoins ses recherches plastiques et sa réflexion sur l'histoire. Le film rassemble un million de spectateurs en salles.

En 1977, Alain Resnais décrit le processus de la création littéraire dans Providence, d'après le scénario du dramaturge britannique David Mercer. Mêlant délire, fantasme et réalité prosaïque, Providence, film hommage à H.P. Lovecraft est interprété, en anglais, par des comédiens anglo-saxons (Dirk Bogarde, Ellen Burstyn et David Warner). Il brosse le portrait d'un écrivain vieillissant tirant le fil de sa vie et de ses personnages comme des marionnettes. Le film se conçoit comme une mise en abyme du récit et un questionnement dense sur la création artistique. Il réalise 650000 entrées en France.

Avec Mon oncle d'Amérique, écrit par Jean Gruault, Resnais met de manière didactique en application, à travers le parcours de trois personnages issus de milieux sociaux différents, les thèses anthropologiques du scientifique Henri Laborit. Celles-ci sont exposées, de manière ponctuelle, face caméra. Le film remporte un grand succès public avec 1,3 millions d'entrées en France.

À partir des années 1980, le cinéaste s'entoure pour La Vie est un roman, L'Amour à mort et Mélo, d'un nouveau trio d'acteurs qui ne le quitte plus : Sabine Azéma, Pierre Arditi et André Dussollier. Ces trois films sont également interprétés par Fanny Ardant. Si la première de ces trois réalisations explore différentes temporalités par le prisme d'un lieu unique (un château devenu école), les deux autres marquent une rupture par le choix d'une structure linéaire, mais aussi par leur tonalité intimiste et sépulcrale. Elles rencontrent un succès mitigé : La Vie est un roman attire 300000 spectateurs en France, L'Amour à mort 350000 et Mélo 550000.

Produit par Marin Karmitz, I Want to Go Home, qui rend hommage à l'univers de la bande dessinée et dont le scénario est signé de l'auteur américain Jules Feiffer, reste le plus gros échec commercial du réalisateur : le film totalise, en 1989, 40878 entrées.

Sabine Azéma est à la fois la compagne et l'actrice d'Alain Resnais depuis La vie est un roman.

Dans les années 1990, Alain Resnais s'ouvre à de nouvelles collaborations, avec le duo de scénaristes-acteurs Jean-Pierre Bacri et Agnès Jaoui puis touche un plus large public, développant l'aspect ludique de son cinéma.

En 1993, il revisite le théâtre avec une adaptation de huit pièces d'Alan Ayckbourn (Intimate Exchanges) : Smoking / No Smoking, diptyque sur les possibles de l'existence dans lequel Sabine Azéma et Pierre Arditi jouent neuf rôles. Les films réalisent respectivement 400000 et 350000 entrées en France{{,}}.

André Dussollier remporte, en 1998, le César du meilleur acteur pour son rôle dans On connaît la chanson. Au total, il a joué dans six films du réalisateur.

Il s'essaie à la comédie musicale avec On connaît la chanson en 1997, qui fait intervenir, dans des dialogues issus de situations quotidiennes, le répertoire de la chanson populaire. Contrairement aux comédies musicales classiques, les acteurs ne chantent pas et ce sont les interprétations originales des chansons qui sont synchronisées sur leurs lèvres. Ce principe a déjà été expérimenté à la télévision anglaise par Dennis Potter (1935-1994) auquel Alain Resnais rend hommage dans le générique. À la différence de Potter, le cinéaste n'introduit que des extraits de chansons, et jamais l'intégralité des titres. De plus, il ne fait pas danser ses personnages lors des plages musicales. Écrit par le tandem Jaoui / Bacri, le scénario prend pour thèmes la dépression et les faux-semblants. Il s'apparente au théâtre de boulevard et l'humour repose sur une série de quiproquos et de malentendus. Le film est un immense succès public et le plus important de son réalisateur avec 2,6 millions d'entrées en France. Il est également exporté à l'étranger et totalise 3,3 millions d'entrées dans l'ensemble de l'Union européenne. Ce film est par ailleurs l'un des plus grands succès critiques du cinéaste.

