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La maison natale de Jacques-Yves Cousteau, à Saint-André-de-Cubzac alt=Portrait noir et blanc de Philippe Tailliez
Daniel Cousteau, le père de Jacques-Yves, est avocat international et assistant d'un homme d'affaires américain ; sa mère est Elizabeth Cousteau. De 1920 à 1923, la famille le suit aux États-Unis où le jeune Jacques-Yves pratique la nage et l'apnée{{,}}{{,}}. À son retour en France, il découvre la mer dans les calanques près de Marseille où la famille vit désormais. À cette époque, la France compte déjà un explorateur marin et polaire célèbre, dont les aventures font rêver la jeunesse : Jean-Baptiste Charcot, qui navigue à bord de son fameux navire, le Pourquoi Pas ?.
En 1930, après avoir fait ses études préparatoires au Collège Stanislas de Paris, Jacques-Yves Cousteau entre à l'École navale de Brest et embarque sur la Jeanne d'Arc, navire-école de la Marine. Il devient officier canonnier en 1933. Il se destine à être pilote de l'Aéronautique navale mais un accident de la route en 1935 lui impose une convalescence forcée à Toulon qui prend fin en 1936 avec une affectation sur le cuirassé Condorcet. C'est à bord de ce bâtiment que Cousteau rencontre pour la première fois Philippe Tailliez, qui lui prête aussitôt des lunettes sous-marines Fernez, ancêtres des actuelles lunettes de natation. Il les utilise au Mourillon et est impressionné par la beauté de la vie sous-marine qui évolue sur le fond rocheux et dans les posidonies. Réalisant que le monde sous-marin représente plus des deux-tiers de la Terre, il décide de consacrer sa vie à l'exploration subaquatique.
Il épouse le {{date}} Simone Melchior, fille d'un cadre d'Air liquide, avec qui il a deux enfants : Jean-Michel en 1938 et Philippe en 1940. En 1938, Tailliez rencontre lors d'une chasse sous-marine un autre chasseur du nom de Frédéric Dumas, qu'il présente à Cousteau. Ainsi réunis les trois forment un trio d'amis consacré à la recherche subaquatique, trio que Tailliez baptise des années plus tard sous le nom affectueux de « Mousquemers ». Comme les mousquetaires d'Alexandre Dumas, les « Mousquemers » seront eux aussi quatre, avec Léon Vêche qui assurait leur logistique, comme le raconte Cousteau dans son livre Le Monde du Silence.
Ils prennent contact avec le capitaine Le Prieur, l'inventeur du scaphandre qui porte alors son nom, à plusieurs reprises en 1939 et 1942.
Cousteau appartient également au service de renseignements de la marine française et à ce titre, est envoyé en mission à Shanghai. En 1940, il est assigné au service de contre-espionnage, à Marseille, et son commandant lui donne toutes facilités pour continuer ses expériences de plongée lorsque son service le lui permet.
Jacques-Yves Cousteau participa comme tous les marins français aux opérations Alliées de septembre 1939 à juin 1940, et notamment, en tant qu'officier canonnier, à l'Opération Vado contre l'Italie. Ayant des amis parmi ses homologues italiens, il rapporte avoir pleuré en service durant le bombardement de Gênes. Mis comme ses collègues en congé d'armistice après juin 1940, il ne cesse pas ses activités pour autant et en 1941, à la demande de son voisin Darlan monte une opération contre les services italiens de renseignement en France. Pour ses faits de guerre, Cousteau a reçu plusieurs décorations militaires dont la croix de guerre 1939-1945 {{citation}}.
alt=Vue de l'Archipel des Embiez depuis le Cap Sicié
Pendant la Seconde Guerre mondiale, après l'armistice de 1940, la famille de Simone et Jacques-Yves Cousteau (désormais en « congé d'armistice ») rencontre à Megève la famille Ichac. Cousteau et Marcel Ichac partagent la même volonté de faire découvrir au grand public des lieux inconnus et inaccessibles : pour le premier, c'est le monde sous-marin, pour le second, c'est la haute montagne. Les deux voisins décrocheront le premier prix ex æquo du Congrès du film documentaire de 1943, pour le premier film sous-marin français : Par dix-huit mètres de fond. Celui-ci a été tourné en apnée l'année précédente aux Embiez avec Philippe Tailliez et Frédéric Dumas, grâce au boîtier étanche de caméra sous-marine conçu par l'ingénieur mécanicien Léon Vèche, ingénieur des Arts et Métiers et de l'École navale. Marcel Ichac obtient, lui, le prix pour son film À l'assaut des aiguilles du Diable.
