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Gandhi, Mohandas Karamchand (1869-1948)

Contents


Biographie

Jeunesse en Inde (1869-1888)

Gandhi, 13 ans, l'année de son mariage, en photo avec son camarade de classe Sheikh Mehtab (à droite) à Rajkot.

Mohandas Karamchand Gandhi est né le 2 octobre 1869 à Porbandar, dans l'actuel État du Gujarat, en Inde. Gandhi est né et a vécu toute sa vie en tant qu'hindou, mais dans une famille ouverte aux autres communautés religieuses, qu'elles soient jaïne, musulmane, ou parsie.

Il fait preuve de beaucoup d'attachement et de respect pour ses parents. Son père, Karamchand Gandhi, est employé du tribunal du Rajasthan, puis Premier ministre de la petite principauté de Rajkot, ainsi que l'étaient les Gandhi depuis six générations. Gandhi le décrit comme un homme qui, malgré une éducation limitée, est capable de résoudre les problèmes grâce à son expérience. Sa mère, Poutlibai, est la quatrième et dernière femme de son père, dont elle a quatre enfants, Gandhi étant le plus jeune d'entre eux. Il garde surtout d'elle le souvenir d'une femme d'une grande piété, observant de manière stricte ses vœux religieux, notamment le jeûne, et les rites vishnouites. Ainsi, Gandhi naît dans une famille jointe hindoue aisée. Même si son père, qui portait des bijoux d'or, put par exemple offrir à son dernier fils un accordéon, la tradition voulait que la maison des Gandhi abrite plusieurs familles nucléaires de même souche. Cela dit, sa famille, issue de la caste des vaishyas (marchands), n'appartient pas aux castes supérieures des brahmanes (lettrés, religieux) et des kshatriyas (guerriers), supériorité qui est d'ordre sacré et cosmique, et non économique.

Gandhi est selon ses propres termes un élève médiocre à l'école primaire de Porbandar, devenu ensuite studieux quoique très timide et sensible au collège à Rajkot.

En mai 1883, à l'âge de 13 ans, Gandhi est marié par ses parents à Kasturba Makhanji (aussi épelé « Kasturbai » ou connue comme « Ba »), qui a le même âge. Ils auront quatre fils : Harilal Gandhi, né en 1888 ; Manilal Gandhi, né en 1892 ; Ramdas Gandhi, né en 1897 et Devdas Gandhi, né en 1900. À la suite de ce mariage, ses études sont retardées d'une année mais étant bon élève, on l'autorise à sauter une classe, ce qui ne sera pas sans lui poser des problèmes dans sa scolarité.

Son père, malade depuis longtemps et qu'il vénère, meurt alors que Gandhi a 16 ans. Il restera marqué par le fait qu'il n'ait pu assister à ses derniers instants parce qu'il passait la nuit avec sa femme. Gandhi pensera toute sa vie que c'est à cause de ce qu'il considérait comme un manque de piété filiale que le bébé qu'ils eurent peu après ne survécut que quelques jours.

Gandhi forge pendant cette partie de sa vie des aspects très importants de son éthique et de sa personnalité tels que l'honnêteté, la tolérance, le respect de ses aînés, le végétarisme et surtout le rejet du mensonge et la recherche de la vérité.

Il passe l'examen d'entrée à l'université de Samaldas située à Bhavanaga au Gujarat en 1887 mais est complètement dépassé par des exigences qui lui semblent hors de portée.

Études en Angleterre (1888-1891)

Gandhi étudiant à Londres

Sur le conseil d'un vieil ami de la famille, il décide de partir faire des études de droit en Angleterre, une opportunité qui le remplit d'enthousiasme. Il promet à sa mère en présence de Becharji Svâmi, un moine jaïn et autre conseiller de la famille, de suivre les préceptes hindous et « de ne toucher ni au vin, ni à la femme, ni à la viande ». Sa caste s'oppose à son départ, considérant que la vie dans ce pays ne peut aboutir qu'à une perte de la foi. Gandhi, mettant en avant le vœu fait à sa mère et soutenu par sa famille, décide de partir malgré tout et est condamné à être hors caste par le chef de sa communauté.

Gandhi entre donc à l'University College de Londres le 4 septembre 1888 à l'âge de 18 ans pour devenir avocat. Il tente dans une certaine mesure de s'adapter aux coutumes anglaises, en s'habillant comme un gentleman et en prenant des cours de danse, mais il se refuse à manger de la viande chez ses hôtes. Il fréquente par la suite les restaurants végétariens londoniens. Au lieu de s'en tenir simplement à la promesse faite à sa mère, il va au-delà en s'intéressant à la diététique et plus particulièrement au végétarisme. Il rejoint la Vegetarian Society et devient membre du comité exécutif pendant un temps. Gandhi déclara plus tard que cela lui donna une première expérience de l'organisation d'une institution.

Certains des végétariens qu'il rencontre sont membres de la société théosophique, fondée en 1875 et dévouée à l'étude des littératures bouddhistes et brahmaniques dans l'espoir de renforcer la fraternité universelle{{sfn}}.

Grâce à eux, Gandhi étudie plus attentivement la Bhagavad-Gîtâ, qui le marque profondément, notamment à travers l'idée que le désir est source d'agitation de l'esprit et de souffrance. À cette occasion, il rencontre en 1890 Madame Blavatsky et Annie Besant (dont l'adhésion à la société théosophique vient de susciter la polémique). Invité à les rejoindre, il décline, par humilité, considérant comme il l'écrit dans son autobiographie, « qu'il ne connaît pas assez bien sa propre religion pour appartenir à un mouvement spirituel »{{sfn}}. Il développe dès lors un intérêt pour la religion, qui ne se limite pas à l'hindouisme mais s'étend également aux autres religions comme le Jaïnisme, le bouddhisme, l'islam et le christianisme, dont il retient entre autres l'incitation à réagir par la non-violence; « si quelqu'un vous frappe sur la joue droite, présentez-lui la joue gauche ».

Retour en Inde (1891-1893)

Rédacteur juridique

Il reprend le bateau pour l'Inde le 12 juin 1891, deux jours après avoir été facilement admis au barreau d'Angleterre et du pays de Galles. Il a en revanche beaucoup plus de mal à exercer son métier : ses études sont restées théoriques ; il n'a encore aucune connaissance du droit indien et sa timidité fait qu'il éprouve des difficultés à s'exprimer en public. Il tente d'abord de s'installer à Bombay où il est admis au barreau mais doit renoncer au bout de six mois, faute de rentrées d'argent suffisantes.

Gandhi retourne ensuite à Râjkot travailler auprès de son frère, avocat lui aussi. Il y rédige des requêtes et des mémoires en profitant de la clientèle de son frère.

