Aller au contenu principal

Buffon, Georges-Louis Leclerc (1707-1788 ; comte de)

Contents


Biographie

Une jeunesse mouvementée

Il est le fils de Benjamin Leclerc, seigneur de Buffon et de La Mairie, conseiller du roi, président du grenier à sel de Montbard, conseiller au parlement de Bourgogne, et de dame Anne-Christine Marlin. Ils sont mariés depuis un an lorsque Georges-Louis vient au monde. Il est prénommé Georges en l'honneur de son parrain et grand-oncle maternel Georges-Louis Blaisot, seigneur de Saint-Étienne et Marigny, (mort en 1714), collecteur des impôts du duc de Savoie, et Louis en l'honneur de son grand-père, Louis Leclerc, écuyer, conseiller secrétaire du Roi, maire de Montbard et juge prévôt. Son bisaïeul était médecin et bailli de Grignon, son trisaïeul barbier chirurgien.

La famille habite près de la porte de la Boucherie qui commande l'une des portes de Montbard, sur la route de Châtillon et de Dijon. La famille s'agrandit ; naissent ainsi Jean-Marc en 1708, Jeanne en 1710, Anne-Madeleine en 1711 et Claude-Benjamin en 1712.

Son père, en 1717, bénéficiant de la fortune accumulée par Georges-Louis Blaisot et héritée par sa femme et son fils, achète les propriétés de la seigneurie de Buffon, située à six kilomètres de Montbard, à Jean Bouhier, président du parlement de Bourgogne et lettré notoire. Cette véritable {{citation}} permet à la famille de s'anoblir. Benjamin Leclerc acquiert également une charge de commissaire général des maréchaussées qu'il revend trois ans plus tard pour une charge de conseiller au parlement de Dijon. La famille déménage alors à Dijon, à l'hôtel Quentin, acheté également la même année.

Il fait ses humanités au collège des jésuites des Godrans de Dijon, où il a pour condisciple Charles de Brosses. Suivant encore les injonctions de son père, qui le destine probablement à sa succession, Buffon s'inscrit à la faculté de droit de Dijon et y obtient sa licence en 1726. Préférant les sciences, et au grand mécontentement de sa famille, il part étudier à la faculté d'Angers en 1728. Il s'y plonge un peu plus dans les mathématiques et la botanique, lit Newton, suit des cours de médecine, mais, ayant tué en duel un jeune officier croate, il se voit contraint de quitter précipitamment l'université. Il se réfugie à Dijon ou à Nantes, où il rencontre le {{lien}}, jeune aristocrate anglais qui parcourt l'Europe avec son précepteur allemand le naturaliste Nataniel Hickman, et avec lequel il se lie d'amitié. Il décide de les suivre dans leur Grand Tour, qui les mène à La Rochelle, Bordeaux, Toulouse, Béziers, Montpellier, puis en Italie, par Turin, Milan, Gênes, Florence, Rome, étapes parfois ponctuées de brillantes théories mathématiques.

L'ambitieux à Paris

Son voyage est interrompu en 1731, à la mort de sa mère, et il s'installe l'année suivante à Paris, soucieux de s'éloigner de son père, remarié à sa grande fureur à l'âge de cinquante ans avec une jeune fille de vingt-deux, Antoinette Nadault. Le menaçant d'un procès, il obtient la libre disposition de sa fortune et récupère des terres que son père avait aliénées. Il fait démolir la maison paternelle et construire l'hôtel de Buffon, aménage une ménagerie, un laboratoire et son cabinet de travail.

À vingt-cinq ans, il est décidé à réussir, commençant à signer Buffon. Il se loge au faubourg Saint-Germain, chez Gilles-François Boulduc, premier apothicaire du roi, professeur de chimie au Jardin royal des Plantes, membre de l'Académie des sciences et de l'Académie de Stanislas. Ses premiers travaux portent sur les mathématiques, son domaine de prédilection, et il présente en 1733 un mémoire à l'Académie des Sciences, dont Maupertuis et Clairaut font un compte rendu élogieux. Ce mémoire Sur le jeu du franc-carreau introduit pour la première fois le calcul différentiel et le calcul intégral en probabilité.

C'est à cette époque qu'il correspond avec le mathématicien suisse Gabriel Cramer. Il lit plusieurs ouvrages de géométrie particulièrement ceux d'Isaac Newton, dont il traduira la Théorie des fluxions. Il fait la connaissance de Voltaire et d'autres intellectuels, et est à l'Académie des sciences comme adjoint mécanicien le 9 janvier 1734. Il a de puissants protecteurs, notamment Maurepas, et Louis {{XV}} le nomme au poste d'adjoint dans la section mécanique.