En 1943, Cousteau tourne Épaves, avec le soutien de l'entreprise marseillaise de renflouage Marcellin et toujours avec Tailliez et Dumas. Si Par dix-huit mètres de fond a été tourné en apnée en 1942, Épaves est le premier film sous-marin tourné à l'aide de scaphandres autonomes. Les deux prototypes utilisés dans le film sont ceux fournis par la société Air liquide ; ils sont mentionnés au générique sous l'intitulé « scaphandre autonome « Air liquide » système Cousteau ».
alt=Photographie noir et blanc de l'aviso Élie-Monnier, avec le FNRS3 au premier plan
En 1945, Cousteau projette le film Épaves à l'amiral André Lemonnier. Celui-ci, chef d'état-major général, charge Tailliez, Cousteau et Dumas de mettre en place le Groupement de Recherches Sous-marines de la Marine nationale à Toulon (GRS), connu depuis 2009 sous le nom « CEllule Plongée Humaine et Intervention Sous la MER » (CEPHISMER).
En 1948, entre missions de déminage, d'exploration sous-marine et d'essais technologiques et physiologiques, Cousteau entreprend une première campagne en Méditerranée à bord de lÉlie-Monnier, aviso base du GRS avec Philippe Tailliez, Frédéric Dumas, Jean Alinat et le cinéaste Marcel Ichac. L'équipe explore aussi l'épave romaine de Mahdia en Tunisie. L'expédition est considérée par Tailliez comme la {{citation}}. Cousteau et Marcel Ichac rapportent de cette expédition le film Carnet de plongée, présenté lors du Festival de Cannes 1951.
{{refnec}}.
Cousteau, Tailliez, Dumas et lÉlie-Monnier participent ensuite au sauvetage du bathyscaphe du professeur Jacques Piccard, le FNRS II (qui venait d'être perdu en mer à la suite d'une immersion d'essai sans équipage), lors de l'expédition de 1949 à Dakar. À la suite de ce sauvetage, la Marine nationale veut réutiliser la sphère du bathyscaphe pour réaliser le FNRS III ce qui sera impossible, {{Citation}}.
Les aventures de cette période sont racontées dans les deux livres, Le Monde du silence de Jacques-Yves Cousteau, James Dugan et Frédéric Dumas (en 1953) et Plongées sans câble de Philippe Tailliez (en 1954).
En 1958, avec Tailliez, Alinat, Morandière, Dumas, Broussard, Lehoux, et Girault, il est diplômé d’honneur de plongée par la nouvelle FFESSM, ainsi nommée depuis 1955, après avoir été créée en 1948 par Jean Flavien Borelli (décédé en 1956) sous le nom de FSPNES.
{{Article détaillé}} alt=Photographie en couleur de La Calypso, vue d'ensemble hors de l'eau
En 1949, ayant atteint le grade de capitaine de corvette, Cousteau quitte la Marine pour fonder les Campagnes océanographiques françaises (Cof) en 1950. Depuis 1950, année où Abenteuer im Roten Meer (« Aventures en Mer Rouge » de Hans Hass) a été primé à la Biennale de Venise, Cousteau a un projet de film sous-marin en couleurs, mais il lui faut des moyens et, pour cela, il doit convaincre des mécènes : 19 juillet 1950, à Nice, le millionnaire Loël Guiness lui achète un bateau, la Calypso{{,}}, avec lequel il peut parcourir le globe. Il effectue d'abord des fouilles archéologiques sous-marines en Méditerranée, en particulier sur le site du Grand-Congloué en 1952. Son équipage est composé de grands noms de la plongée française : Frédéric Dumas, Albert Falco, Claude Wesly, Jacques Ertaud.