Premier conflit avec l'autorité britannique

À cette époque se produit un incident qu'on connaît par l'Autobiographie de Gandhi et qui jouera un rôle décisif dans sa vie. Son frère Laxmidas, qui avait été secrétaire et conseiller du chef de l'État princier de Porbandar, est accusé, selon les termes de Gandhi, d'avoir donné au prince un « mauvais conseil ». Selon le petit-fils de Gandhi, on reprochait à Laxmidas d'avoir fermé les yeux sur un vol de bijoux de la couronne commis par l'héritier du trône, encore mineur. Selon une autre source, Laxmidas Gandhi était accusé d'avoir lui-même suggéré ce vol. L'affaire était instruite par l'agent politique du Raj au Kathiawar, {{Lien}}, un fonctionnaire britannique que Mohandas avait rencontré à Londres et qui s'était montré aimable avec lui. Laxmidas, qui professe que seule l'influence compte au Kathiawar, demande à Mohandas d'intervenir en sa faveur auprès d'Ollivant. Mohandas objecte que Laxmidas a des moyens légaux de défense, mais il cède à contrecœur à l'insistance de son frère et se fait recevoir par Ollivant, tout en étant conscient de n'y avoir aucun droit. Il rappelle à Ollivant leur rencontre à Londres et parle en faveur de son frère. Ollivant montre très vite qu'il n'apprécie pas cette démarche : « Votre frère est un intrigant. Je ne souhaite pas vous écouter plus avant. Je n'ai pas le temps. Si votre frère a quelque chose à dire, qu'il fasse une demande par la voie appropriée. » Dans son autobiographie, Gandhi reconnaît que cette réponse était peut-être méritée « mais l'attachement à nos intérêts nous rend aveugles. Je continuai à parler. » Ollivant dit à Gandhi qu'il doit maintenant s'en aller. Gandhi demande à être écouté jusqu'au bout et Ollivant le fait expulser par son domestique. Gandhi, « pleurant et fumant de rage » selon ses propres termes, envoie une lettre à Ollivant, exigeant des excuses sous peine de poursuites. Ollivant répond que Gandhi avait été impoli et que le domestique, en le poussant dehors par les épaules après l'avoir vainement invité à sortir, n'a pas abusé de la force. Il ajoute que Gandhi peut procéder contre lui s'il le désire. Gandhi demande l'avis d'un juriste indien réputé, qui estime que « l'avocat au sang chaud débarqué d'Angleterre » n'aurait pas gain de cause en justice et lui déconseille d'engager des poursuites.

Dans son autobiographie, Gandhi reconnaît qu'il était en faute, mais il soutient que la réaction impatiente d'Ollivant était excessive et que celui-ci était intoxiqué par le pouvoir. Pour le petit-fils de Gandhi, la conduite d'Ollivant est de l'arrogance raciale : « Le choc s'avéra toutefois salutaire. Gandhi avait été confronté à une forme d'arrogance raciale qu'il n'avait jamais connue durant ses trois années passées en Angleterre (...) son renvoi par Ollivant avait déclenché un processus qui conduirait, cinquante ans plus tard, à la campagne Quit India. »

N. Sanghavi, en revanche, estime que la conduite d'Ollivant était pleinement justifiée et il reproche à Gandhi de n'avoir jamais reconnu que tous les torts étaient de son côté.

Désir de fuir l'Inde

Exercer le métier d'avocat au Kathiawar aurait demandé à Gandhi de saluer Ollivant après l'avoir vainement menacé de poursuites judiciaires, idée que Gandhi trouvait insupportable.

De plus, il est écœuré par le climat de lutte pour le pouvoir qui règne autour de lui et par l'obligation de devoir s'attirer les bonnes faveurs de la hiérarchie, indienne ou britannique. Non seulement sa querelle avec le « sahib » Ollivant le détourne d'une carrière d'avocat au Kathiawar, mais il se heurte à un fonctionnaire indien qui surclasse le sahib en arrogance.

Il saute donc sur l'occasion lorsqu'une société indienne lui propose un contrat d'un an au plus en Afrique du Sud. Il voit là l'occasion à la fois de quitter l'Inde, de voyager et d'acquérir de l'expérience, et s'embarque donc pour l'Afrique en avril 1893.

Gandhi en Afrique du Sud (1893-1915)

Gandhi en Afrique du Sud (1895)

À cette période de sa vie, Gandhi est un individu doux, timide et politiquement indifférent. Il lit son premier journal à 18 ans, ne dispose en droit que d'une culture livresque, dont il ignore les aspects commerciaux intéressant les milieux commerçants indiens qui formeront sa principale clientèle. Sans facilités particulières dans l'exercice de sa profession, il est sujet au trac lorsqu'il doit parler au tribunal. L'Afrique du Sud le change de manière spectaculaire, d'une part en lui donnant, par sa réussite professionnelle, l'assurance qui lui manquait jusque-là, d'autre part en éveillant sa conscience politique par les témoignages de discrimination envers les Noirs et les Indiens auxquelles il sera confronté dans ce pays.

Diverses anecdotes, rapportées d'abord par Gandhi au titre d'« expériences de vérité », peuvent expliquer l'évolution du positionnement de Gandhi à cette période de sa vie.

L'incident du turban

Le journal The Natal Mercury rapporte le 26 mai 1893 que la veille, un Indien est entré dans le palais de justice et a pris place dans la partie du tribunal réservée aux avocats. « Il est entré dans le tribunal sans ôter son couvre-chef ni saluer (salaaming) et le magistrat l'a regardé avec désapprobation. On demanda courtoisement au nouvel arrivant quelles étaient ses occupations et il répondit qu'il était un avocat anglais. Il ne chercha pas à présenter ses références et quand il retourna au banc des avocats, on lui dit calmement que la façon correcte de procéder, avant d'occuper sa position au barreau, était de se faire admettre par la Cour suprême. » Gandhi répond immédiatement à cet article que s'il s'est attiré un regard réprobateur du magistrat en gardant son turban, il en est très peiné et qu'il n'a agi comme il l'a fait que par ignorance des usages en vigueur au Natal. Il ajoute que s'il est retourné au banc des avocats après que le greffier l'avait pris à part pour l'avertir de la nécessité de produire ses références, c'est parce que, le greffier ayant cru pouvoir déroger à la règle pour cette fois, il ne s'attendait pas à ce que le magistrat se montrât moins conciliant.

Dans son Autobiographie de 1927, Gandhi dira que, le magistrat lui ayant demandé d'enlever son turban, il avait refusé de le faire et quitté le tribunal. Dans ce récit, Gandhi ne dit pas qu'il avait dû quitter le banc des avocats parce qu'il ne s'était pas accrédité comme tel.

N. Sanghavi relève que la version tardive de Gandhi n'est pas en harmonie avec les deux documents d'époque, qui ne permettent pas de conclure à un incident racial. G. B. Singh et T. Watson, auteurs hostiles à Gandhi, font la même remarque.

L'incident du train

Gandhi a également raconté avoir été victime d'un incident racial dans le train qui le conduisit de Durban (Natal) à Pretoria (Transvaal), quelques jours après son arrivée en Afrique du Sud, et donc fin mai ou début juin 1893. Cet incident semble n'être connu que par les récits qu'en a faits Gandhi. Selon son Autobiographie de 1927, Abdulla Sheth, un des Indiens établis en Afrique du Sud pour qui Gandhi va travailler, lui achète un billet de train de première classe pour la première partie du voyage, qui se fera au Natal, et l'avertit qu'au Transvaal, contrairement à ce qui est le cas au Natal, les Indiens ne sont pas autorisés à voyager en première ou en seconde classe. « L'usage, raconte Gandhi, était de payer cinq shillings supplémentaires si on avait besoin d'une literie. Abdulla Sheth insista pour que je commande une literie, mais par obstination et fierté, ainsi que pour épargner cinq shillings, je refusai. » À la gare de Pietermaritzburg (capitale du Natal, et donc toujours dans la partie du trajet où les Indiens peuvent voyager en première classe), un employé du chemin de fer distribue les literies. Gandhi n'en prend pas, disant qu'il a la sienne. Après que l'employé a quitté le compartiment, un passager arrive et toise Gandhi. Gandhi, dans son récit, ne prête aucune parole à ce passager, mais affirme : « Il vit que j'étais un homme de couleur. Cela le dérangeait. » Le passager va alerter des employés de la compagnie et un de ceux-ci dit à Gandhi d'aller dans le fourgon à bagages. Le récit de Gandhi n'indique pas quel motif l'employé alléguait et ne lui fait exprimer aucun propos racial. Gandhi refuse de quitter le compartiment et un policier le fait descendre de force à la gare de Pietermaritzburg. Gandhi passe la nuit à la gare et, le lendemain matin, il envoie des télégrammes au directeur général de la compagnie du chemin de fer et à Abdulla Sheth, qui intervient auprès du directeur général. Celui-ci justifie la conduite des employés (Gandhi ne dit pas par quels arguments), mais donne des instructions pour que Gandhi puisse poursuivre son voyage avec un jour de retard. Cette fois, Gandhi achète le ticket de literie qu'il avait refusé de commander à Durban. G. B. Singh et T. Watson, dans un livre consacré principalement à mettre en doute l'incident du train tel que raconté par Gandhi, se demandent si ses ennuis, au lieu d'avoir la cause raciale que Gandhi prétend, ne provenaient pas en réalité de ce qu'il était en infraction au règlement sur la literie.