Maurepas, ministre de la Marine, demande en 1733 à l'Académie une étude sur les bois utilisables pour la construction de navires. Faute de moyens, les commissaires nommés initialement se récusent, mais Buffon, exploitant forestier à Montbard, est là. Il multiplie les expériences et rédige un compte rendu des plus complets, ce qui lui donne l'appui du duc de Condé (en lui fournissant des échantillons de minéraux bourguignons et en le recevant fastueusement à Montbard). Maurepas lui propose la surintendance de toutes les forêts de son domaine, mais il refuse.

En 1735, il traduit un ouvrage du biologiste Stephen Hales Vegetable Staticks, qu'il annote abondamment, où il prend délibérément parti contre la science cartésienne, partisane des systèmes et théories raisonnées, purement intellectuelles ; il fait la promotion de l'observation et de l'expérience, suivant en cela un courant de pensée de ce début du siècle. Anglophile, il correspond abondamment avec plusieurs savants, et séjourne à Londres en 1738, assez brièvement, mais se fera élire à la Royal Society en 1739.

En 1738 il montre à l'Académie son ouvrage Moyen facile d'augmenter la solidité, la force et la durée du bois rédigé à partir des expériences menées à Montbard, en particulier au Petit Fontenet (qui conserve un parquet de chêne réalisé selon ses travaux). Mais Henri Louis Duhamel du Monceau, agronome éminent avec qui Maurepas souhaitait qu'il travaille en bonne intelligence, y voit un plagiat de son mémoire à venir : Diverses tentatives pour parvenir à augmenter la dureté ou l'intensité du bois. Il s'est fait un ennemi de taille. En mars 1739, il passe de la section de mécanique, à celle de botanique de l'Académie des sciences.

Après une admirable campagne de relations publiques auprès de son prédécesseur mourant, Dufay, il est nommé intendant du Jardin du roi le 26 juillet 1739, supplantant une fois encore Duhamel du Monceau ; celui-ci obtiendra de Maurepas, comme lot de consolation, la responsabilité, où il excellera, de réformer la Marine. Enfin établi, Buffon partagera désormais son temps, jusqu'à la fin de sa vie, entre sa propriété de Montbard, vivant tranquillement et rédigeant son œuvre, et Paris, où il administre le Jardin des Plantes et entretient son image à la Cour.

Au Jardin des Plantes

Jardin des Plantes]].

De jardin d'apothicaire, il transforme le Jardin des Plantes en centre de recherche et en musée, faisant planter des arbres qu'on lui fait parvenir du monde entier. Dès lors, il se consacre tout entier à l'histoire naturelle. Profitant des ressources que lui offre le grand établissement qu'il dirige et qu'il ne cesse d'enrichir, il entreprend de tracer le tableau de la nature entière. Excellent administrateur, propriétaire terrien et juriste de formation, il agrandira considérablement le parc, d'environ un tiers, à partir de 1771, vers l'ouest et la Seine (actuelle Ménagerie) et vers le sud de part et d'autre de la Bièvre (« clos Patouillet », actuel îlot Poliveau), en faisant exproprier, parfois sans ménagement, les propriétaires des lieux. Il fait forger à Montbard les éléments de l'un des premiers édifices métalliques au monde, la « gloriette du Labyrinthe » ou « gloriette de Buffon ».

Buffon n'enseigne pas, et ne semble pas s'y intéresser (il ne définit pas lui-même les programmes) même s'il s'entoure de brillants pédagogues et d'excellents praticiens : Louis Guillaume Le Monnier, botaniste et futur premier médecin de Louis {{XVI}}, Antoine Laurent de Jussieu, biologiste, Pierre Joseph Macquer et Fourcroy, chimistes, Jacques-Bénigne Winslow, Antoine Ferrein, Antoine Petit et Antoine Portal, anatomistes. Buffon forme ainsi une cour de matière grise autour de lui, attirant des savants parmi les plus renommés, qui amènent avec eux toute leur famille.