En 1953, Cousteau et Dumas narrent les expériences subaquatiques réalisées depuis le milieu des années 1930 dans un livre, le Monde du silence. Le film, coréalisé par Cousteau et Louis Malle en 1955, ne reprend pas du livre éponyme les scènes sous-marines qui y sont décrites, celles du film ayant été tournées en Méditerranée, Mer Rouge, Océan Indien et Golfe Persique indépendamment des événements décrits dans le livre. La Calypso en devient la base, le lieu secondaire et la vedette discrète. Le documentaire obtient la Palme d'or au Festival de Cannes lors de sa sortie en salles l'année suivante, en 1956. On y voit déjà Cousteau et son équipage porter le bonnet rouge qui, quelques années plus tard, devient leur emblème. Ce bonnet est une référence à l'uniforme des anciens bagnards de Toulon, qui étaient fréquemment « désignés volontaires » pour des interventions hasardeuses en scaphandre « pieds lourds ».
En 1957, Jacques-Yves Cousteau est élu à la direction du Musée océanographique de Monaco et est admis à la National Academy of Sciences.
{{refnec}} et obtient l'oscar du meilleur film documentaire en 1965.
Entre 1970 et 1972, il prend, grâce à son bathyscaphe, des milliers de photos des fonds marins sur lesquels devaient être posées les conduites du futur gazoduc algérien, Transmed.
Logo du Parc océanique Cousteau représentant une baleine bleue autour du globe terrestre, avec le visage de JYC dans sa palette caudale, et autres logos utilisés par le commandant durant sa carrière. En 1972 il est nommé Commandeur de la Légion d'honneur au titre du premier ministre.
La même année, il installa le squelette d'une baleine à bosse, en Antarctique, près de la base brésilienne Comandante Ferraz pour rappeler l'extermination des espèces animales au {{s-}}.
alt=Image en noir et blanc représentant le naufrage du Britannic
L'année 1973 voit les Campagnes océanographiques françaises laisser place à une société humoristiquement baptisée Les Requins associés tandis qu'aux États-Unis est créée la {{lang}}, ultérieurement basée à Norfolk, en Virginie.
En 1975, Cousteau retrouve l'épave du {{lang}}, navire-jumeau du {{lang}}, par {{Unité}} de fond. Il doit attendre 1976 pour plonger sur l'épave et pénétrer à l'intérieur de celle-ci. Aussi en 1975, en décembre, la Cousteau Society lance une expédition en Antarctique et tourne le troisième et dernier film documentaire à métrage long de Cousteau, Voyage au bout du monde, que ce dernier coréalise avec son fils Philippe. Alors qu'un drame était survenu lors de l'expédition, le second du bord de la Calypso, Michel Laval, ayant été tué à terre (sur l'île de la Déception) par l'hélice de queue de l'hélicoptère de l'expédition, le tournage se poursuit et le film sort en salles, en France, en novembre 1976.
Le {{date}}, lors d'une mission de la Calypso au Portugal, son second fils et successeur désigné, Philippe, avec lequel il coproduit tous ses films depuis 1969, meurt frappé par l'hélice de son hydravion de type Catalina{{,}}. Cousteau en est profondément affecté. Il appelle par la suite son fils aîné, Jean-Michel, à ses côtés. Cette collaboration dure jusqu'en 1991.
En 1981, Jacques-Yves Cousteau se rapproche de la mairie de Norfolk pour construire un « parc océanique » dont la particularité serait de ne contenir ni aquarium, ni animaux vivants. Cette ville abritant la plus grande base navale des États-Unis, la municipalité désire aussi valoriser les activités de la {{lang}}. Cousteau se montre intransigeant sur le concept purement civil du parc et n'accepte pas de le modifier. Le projet se chiffre à {{Unité}} de dollars et Cousteau s'engage à hauteur de {{Unité}}. La ville abandonne la partie en 1987 car elle considère que le commandant tarde à apporter sa contribution.