La suite du voyage, telle que nous la connaissons par Gandhi, est marquée par d'autres incidents analogues.

Les incidents du turban et du train ont été décrits par plusieurs biographes comme un tournant de sa vie et ils lui servirent ensuite de catalyseur pour son militantisme. C'est en étant témoin direct de l'intolérance, du racisme, des préjugés et de l'injustice contre les Indiens d'Afrique du Sud que Gandhi commence à réfléchir au statut de son peuple et à sa propre place dans la société. Gandhi réagit par de premières protestations. Ainsi, il écrit une lettre à la direction des chemins de fer du Transvaal et obtient que les Indiens « convenablement habillés » puissent voyager en première et en seconde classe{{,}}.

Gandhi durant la guerre des Boers ({{2e}} rang, {{3e}} en partant de la droite).

Lutte légaliste contre des projets de loi défavorables aux Indiens

À la fin de son contrat, Gandhi se prépare à rentrer en Inde. Cependant, lors d'une fête d'adieu en son honneur, il remarque un article de journal selon lequel des membres de l'assemblée du Natal préparent une loi ({{Lang}}) retirant le droit de vote aux Indiens (voir {{Lien}}). Selon le récit que Gandhi donnera plus tard dans son Autobiographie, c'est lui qui alerte ses hôtes, car les Indiens, même aisés, se considèrent comme incompétents en politique. Maureen Swan note cependant que l'autobiographie de Gandhi est très romancée et qu'en réalité, tout indique que, dès avant l'arrivée de Gandhi en Afrique du Sud, les Indiens de la classe aisée étaient conscients de leurs intérêts politiques en tant qu'Indiens. Les hôtes de Gandhi lui demandent de rester pour les aider comme juriste à combattre ce projet de loi. Il fait circuler plusieurs pétitions, adressées au gouvernement du Natal et au gouvernement britannique. Bien qu'incapable d'empêcher le vote de la loi, sa campagne permet d'attirer l'attention sur les difficultés des Indiens en Afrique du Sud.

À la prière de ses partisans, il accepte de rester dans la région pour continuer à défendre les droits des Indiens, mais, pour garder son indépendance, il refuse que ses actions politiques soient rémunérées. Il demande donc qu'on lui assure des revenus à titre d'honoraires pour des causes privées, ce que font une vingtaine de marchands. Il loue une maison de deux étages au bord de la mer à Durban : c'est pour lui une question de prestige et il veut lutter contre un préjugé selon lequel les Indiens sont avares. Il fonde en 1894 le Natal Indian Congress, prenant lui-même le poste de secrétaire. Cette organisation transforme la communauté indienne en une force politique homogène, publiant des preuves de la ségrégation britannique en Afrique du Sud : limitation de l'immigration indienne au Natal ({{Lang}}, {{Lang}} de 1897) et plus tard au Transvaal, loi imposant aux Indiens de donner leurs empreintes digitales pour obtenir un permis de circuler ({{Lang}}).

Pendant plus de dix ans, les actions de Gandhi contre les lois de discrimination envers les Indiens seront menées par des moyens traditionnels et tout à fait légaux : pétitions au pouvoir et appels à l'opinion par voie de presse.

Émeute organisée contre Gandhi et l'immigration indienne

En juin 1896, Gandhi séjourne quelques mois en Inde, d'une part pour amener sa femme et ses enfants vivre avec lui au Natal et d'autre part pour inciter des avocats indiens à venir y exercer leur profession. Il est en outre mandaté par des dirigeants de la communauté indienne du Natal pour faire connaître en Inde les griefs des Indiens vivant en Afrique du Sud. Son voyage est payé par le Natal Indian Congress.

En Inde, il publie une brochure exprimant les doléances des Indiens d'Afrique du Sud; il y dit notamment qu'au Natal, les employés du chemin de fer peuvent traiter les Indiens comme des bêtes. La brochure fait du bruit en Inde, ce qu'on apprend au Natal par une dépêche de l'agence Reuters en date du 14 septembre 1896. Au vu du résumé de la brochure donné par cette dépêche, la presse du Natal s'indigne contre Gandhi, mais concède très tôt que le résumé caricature la brochure.

Un second ordre de faits contribue à tourner certains esprits contre Gandhi. À cette époque, quatre lignes maritimes dont les propriétaires sont indiens apportent chacune, quatre fois par an, 300 ou 400 Indiens en Afrique du Sud, ce qui donne à des Blancs le sentiment d'être envahis. Le bateau qui ramène Gandhi en décembre 1896, et qui appartient à son ami Abdullah, est accompagné d'un autre bateau qui, lui, appartient à une compagnie dont la firme d'Abdullah est l'agent. Ces bateaux transportent à eux deux environ huit cents passagers. Gandhi est vu comme organisant l'invasion. À cela s'ajoute qu'au mois d'août, la Tongaat Sugar Company avait essayé de faire venir au Natal des ouvriers qualifiés indiens qui recevraient des salaires très inférieurs au cours du marché du travail. Des ouvriers blancs s'y étaient opposés par des meetings massifs, dénonçant la rapacité des capitalistes et la concurrence déloyale des ouvriers indiens qui, selon eux, acceptaient de vivre dans des conditions indignes pour supplanter les Blancs. Le projet avait été abandonné, mais la colère se rallume maintenant contre Gandhi.

Pendant que les deux bateaux sont en quarantaine, une réunion publique est tenue à l'hôtel de ville de Durban. Devant un auditoire de 2.000 personnes, formé principalement d'artisans, des agitateurs exigent le renvoi en Inde de tous les passagers candidats à l'immigration. Les autorités sympathisent avec les mécontents et cherchent à faire pression sur les arrivants en prolongeant leur quarantaine et en les invitant à retourner chez eux aux frais du Natal, mais, encouragés par Gandhi, les passagers restent fermes. Les autorités, n'ayant aucun moyen légal de refuser l'entrée à des sujets britanniques, décident de les laisser accoster.

Quand Gandhi débarque le 13 janvier 1897, il est attaqué par une foule de Blancs et de Noirs. La presse sud-africaine, selon laquelle ces Noirs ont été amenés par les meneurs blancs, dénonce l'irresponsabilité de ces derniers, compte tenu notamment des sentiments mutuels peu amicaux des Noirs et des Indiens. Les émeutiers menacent de lyncher Gandhi, mais il est protégé par les autorités{{,}}. Une première indication des valeurs qui donneront forme à ses futures campagnes est son refus de porter plainte contre ses assaillants, en précisant que c'était un de ses principes de ne pas résoudre des problèmes personnels devant une cour de justice.

Participation à la deuxième Guerre des Boers

Au début de la deuxième Guerre des Boers, en 1899, Gandhi déclare que les Indiens doivent soutenir l'effort de guerre s'ils veulent légitimer leur demande de citoyenneté. Il organise un corps d'ambulanciers volontaires de 300 Indiens libres et de 800 coolies indiens, appelé le Indian Ambulance Corps, une des rares unités médicales qui secouraient les Sud-africains noirs. Gandhi lui-même est porteur de civière à la bataille de Spion Kop. Il est décoré à cette occasion. Malgré tout, à la fin de la guerre, la situation des Indiens ne s'améliore pas, et continue même à se détériorer.

Kasturba]] (1902).