En 2003, Resnais s'attaque à l'opérette avec Pas sur la bouche. Le ton enjoué et grivois s'y veut proche des films burlesques et du vaudeville. Avec 640000 entrées, le film est un succès public.

En 2006, Cœurs dépeint la solitude de personnes égarées dans un Paris onirique, enneigé et tragi-comique. Le film est un succès avec 540000 entrées enregistrées en France.

Les Herbes folles (2009), tiré d'un roman de Christian Gailly, est une histoire d'amour démentielle qui se situe ouvertement du côté de la fantaisie dramatico-bouffonne. Bien que déroutant et touffu, le film, qui divise la critique, trouve son public et totalise 460000 entrées.

En 2012, Resnais sort Vous n'avez encore rien vu qui narre la convocation post mortem, par un auteur dramatique, de sa troupe d'acteurs fétiches dans une villégiature du sud de la France où elle sera amenée à juger la captation de sa pièce de théâtre Euridyce que lui a envoyée une troupe de théâtre qui lui demande l'autorisation de la monter. Le titre du film est un hommage à l'acteur Al Jolson qui avait créé, en 1919, une chanson intitulée « Vous n'avez encore rien entendu », et qui réutilise l'expression You ain't heard nothin' yet dans Le Chanteur de jazz (1927), premier long métrage partiellement parlant de l'histoire du cinéma. L'idée du scénario vient du producteur Jean-Louis Livi qui a suggéré à Resnais de faire un film à partir dEurydice. La réalisation s'inspire également d'une autre pièce de Jean Anouilh intitulée Cher Antoine ou l'Amour raté. À côté des acteurs fétiches de Resnais, on trouve aussi des acteurs habitués des films de Bruno Podalydès (Bruno et Denis Podalydès, Jean-Noël Brouté, Michel Vuillermoz) ou issus de l'univers d'Arnaud Desplechin (Mathieu Amalric, Hippolyte Girardot, Anne Consigny). Le succès en salles est moins important que pour ses films précédents (155000 entrées en France). Le film provoque d'ailleurs des réactions contrastées au sein de la critique.

Son ultime réalisation, Aimer, boire et chanter, dans laquelle il dirige deux nouvelles interprètes, Sandrine Kiberlain et Alba Gaïa Bellugi, en plus de sa troupe (Caroline Silhol, elle, avait joué dans La vie est un roman), sort quelques semaines après son décès, le {{date}}. Le film, conçu comme un vaudeville énergique, mélancolique et novateur, réunit 312186 spectateurs en salles.

Alain Resnais {{citation}} a indiqué le producteur Jean-Louis Livi à la suite de l'annonce de sa disparition.

L'équipe du film Vous n'avez encore rien vu au festival de Cannes 2012.

Décès

Hospitalisé depuis plus d'une semaine, il décède le samedi {{Date}} à Paris à l'âge de 91 ans. Ses obsèques ont lieu le lundi {{Date}} à Paris, à l'église Saint-Vincent-de-Paul, en présence de nombreuses personnalités du spectacle parmi lesquelles plusieurs de ses acteurs fétiches. Il est inhumé le même jour au cimetière du Montparnasse à Paris. À l'annonce de sa disparition, nombre d'artistes évoquent leurs souvenirs du cinéaste. De nombreux hommages, dont ceux du président de la République François Hollande et de la ministre de la Culture Aurélie Filipetti, lui sont rendus. À l'UGC Normandie, sur les Champs-Élysées à Paris, l'avant-première officielle de son dernier film Aimer, boire et chanter, le jour-même de ses obsèques, se double d'un rassemblement en sa mémoire auquel assistent François Hollande et Aurélie Filipetti{{,}}.

En mai 2014, peu après l'hommage rendu au cinéaste par Lambert Wilson lors de la Cérémonie d'ouverture du {{67e}} Festival de Cannes, le Carrosse d'or de la Quinzaine des réalisateurs lui est remis à titre posthume pour l'ensemble de son œuvre.

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