{{refnec}}.
Le commandant et son fils Jean-Michel concrétisent le projet de parc océanique à Paris dans le Forum des Halles. L'idée est de ne mettre aucun animal en captivité mais de jouer sur la puissance de l'image et du son pour plonger le visiteur au cœur des mers et des océans. Le Parc océanique Cousteau est inauguré en {{date}}. La conception et la construction ont nécessité {{Unité}} de francs français (soit {{Unité}} d'euros). Les actionnaires sont, entre autres, Jacques-Yves Cousteau à 10 % et Jean-Michel Cousteau à 2 %. Le parc est cependant un gouffre financier. Il dépose le bilan le {{date}} et ferme définitivement ses portes en {{date}}. Après la fermeture, le site est absorbé lors de l'agrandissement du multiplexe UGC Ciné Cité Les Halles.
Ces années sont riches en récompenses pour Cousteau avec le « {{lang}} » du Programme des Nations unies pour l'environnement reçu en 1977 avec Peter Scott puis le Palmarès mondial des 500 en 1988.
Il devient officier de l'ordre du Mérite maritime en 1980 et lauréat du prix Claude Foussier de l'Académie des sports, pour ses actions de protection de la nature et de la qualité de la vie en 1983. En 1985, le président des États-Unis Ronald Reagan lui décerne la médaille présidentielle de la Liberté et il devient Grand-Croix de l'Ordre national du Mérite. Le {{date}}, il est élu à l'Académie française et succède à Jean Delay au {{17e}} fauteuil. Sa réception officielle sous la Coupole a lieu le {{date}}, la réponse à son discours de réception étant prononcée par Bertrand Poirot-Delpech. Erik Orsenna lui succède le {{date}}.
Le caveau de la famille Cousteau, à Saint-André-de-Cubzac. Plaque commémorative sur la maison natale de Jacques-Yves Cousteau, à Saint-André-de-Cubzac.
Le {{date}}, Simone Cousteau meurt d'un cancer. Cette femme, qui avait passé plus de temps que son mari à bord de la Calypso, était l'égérie de l'Équipe Cousteau. Il se remarie le {{date}} à Francine Triplet avec laquelle il a déjà deux enfants : Diane Élisabeth en 1979 et Pierre-Yves en 1981. Francine Cousteau poursuit actuellement l'œuvre de son mari à la tête de la Fondation Cousteau et de la {{lang}}.
À partir de ce moment, les relations entre Jacques-Yves et son fils aîné Jean-Michel se détériorent et leur collaboration prend fin. En 1996, il poursuit en justice celui-ci qui souhaite ouvrir un centre de vacances « Cousteau » dans les îles Fidji.
En 1992, il est invité à la Conférence des Nations unies sur l’environnement et le développement à Rio de Janeiro. Il devient alors conseiller régulier de l'ONU et plus tard de la Banque mondiale ainsi que président du Conseil pour les droits des générations futures{{,}}.
Jacques-Yves Cousteau s'éteint le {{date}} à Paris. Il lègue la totalité et l'exclusivité des droits liés à l'usage de son nom, son image et son œuvre à la {{lang}} ainsi que la mission de continuer son travail. Sa disparition est ressentie jusqu'aux États-Unis et au Canada, où il était l'un des Français les plus populaires{{,}}. James Cameron par exemple déclare {{Citation}} des films de Cousteau : {{Citation bloc}}
Ses obsèques ont lieu à Notre-Dame de Paris devant plusieurs académiciens comme lui. Il est inhumé dans le caveau familial à Saint-André-de-Cubzac (Gironde). Sa ville lui rend hommage par l'inauguration d'une « rue du Commandant Cousteau », qui mène à sa maison natale (l'ancienne pharmacie de son grand-père), et la pose d'une plaque commémorative sur celle-ci.
En 2008, plus de dix ans après sa disparition, il demeure la deuxième personnalité ayant le plus marqué les Français, derrière l'abbé Pierre et celui qui {{citation}}.