Loi d'enregistrement

En 1906, le gouvernement du Transvaal vote une nouvelle loi demandant l'enregistrement de toute la population indienne. Lors d'une rencontre de protestation à Johannesburg le {{date}}, Gandhi met en pratique pour la première fois sa méthodologie du satyagraha (attachement à la vérité), ou protestation non violente, dont il avait exposé la théorie en 1904. Il appelle ses compagnons indiens à défier la nouvelle loi et à subir les punitions qui en résulteraient au lieu de résister par la violence. Il s'inspire en cela des préceptes, de son ami indien Shrimad Rajchandra, un ascète jaïn avec lequel il correspond jusqu'à la mort de celui-ci, et que l'on{{qui}} considère comme son gourou en matière de non-violence.

Ce plan est adopté, ce qui mène à une lutte de sept ans au cours de laquelle des milliers d'Indiens et de Chinois sont emprisonnés (incluant Gandhi lui-même en de nombreuses occasions), fouettés ou même abattus pour avoir fait grève, refusé de s'enregistrer, brûlé leur carte d'enregistrement ou avoir résisté de manière non violente. C'est durant cette période que Gandhi entame une correspondance avec Léon Tolstoï, où ils échangent leurs vues sur la non-violence et la politique globale jusqu’à la mort de l’écrivain russe. La désobéissance civile culmine en 1913 avec une grève des mineurs et la marche des femmes indiennes.

Bien que le gouvernement sud-africain réprime les manifestants indiens avec succès, l'opinion publique réagit violemment aux méthodes extrêmement dures employées contre les manifestants asiatiques pacifiques. Finalement le général Jan Christiaan Smuts est forcé de négocier un compromis avec Gandhi. Les mariages non chrétiens redeviennent légaux et une taxe de trois livres qui représentait six mois de salaire, imposée aux indiens qui voulaient devenir des travailleurs libres (c'est-à-dire les coolies), est abolie.

Gandhi lutte pour obtenir la ségrégation entre Indiens et Noirs

Plusieurs auteurs ont noté le mépris souvent exprimé par Gandhi envers les Noirs durant son séjour en Afrique du Sud. Le procès fut instruit de façon assez détaillée par G. B. Singh en 2004, puis par deux universitaires sud-africains, A. Desai et G. Vahed en 2015.

À l'époque de l'arrivée de Gandhi en Afrique du Sud, il y a au bureau de poste de Durban deux entrées, une pour les Blancs et une pour les Noirs et les Asiatiques. Les Indiens considèrent comme un outrage d'être mis au même niveau que les Noirs. Le Natal Indian Congress pétitionne et dans un rapport d'activités de cet organisme, Gandhi annonce en août 1895 un résultat qu'il considère comme « non insatisfaisant » : il y aura désormais trois entrées, une pour les Blancs, une pour les Asiatiques et une pour les Noirs.

En 1896, Gandhi proteste contre la mise sur le même pied de l'Indien et du Noir paresseux. Les Européens « désirent nous dégrader au niveau du Cafre grossier dont l'occupation est de chasser et dont la seule ambition est de réunir un certain nombre de têtes de bétail pour acheter une femme et passer ensuite sa vie dans l'indolence et la nudité. ». Un arrêté du Natal, qui impose l'enregistrement des domestiques noirs ou « appartenant aux races non civilisées d'Asie » est, selon Gandhi, justifié à l'égard des Noirs, qui en sont encore à apprendre la dignité et la nécessité du travail, mais non à l'égard des Indiens, qui savent ces choses et qu'on fait venir parce qu'ils les savent. Gandhi relève d'ailleurs que le surintendant de police de Durban, R.C. Alexander, n'applique pas cet arrêté aux Indiens. En 1904 et en 1905, Gandhi fait la même distinction entre « les indigènes qui ne veulent pas travailler » et les Indiens « convenables, travailleurs et respectables ».

En 1905, un journal ayant reproché aux Indiens de dissimuler des cas de maladies contagieuses dont la déclaration est obligatoire, Gandhi se dit persuadé qu'une comparaison entre Européens et Indiens de même classe sociale ne révélerait aucune différence à cet égard mais il ajoute que tant qu'on ne pratiquera pas dans les hôpitaux une double ségrégation, entre Indiens et Noirs d'une part, entre Indiens de religions et de castes différentes d'autre part, les salutaires mesures de l'administration rencontreront des obstacles. Maureen Swan observe que cette revendication de Gandhi diffère peu de la ségrégation entre Blancs et non-Blancs voulue par le pouvoir blanc.

Le petit-fils de Gandhi, tout en reconnaissant que celui-ci se montrait souvent méprisant envers les Noirs, note qu'il lui arrivait de tenir un discours plus respectueux. Le 18 mai 1908, invité par la Young Men's Christian Association (YMCA) de Johannesburg à participer à un débat sur la question « Les races asiatiques et de couleur sont-elles une menace pour l'Empire ? », Gandhi, sans faire allusion à ses propres réclamations ségrégationnistes des années passées, déclare : « Je n'ai certainement jamais été capable de trouver la moindre justification à la barrière entre couleurs. (...) Il me semble que les Africains et les Asiatiques ont été utiles à l'Empire dans son ensemble; il est difficile de se représenter l'Afrique du Sud sans les races africaines. (...) Et comment les races africaines seraient-elles une menace ? Elles sont encore au stade de l'apprentissage (They are still in the history of the world’s learners). Physiquement aptes et intelligentes comme elles le sont, elles ne peuvent qu'être un atout pour l'Empire. Je crois avec M. Creswell qu'il n'y a pas lieu de protéger les Africains. Nous ne voulons pas de protection pour eux, sous quelque forme que ce soit, mais je crois ceci : ils ont droit à la justice, à un traitement équitable et non une faveur. (...) Si nous regardons vers l'avenir, n'est-ce pas un héritage que nous devons léguer à la postérité que toutes les différentes races se mélangent et produisent une civilisation que le monde n'a peut-être pas encore vue ? »

Participation à la guerre contre les Zoulous rebelles

En 1905, le gouvernement du Natal est confronté à de grosses difficultés financières et décide d'augmenter les impôts, aussi bien ceux des Blancs et des Asiatiques que ceux des Noirs (Zoulous). En janvier et février 1906, quand la nouvelle taxe est collectée à travers tout le pays, des Noirs se rebellent : c'est la rébellion zouloue, appelée aussi rébellion de Bambatha. Après que les troubles ont causé la mort de trois Blancs (un fermier et deux policiers), le gouvernement décrète la loi martiale le 10 février 1906. Les révoltés sont bientôt des milliers.

{{Article détaillé}}

Un bon nombre de Noirs, toutefois, désapprouvent la rébellion. C'est par exemple le cas du leader zoulou John Dube, qui estime que les Noirs doivent provisoirement faire abstraction de leurs griefs (légitimes, selon lui) pour aider le gouvernement à réprimer la révolte.

Gandhi, qui en novembre 1905 avait réclamé pour les Indiens du Natal « un entraînement complet à un véritable service militaire », plaide en mars 1906 pour que le gouvernement permette une participation indienne à la répression de la révolte zouloue. Puisque les Indiens n'ont pas reçu d'instruction militaire, ils feraient un service non armé.

En avril, s'adressant aux Indiens pour les exhorter à former un corps d'ambulanciers, Gandhi insiste pour que toute considération de justice soit écartée : « Ce n'est pas à nous de dire si la révolte des Cafres est justifiée ou non. (...) Comme nous le montre le cas des douze Cafres [exécutés comme coupables du meurtre de deux policiers], toute justice que nous pourrions chercher ne nous viendrait finalement que du gouvernement local. » Le Natal Indian Congress offre les services des Indiens au gouvernement. En mai, Gandhi décrit la rébellion comme menaçant l'Afrique du Sud tout entière et argue que si les Indiens restent à l'écart dans un tel danger, ils feront mauvaise impression. En réponse à certaines critiques auxquelles la presse a fait écho, Gandhi reconnaît que les Indiens ne sont pas indifférents à l'estime que peut leur valoir le fait de se tenir « épaule contre épaule avec leurs compagnons colons » et à l'amélioration de leur statut légal qui peut en résulter, mais il proteste que leur offre de soutien au gouvernement est inconditionnelle et inspirée par le seul sentiment du devoir. Fin mai, le gouvernement accepte la formation d'un corps de vingt brancardiers indiens. Gandhi fait campagne pour que les Indiens qui ne vont pas au front aident financièrement les soldats gouvernementaux. Il soutient aussi qu'à l'avenir, il ne faudra pas en rester à un corps de brancardiers, mais obtenir la constitution d'un corps permanent de volontaires indiens armés, qui recevront chaque année un entraînement militaire. Il y aura peu de risques de se battre, car les guerres sont rares : la dernière rébellion des Cafres date de plus de vingt ans. L'entraînement sera une sorte de pique-nique annuel, qui rapportera aux Indiens santé, perfectionnement moral (comme d'apprendre à obéir sans discuter), respect de la part des Blancs et, vraisemblablement, avantages politiques. De toute façon, avantages politiques ou non, c'est un devoir Le Corps d'Ambulanciers de Gandhi, lors de la rébellion zouloue. Le corps de brancardiers entre en fonctions le 26 juin 1906. Il est dirigé par Gandhi, qui a le titre de sergent-major. Dans un récit des activités du corps qu'il publie à cette époque, Gandhi mentionne les diverses tâches assignées à ses hommes : approvisionnement en eau à partir d'un ruisseau voisin, désinfection du camp, tenue du registre d'infirmerie, transport des soldats britanniques blessés et, en deux circonstances, soins à des Noirs : tout d'abord, trois ou quatre Indiens sont requis pour panser des Noirs rebelles qui ont été fouettés et, plus tard, les brancardiers sont chargés de transporter un Noir loyaliste sur qui un soldat a tiré par erreur. Dans ce dernier cas, une vingtaine de Noirs loyalistes sont désignés pour aider et guider les brancardiers; c'est à ce sujet que Gandhi exprime la seule appréciation morale sur des Noirs qu'on trouve dans ce récit : « Les Noirs dont nous disposions se révélèrent très indignes de confiance et très obstinés. Sans une attention constante, ils auraient tout de suite lâché le blessé, et ils semblaient n'avoir aucun souci de leur compatriote souffrant. »

Les chefs rebelles se rendent le 14 juillet 1906 et le corps de brancardiers est dissous le 19.

Dans une lettre du 31 juillet 1906, Gandhi prône de nouveau la formation d'un corps permanent de volontaires indiens. Il précise cette fois que le service qui semble convenir le mieux aux Indiens est celui de brancardiers et d'infirmiers. Il ajoute qu'en accomplissant ce service, les Indiens devraient être armés pour leur propre défense.

En juillet 1906, le {{Lien}}et l'{{Lien}} qualifient la conduite de Gandhi de méprisable.

Le 4 août 1906, Gandhi répond à des protestations qui se sont élevées en Angleterre contre la dureté avec laquelle la rébellion zouloue a été réprimée. Il mentionne les peines très sévères infligées par les Britanniques aux Égyptiens qui se sont révoltés lors de l'{{Lien}} et conclut qu'en comparaison, il n'y a pas de quoi s'indigner contre les autorités du Natal.

Plus tard, Gandhi expliquera son engagement dans le camp gouvernemental par la certitude qu'il avait alors du caractère bienfaisant de l'Empire britannique. Plusieurs auteurs ont d'ailleurs noté que, dans ses récits ultérieurs de sa participation à la répression de la rébellion, Gandhi donnera de sa conduite et de la conduite des soldats blancs envers les Noirs rebelles une description que ses textes contemporains de la révolte ne confirment pas. Ainsi, il dira dans son Autobiographie de 1927 que « de toute façon, j’étais de tout cœur avec les Zoulous et je fus ravi d’apprendre (...) que l’essentiel de notre travail serait de soigner des blessés zoulous ». Alors qu'avant la constitution du corps de brancardiers, il avait pressé les Indiens de réagir face à l'extension de la révolte, il affirmera qu'en arrivant au front, il n'avait rien vu qui pût justifier le mot de « rébellion ». Et lui qui, en 1906, n'avait pas exprimé la moindre sympathie pour les Zoulous rebelles et avait déclaré les Zoulous loyalistes indignes de confiance, peindra dans son Autobiographie un touchant tableau de l'affection mutuelle entre Noirs et Indiens, mise en contraste avec l'odieux racisme des Blancs :

{{Citation bloc}}

Hermann Kallenbach

En 1906, Gandhi fait à Johannesburg la connaissance d'{{Lien}}, riche architecte juif allemand passionné de culturisme, qui sera un de ses plus fidèles amis et compagnons de combat. À cette époque, qui est aussi celle où Gandhi oppose son vœu de chasteté à son épouse, les deux hommes cohabitent. En 1995, dans une communication non publiée, James D. Hunt signala que la correspondance entretenue par les deux hommes dans leur jeunesse manifestait la nature, selon lui, clairement homoérotique mais non homosexuelle de leurs relations. Thomas Weber, dans un livre de 2004, fit écho à la communication de Hunt. Cette question vint à la connaissance du grand public en 2011, quand Joseph Lelyveld, dans une biographie de Gandhi intitulée Great Soul: Mahatma Gandhi and His Struggle with India, publia des extraits de la correspondance privée de Gandhi avec Kallenbach. Plusieurs médias ou historiens ont interprété ces lettres comme révélatrices d'une histoire d’amour homophile ou homosexuelle entre les deux hommes de 1908 à 1915, histoire poursuivie par correspondance après le retour de Gandhi en Inde. Lelyveld rejette cette interprétation, considérant que les mots d'amour échangés relèvent plutôt du mysticisme et qu'à cette époque Gandhi avait déjà prononcé son vœu de chasteté du brahmacharya. Graham Smith, dans un article du Mail Online, signale que Gandhi, sans qu'on sache bien ce qu'il entendait par là, écrivit dans cette correspondance que la vaseline et le coton lui rappelaient constamment Kallenbach. Cette polémique est telle que deux États de l'Inde (dont le Gujarat, son État natal) ont interdit la publication de ce livre mais le gouvernement indien qui préparait une loi punissant de prison les insultes envers le {{Citation}} a finalement renoncé à cette mesure.

Combat pour l'indépendance de l'Inde (1915-1945)

Gandhi et Kasturba en janvier 1915 après leur retour en Inde. {{Article détaillé}}

Lors de son retour en Inde, Gandhi découvre qu’il ne connaît pas son propre pays. Il décide alors de le parcourir de long en large, allant de village en village, afin de rencontrer l’âme indienne et connaître ses vrais besoins. En mai 1915, Gandhi fonde un âshram dans la banlieue d'Ahmedabad en Inde et l'appelle Satyagrah Ashram (aussi connu comme l'Ashram de Sabarmati). Là logent 25 hommes et femmes qui font vœux de vérité, de célibat, dahimsa, de pauvreté, et de servir le peuple indien.

Comme il l'avait fait en Afrique du Sud, Gandhi demande aux Indiens de s'engager dans l'armée pour aider les Britanniques dans la Première Guerre mondiale. Son raisonnement, rejeté par beaucoup, était là aussi que si l'on désirait la citoyenneté, la liberté et la paix dans l'Empire, il serait bon de participer à sa défense.

Il fait des discours lors de réunions du Congrès national indien, et il est introduit en politique par Gopal Krishna Gokhale, qui est un des dirigeants les plus respectés du parti à cette époque.

Il précipite en 1917 l'abolition de l'engagisme des coolies, émigrés indiens qui travaillaient dans des conditions proches de l'esclavage dans les colonies anglaises et françaises. Gandhi avait rencontré pour la première fois des coolies en Afrique du Sud et avait lancé sa première pétition contre l'engagisme en 1894.

Champaran et Kheda

Gandhi en 1918, au moment des satyagrahas du Champaran et du Kheda.

La première réussite majeure de Gandhi vient en 1918 avec les satyagrahas du Champaran et du Kheda, bien que pour cette dernière, il était impliqué de pair avec Sardar Vallabhbhai Patel, qui agit comme son bras droit et dirige des rebelles.

Au Champaran, un district de l'État du Bihar, il organise la résistance civique pour les dizaines de milliers de fermiers sans terres, pour les serfs et pour les petits propriétaires pauvres qui sont forcés de cultiver l'indigo et autres produits d'exportation au lieu de cultiver la nourriture nécessaire à leur subsistance. Opprimés par les milices des grands propriétaires britanniques pour la plupart, ils ne reçoivent que de maigres compensations, les laissant dans une pauvreté extrême. Les villages subissent des conditions d'hygiène déplorables et l'alcoolisme, la discrimination envers les intouchables et la purdah sont très répandus. Au cours d'une terrible famine, les Britanniques veulent encore augmenter l'une de leurs taxes, ce qui rend la situation désespérée.

À Kheda, au Gujarat, le problème est identique. Gandhi y établit un ashram, regroupant un grand nombre de partisans et de volontaires de la région. Il y mène une étude détaillée sur les villages, rendant compte des atrocités et des terribles conditions de vie. Gagnant la confiance des villageois, il dirige le nettoyage des villages, la construction d'écoles et d'hôpitaux et encourage les dirigeants locaux à condamner et éliminer les problèmes sociaux décrits plus haut.

Le pic de la crise vient quand il est arrêté par la police pour « trouble à l'ordre public », et il lui est demandé de quitter la province. Des centaines de milliers de personnes manifestent autour de la prison, des commissariats et des palais de justice demandant sa libération, ce que la justice accorde à contrecœur.

Gandhi mène des grèves et des manifestations contre les grands propriétaires qui, sous la direction du gouvernement britannique, signent un accord donnant plus de compensations et plus de contrôle sur la production aux fermiers pauvres, ainsi qu'une annulation de la taxe jusqu'à la fin de la famine. Si pour Gandhi les gains matériels de la victoire sont minimes, le fait que les paysans aient acquis une conscience politique est inestimable.

C'est à partir de cette époque que Gandhi est baptisé par le peuple Bapu (père) et Mahatma (Grande âme). La première à employer ce dernier terme fut Annie Besant : chez les théosophes qu'elle dirigeait, le mahatma est la « grande âme » qui guide l'humanité{{sfn}}. Au Kheda, Patel représenta les fermiers et obtint la même victoire.

La célébrité de Gandhi s'étend alors à l'Inde entière.

Non-coopération

En mars et avril 1919, Gandhi organise un Satyagraha pour protester contre le Rowlatt Act. Des heurts ont lieu entre les troupes de Gandhi et les autorités. Du 10 au 12 avril, des Indiens qui ont répondu à l'appel de Gandhi commettent des meurtres, des incendies et des pillages au détriment de civils européens dans la ville d'Amritsar, au Pendjab. Le 13 avril, les autorités britanniques font tirer, {{Référence souhaitée}}, sur des Indiens qui, bravant l'interdiction des rassemblements de plus de cinq personnes, se sont amassés par milliers dans cette même ville d'Amristar. C'est ce qu'on appelle le massacre d'Amritsar.

{{Article détaillé}}

Gandhi critique à la fois les violences du Royaume-Uni et celles des Indiens. Il écrit une résolution où il présente ses condoléances aux victimes civiles britanniques et condamne les émeutes. Elle est acceptée malgré un début d'opposition du parti, après que Gandhi expose sa position lors d’un discours émouvant où il met en avant son principe que toute violence est maléfique et injustifiable.

En 1921, Édouard VIII, qui était alors Prince de Galles, visite l'Inde. D'après ses souvenirs, publiés en 1947, Gandhi et ses suiveurs usèrent d'intimidation et de soudoiement pour dissuader la population d'assister aux apparitions publiques du prince ; ils répandirent le bruit que la police avait ordre de tirer sur les indigènes et que la nourriture traditionnellement offerte aux pauvres lors des visites princières serait empoisonnée. Le 19 novembre 1921, à Bombay, des Parsis, des Chrétiens et des Juifs qui reviennent d'avoir salué le prince, sont attaqués par des non-coopérants. Ceux-ci tuent deux Européens, un Américain (William Francis Doherty) et deux Parsis. Parmi les émeutiers, cinquante-trois sont tués. Le nom de Doherty nous est connu notamment par Harry Hubert Field, selon qui Gandhi essaya de payer la veuve de Doherty pour qu'elle ne publie pas le fait aux États-Unis.

C’est après ces massacres que Gandhi se concentre sur l'indépendance, ce qui devient la Swaraj, c'est-à-dire une indépendance complète, aussi bien individuelle, spirituelle que politique en devenant le dirigeant exécutif pour le Parti du Congrès en décembre 1921. Sous sa direction, le congrès est réorganisé avec une nouvelle constitution, mentionnant le but de la Swaraj. L'adhésion au parti est ouverte à tous ceux qui sont prêts à payer une participation symbolique. Une hiérarchie de comité est établie pour améliorer la discipline, transformant un parti élitiste en une organisation de masse, de dimension et de représentativité nationale.

Gandhi jeûnant en 1924, et la jeune Indira Gandhi, fille de Nehru, qui devient Premier ministre de l'Inde.

Gandhi étend son principe de non-violence au mouvement Swadeshi et sa politique de boycott aux marchandises étrangères, spécialement les produits anglais. Lié à cette politique, il demande que le khadi (vêtement fait maison) soit porté par tous les Indiens au lieu des textiles britanniques. Riches ou pauvres, hommes ou femmes, doivent filer chaque jour afin d'aider le mouvement d'indépendance.

Cette stratégie inculque discipline et attachement, afin d'éliminer les moins motivés ou les plus ambitieux. Elle permet aussi d'inclure les femmes au mouvement, à une époque où ce genre d'activité n'était pas considéré comme « respectable » pour les femmes. Gandhi appelle de plus au boycott des institutions judiciaires et scolaires, à la démission des postes gouvernementaux et au rejet des titres et honneurs britanniques.

La « Non-coopération » bénéficie d'un grand succès, augmentant l'enthousiasme et la participation de toutes les couches de la société indienne. Au moment où le mouvement atteint son apogée, il s'arrête brusquement à la suite de violents affrontements dans la ville de Chauri Chaura, dans l'Uttar Pradesh, en février 1922. Craignant que le mouvement ne tourne à la violence, et convaincu que cela ruinerait toute son œuvre, Gandhi arrête la campagne de désobéissance civile.

Gandhi est arrêté le {{date}}, sous l'inculpation de subversion. Le 12 mars, il prononce un discours devant le tribunal. Selon le texte de ce discours publié dans Young India (23 mars 1922), il déclare : {{citation}}. C. Sankaran Nair, dans son livre Gandhi and Anarchy, publié en cette même année 1922, fait ce commentaire : {{citation}}. Gandhi est condamné à 6 ans de prison. Il ne fait que deux ans et est libéré en février 1924 après une opération de l'appendicite. Sans la personnalité unificatrice de Gandhi, le parti commence à se diviser pendant qu'il est en prison. Deux factions apparaissent, une menée par Chitta Ranjan Das et Motilal Nehru favorise la participation du parti aux organes législatifs, l'autre mené par Chakravarti Râjagopâlâchâri et Sardar Vallabhbhai Patel s'y oppose.

De plus la coopération entre hindous et musulmans, qui avait été forte pendant la campagne de non-violence commence à s'étioler. Gandhi essaye bien d'atténuer ces différences à travers divers moyens, incluant un jeûne de trois semaines en automne 1924, mais avec un succès limité.

Le Swaraj et la marche du sel (satyagraha)

{{Article détaillé}} Gandhi pendant la marche du sel.

Gandhi reste en dehors de toute agitation durant la plus grande partie des années 1920, préférant résoudre les différends entre le parti Swaraj et le Congrès national indien, et multipliant les initiatives contre la ségrégation des intouchables, l'alcoolisme, l'ignorance et la pauvreté.

Il retourne sur le devant de la scène en 1928. L'année précédente le gouvernement britannique a nommé une nouvelle commission pour la réforme de la constitution qui ne comptait pas un seul Indien dans ses rangs. Le résultat est un boycott de la commission par tous les partis indiens. Gandhi appuie une résolution lors du congrès de Calcutta en décembre 1928 demandant au gouvernement britannique à choisir entre l'octroi du statut de protectorat à l'Inde ou faire face à une nouvelle campagne de non-violence pour une indépendance complète.

Gandhi atténue les opinions de plus jeunes comme Subhash Chandra Bose et Jawaharlal Nehru, qui veulent demander l'indépendance immédiate, mais il doit donner un délai d'un an aux britanniques au lieu de deux comme il l'envisageait en compensation.

Comme les Britanniques ne répondent pas, le {{date}} le drapeau indien est déployé à Lahore. Le {{date}} est célébré par le parti du Congrès et par presque toutes les organisations indiennes comme jour de l'indépendance.

Tenant sa parole, Gandhi lance en mars 1930 une nouvelle campagne contre la taxe sur le sel, d'abord par la célèbre marche du sel depuis Ahmedabad vers Dandi du 12 mars au 6 avril 1930. Longue de {{unité}}, des milliers d'Indiens se joignent à la marche vers la mer afin de ramasser leur propre sel. Les Indiens investissent ensuite pacifiquement les dépôts de sel. Cette campagne est l'une des plus réussie mais l'empire britannique réagit en emprisonnant plus de 60000 personnes.

Gandhi et Nehru en 1929. Le gouvernement, représenté par Lord Edward Irwin, décide de négocier avec Gandhi. Le Gandhi-Irwin Pact est signé en mars 1931. Le gouvernement britannique accepte de libérer tous les prisonniers politiques contre une suspension du mouvement de désobéissance civile. De plus, Gandhi est invité à une table ronde à Londres comme seul représentant du parti du Congrès. Il séjourne trois mois en Europe. Cette conférence est décevante pour Gandhi et les nationalistes car elle se concentre sur les princes et les minorités indiennes plutôt que sur un transfert de pouvoirs.

De plus le successeur de Lord Irwin, Lord Willingdon, commence une nouvelle campagne de répression contre les nationalistes. Gandhi est à nouveau arrêté, et le gouvernement essaie de détruire son influence en l'isolant complètement de ses partisans.

Cette stratégie est un échec, car en 1932, à la suite de la campagne du dirigeant intouchable Bhimrao Ramji Ambedkar, le gouvernement accorde aux intouchables un statut électoral séparé selon la nouvelle constitution. En protestation, Gandhi fait un jeûne de six jours en septembre 1932, obligeant le gouvernement à adopter un accord plus équitable au travers de négociations avec Palwankar Baloo, le champion de cricket intouchable devenu dirigeant politique.

Cela marque le début d'une nouvelle campagne de Gandhi pour améliorer la vie des intouchables, qu'il appelait Harijans, les enfants de Hari (un des noms de Dieu). Le {{date}} Gandhi entame un jeûne de 21 jours pour aider le mouvement Harijan.

En juillet 1933, Gandhi dissout l'ashram de Sabarmati. Les conflits y avaient été fréquents et un scandale avait éclaté en 1929 : deux membres de l'ashram entretenaient des relations sexuelles illicites; Chhaganlal Gandhi, un cousin de Mohandas chargé de gérer les finances de l'ashram, avait détourné des fonds pendant des années et même Kasturbai, la femme du Mahatma, avait (en récidive) gardé par-devers elle une somme destinée à l'ashram. Gandhi avait donné à la Bombay Chronicle une version des faits qui laissait penser que Kasturbai n'était en infraction qu'à un règlement intérieur de l'ashram et quelques jours plus tard, il s'était félicité dans une lettre d'avoir ainsi épargné à Kasturbai, à Chhaganlal et à d'autres « des accusations inutiles » (« needless accusations »). Quand, le 25 juillet 1933, il annonce la dissolution de l'ashram à l'Associated Press of India, il présente cette décision comme un sacrifice accompli en solidarité avec les Indiens en lutte contre la fiscalité foncière, mais Kathryn Tidrick note que plus tard, en 1935, il parlera de « l'échec de Sabarmati ».

Pendant l'été 1934, trois tentatives d'assassinat ont lieu contre lui.

Quand le parti du Congrès choisit de contester les élections et d’accepter le pouvoir en échange d’un statut de fédération pour l’Inde, Gandhi décide de quitter le parti. Il n'est pas en désaccord avec cette action du parti mais il pensait que s’il démissionnait, sa popularité cesserait d'étouffer les membres du parti, qui comprenait alors aussi bien des communistes, des socialistes, des syndicalistes, des étudiants, que des conservateurs religieux ou des libéraux.

Gandhi ne veut pas non plus devenir une cible pour la propagande britannique en menant un parti qui avait temporairement accepté un accord politique avec le colonisateur.

Gandhi retourne à la tête du parti en 1936 avec la présidence de Nehru. Bien qu’il veuille une concentration totale sur la réalisation de l'indépendance plutôt que de spéculer sur le futur de l'Inde, il n’empêche pas le congrès d'adopter le socialisme comme son but.

Gandhi a une confrontation avec Subhas Bose, qui est élu président en 1938. Les problèmes que Bose posait à Gandhi étaient son manque d'implication dans la démocratie et son manque de foi en la non-violence.

Bose gagne un deuxième mandat en dépit de l'opposition de Gandhi mais quitte le Congrès quand les dirigeants démissionnent en masse pour protester contre son abandon des réformes introduites par Gandhi.

La Seconde Guerre mondiale et la résolution Quit India

{{Article détaillé}} Mahadev Desai (à gauche) lisant une lettre à Gandhi de la part du vice-roi, à Birla House, Mumbai, le 7 avril 1939.

Quand la Seconde Guerre mondiale éclate en 1939, Gandhi favorise l'offre d'un « appui moral non violent » à l'effort de guerre britannique, mais les autres dirigeants du Congrès sont offensés par l'implication unilatérale de l'Inde dans la guerre, sans la consultation des représentants du peuple. Tous les membres du congrès démissionnent en masse.

Après de longues délibérations, Gandhi déclare que l'Inde ne peut pas participer à une guerre ayant pour but la liberté démocratique, alors que cette liberté est refusée à l'Inde elle-même.

Comme la guerre progresse, Gandhi augmente ses demandes pour l'indépendance, écrivant une résolution appelant les Britanniques à quitter l'Inde : Quit India. C’est pour Gandhi et le parti du Congrès la révolte la plus radicale destinée à rejeter les Britanniques hors des terres indiennes.

Gandhi est critiqué par certains membres du Congrès et d'autres groupes politiques aussi bien pour ou contre les Britanniques. Certains pensent que s'opposer au Royaume-Uni au moment de cette guerre totale est immoral, d'autres trouvent que Gandhi ne va pas assez loin. Quit India devient le mouvement le plus fort dans l'histoire de la lutte pour l'indépendance.

Kasturba]] à l'Ashram de Sevagram, janvier 1942.

Gandhi et ses partisans disent clairement qu'ils ne participeront pas à l'effort de guerre à moins que l'Inde ne devienne immédiatement indépendante. Dans l'été 1942, Gandhi appelle à une grève générale pour forcer les Britanniques à quitter l'Inde. Il précise que le mouvement ne s’arrêtera pas même si des actes de violence individuels sont commis, disant que « l'anarchie ordonnée » autour de lui était « pire que la vraie anarchie ». Il appelle tous les Indiens et membres du Congrès à maintenir la discipline de l{{'}}ahimsa, et Karo Ya Maro (faire ou mourir) pour la cause de la liberté ultime. Gandhi et tout le comité dirigeant du Congrès sont arrêtés à Bombay par les Britanniques le {{date}}. Des indépendantistes, membres et non-membres du Congrès, lancent une vague de violences contre les Britanniques, détruisent ou endommagent des centaines de bâtiments gouvernementaux, rompent des voies de communication et tuent des employés du Raj. Deux mille cinq cents indépendantistes sont tués ou blessés par la police, plus de soixante-six mille autres sont arrêtés.

Gandhi est détenu deux ans dans le palais de l'Aga Khan à Pune. C’est là qu'il subit les deux coups les plus terribles de sa vie personnelle. D'abord son conseiller de 42 ans Mahadev Desai meurt d'un arrêt cardiaque six jours après sa détention. Puis sa femme Kasturba, qui avait toujours été solidaire et engagée auprès de lui, meurt après 18 mois d'emprisonnement d'une crise cardiaque à la suite d'une pneumonie.

Gandhi est relâché le {{date}} parce qu'il doit subir une opération à cause de sa santé déclinante. Les Britanniques ne veulent pas qu'il meure en prison et soulève ainsi l'Inde entière. Bien que la répression violente du mouvement par les forces britanniques ait amené un calme relatif en Inde à la fin de 1943, Quit India réussit tous ses objectifs. À la fin de la guerre, le Royaume-Uni donne des indications claires annonçant que le pouvoir sera transféré aux mains des Indiens. Gandhi demande alors d'arrêter la lutte à la direction du Congrès et environ 100000 prisonniers politiques sont relâchés.

La libération et la partition de l'Inde (1945-1947)

{{Article détaillé}}

Lady Mountbatten]] (1947).

opposition non-violente]] contre le Raj britannique et fut un musulman fortement opposé à la Partition de l'Inde.

Nommé le 24 mars 1947 vice-roi et Gouverneur général des Indes, Lord Mountbatten a la lourde tâche de préparer l'indépendance. Gandhi conseille au Congrès de rejeter les propositions offertes par le British Cabinet Mission en 1946, car il se méfie du regroupement proposé pour les États à majorité musulmane qu'il considère comme un début de partition. Cependant, c’est l’une des rares fois où le Congrès rejette son avis (mais pas son autorité), car Nehru et Patel savent que si le Congrès n'approuve pas le plan, le contrôle du gouvernement passerait aux mains de la Ligue musulmane.

Entre 1946 et 1947, plus de 5000 personnes sont tuées dans des violences inter-communautaires. Des millions de gens sont déplacés de force afin d’homogénéiser l’implantation des populations selon leurs croyances. Gandhi est viscéralement opposé aux plans qui sépareraient l'Inde en deux pays différents. Beaucoup de musulmans en Inde vivaient aux côtés d'Hindous ou de Sikhs et étaient en faveur d'une Inde unie. Mais Muhammad Ali Jinnah, le dirigeant de la Ligue musulmane, est très populaire dans les États du Pendjab, Sind, NWFP et Bengale Est.

La partition est approuvée par la direction du Congrès comme le seul moyen d'éviter une guerre civile à grande échelle entre musulmans et hindous. Ils savent que Gandhi rejettera catégoriquement cette partition, et il est impossible pour le Congrès d'avancer sans son accord car la popularité de Gandhi dans le parti et dans toute l'Inde est immense. Les collègues les plus proches de Gandhi ont accepté la partition comme meilleure solution et Sardar Patel entreprend de l'en convaincre. C'est un Gandhi dévasté qui donne son accord pour éviter la guerre civile.

Gandhi et Nehru avec des réfugiés de la partition, 1947. Le jour de l'indépendance, le 15 août 1947, Gandhi ne participe pas aux festivités avec le reste de l'Inde mais reste seul à Calcutta, portant le deuil de la partition et travaillant à l'arrêt des violences. Après l'indépendance, Gandhi se concentre sur l'unité entre hindous et musulmans. Il construit un dialogue avec les dirigeants des deux communautés, travaillant à atténuer les tensions dans le nord de l'Inde et le Bengale.

Malgré la guerre indopakistanaise de 1947, il est troublé quand le gouvernement décide de refuser aux pakistanais les 550 millions de roupies prévus dans les négociations de la partition. Des dirigeants comme Sardar Patel craignent que le Pakistan n'utilise l'argent pour financer la guerre contre l'Inde.

Gandhi est aussi choqué quand des demandes sont faites de déporter tous les musulmans au Pakistan, et quand les dirigeants de chaque communauté expriment leur frustration et l’inaptitude à s'entendre entre eux. Dans une allocution du 12 janvier 1948, il exprime ces motifs de préoccupation et déplore aussi que, depuis l'indépendance, la nouvelle classe politique se montre extrêmement corrompue, au point que la population commence à dire que le gouvernement britannique valait mieux. Il lance son dernier jeûne à Delhi le 13 janvier 1948 à l'âge de 78 ans, demandant que toute violence communautaire cesse définitivement, que le Pakistan et l'Inde garantissent l'égalité dans la sécurité et les droits pour les pratiquants de toutes les religions, et que le paiement de 550 millions de roupies soit fait au Pakistan. Gandhi craint que l'instabilité et l'insécurité au Pakistan n’augmente leur colère envers l'Inde, que la violence ne passe la frontière et qu'une guerre civile éclate en Inde à cause de nouvelles tensions.

« La mort serait une glorieuse délivrance pour moi plutôt que d'être le témoin impuissant de la destruction de l'Inde, de l'hindouisme, du sikhisme et de l'islam. »

Après de longs débats passionnés avec ses collègues les plus proches, Gandhi refuse de céder, et le gouvernement doit faire volte face et payer la somme au Pakistan. Les dirigeants de chaque communauté, incluant le Rashtriya Swayamsevak Sangh et le Hindu Mahasabha lui assurent qu'ils renonceront à toute violence et demanderont la paix. Gandhi rompt alors son jeûne en buvant un jus d'orange.

Assassinat (1948)

Monument commémoratif à New Delhi, capitale de l'Inde.

Le {{date}}, en chemin vers une réunion de prière, Gandhi est abattu par balles près de Birla House, à New Delhi, par Nathuram Godse, un hindou nationaliste qui a des liens avec le groupe fascisant Hindu Mahasabha. Godse tenait Gandhi pour responsable de la partition de l'Inde et par là de son affaiblissement.

Jawaharlal Nehru s'adresse en ces termes à la nation à la radio :

{{Début citation}}Amis et camarades, la lumière a quitté nos vies, l'obscurité est partout, et je ne sais pas trop quoi vous dire et comment vous le raconter. Notre dirigeant bien aimé, Bapu comme nous l'appelions, le père de la nation, n'est plus. Peut-être ai-je tort de dire cela ; néanmoins, nous ne le verrons plus comme nous l'avons vu toutes ces années, nous ne pourrons plus lui demander conseil ou consolation, et c'est un coup terrible, pas seulement pour moi, mais pour des millions et des millions dans ce pays.{{Fin citation}}

Selon sa volonté, la plupart de ses cendres furent dispersées dans plusieurs grands fleuves du monde tels que le Nil, la Volga et la Tamise. Deux millions d’Indiens assistèrent à ses funérailles.

Le mémorial de Gandhi (ou Samādhi) à Rāj Ghāt à New Delhi, porte l'épitaphe (Devanagari: हे ! राम ou, Hé Rām), qui peut être traduit par « Oh Dieu ». Il est largement accepté que ce furent les derniers mots de Gandhi, bien que certains le contestent.

Godse et son complice Narayan Apte sont jugés et condamnés à mort, puis exécutés le 15 novembre 1949.

En mars 2009, des objets ayant appartenu à Gandhi sont vendus en un seul lot aux enchères au prix de 1,8 million de dollars, lors d'une vente controversée et adjugée à un milliardaire indien, Vijay Mallya. Le vendeur, James Otis, a fait savoir qu'il utiliserait le profit de cette vente pour promouvoir la non-violence et le pacifisme.

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