Buffon gère en outre le Cabinet d'Histoire Naturelle du roi, dont il va faire la plus développée des collections d'Europe, un creuset scientifique ; en sortiront les galeries du Muséum actuel. Il l'agrandit entre 1740 et 1780, les travaux étant conduits par l'architecte Latouche. Il profite de toutes les occasions pour enrichir le cabinet, ouvert au public : dons, retours de grands voyageurs, tels que Bougainville, Pierre Sonnerat ou Joseph Dombey, acquisitions de pièces d'intérêt (il gère admirablement les crédits du Jardin), obtentions de collections de défunts (ainsi celle de Réaumur, que Louis {{XV}} lui accorde, alors que Réaumur désirait la céder à l'Académie des Sciences). La renommée de Buffon et de son cabinet est telle qu'à la fin de sa vie les plus grands souverains, Frédéric {{II}} de Prusse, Catherine {{II}}, les rois de Danemark et de Pologne, lui font des dons prestigieux. Louis {{XV}} lui fait porter une caille blanche qu'il a tuée à la chasse. Et malgré les vives critiques sur l'organisation de la collection, elle remporte tous les mardis et jeudis un vif succès auprès des visiteurs, qui découvrent des curiosités dans un capharnaüm magique : de grands poissons naturalisés pendent au plafond, des reptiles séchés sont placés entre les pattes d'un immense zèbre.

Quand il monte à Paris, Buffon a ses entrées à la cour : Louis {{XV}} et Louis {{XVI}} l'ont toujours soutenu, la marquise de Pompadour l'appréciait énormément (on lui prête ces mots {{Citation}} et elle lui envoya peu de temps avant sa mort ses animaux familiers pour enrichir le patrimoine de Montbard). Il bénéficie de nombreux soutiens politiques, tel celui d'Amelot de Chaillou, soutiens qui lui permettront d'être seul maître au Jardin du Roi pendant cinquante années. Mais Buffon n'est pas un courtisan : il se frotte à la politique avec précaution et ne rentre pas dans les intrigues de la Cour. Et s'il reste monarchiste toute sa vie (comme beaucoup à cette époque, il ne conçoit pas d'autres régimes possibles), il a toujours pris soin de mettre une certaine distance entre le pouvoir royal et lui.

Ses relations avec les savants de son époque sont bien plus difficiles et il s'oppose souvent à eux, par exemple avec Carl von Linné, dont il conteste la méthode de classification, basée sur les fleurs. La méthode, de Buffon, pour le moins très personnelle, est plutôt de se fonder sur l'intérêt subjectif qu'ont les animaux pour l'homme. Dans son approche « naturelle », le cheval vient en premier, suivi immédiatement, comme il se doit, du chien. Et les insectes sont quasiment absents, car de peu d'importance. Il écrit ainsi à Réaumur : « Une mouche ne doit pas tenir dans la tête d'un naturaliste plus de place qu'elle n'en tient dans la nature ». À l'inverse, Linné est un scientifique méthodique, un classificateur, là où Buffon, en vulgarisateur, voit surtout l'intérêt que l'on peut tirer de la création. Dans le même esprit, il censurera toutes les descriptions anatomiques de Daubenton.

Il accueille avec scepticisme les travaux de Lazzaro Spallanzani ou de Charles Bonnet et d'Abraham Trembley, car pour Buffon, les variations entre espèces sont dues à des dégénérescences.

En 1744, il est nommé trésorier perpétuel de l'Académie des sciences, et profite allègrement de ses privilèges, mais ne tarde pas à prendre ses distances avec le cénacle scientifique parisien. On le taxe en effet d'individualisme et de hauteur. Quelqu'un dira de lui : {{Citation}}

LHistoire naturelle, son œuvre majeure, dont les premiers volumes paraissent en 1749, l'occupera toute sa vie. Placé par cet ouvrage au premier rang des écrivains de son siècle aussi bien que des savants, Buffon reçoit récompenses et honneurs en tout genre : il est élu membre de l'Académie française en 1753, où il prononce le fameux Discours sur le style. Il ne paraîtra que très rarement avec les Quarante, et plus jamais à partir de 1782, à l'élection de Condorcet, détesté rival de son ami Jean Sylvain Bailly (1736-1793). Il dira d'ailleurs de lui : {{Citation}} (on peut noter qu'ironiquement c'est Condorcet qui prononcera plus tard l'éloge funèbre de Buffon à l'Académie des sciences, dans un style faussement élogieux). Il fraie en outre avec les grands esprits de son temps, et notamment les philosophes des Lumières, avec qui il partage le scepticisme religieux, le matérialisme et l'amour de la raison contre le mysticisme. Mais il s'oppose à eux sur le plan social et politique : Buffon est un conservateur et un monarchiste. On{{refnec}} lui prêtera d'ailleurs ce mot, vers la fin de sa vie, aux derniers temps de l'Ancien Régime : {{Citation}} Grand ami des encyclopédistes (Diderot le compare à Lucrèce et Platon), auxquels il a promis de rédiger l'article « Nature », qu'il ne fera jamais, il finit par se brouiller avec D'Alembert à propos de Bailly et Condorcet. À ses premiers temps au Jardin du Roi on a pu le voir dans les salons parisiens, chez Marie-Thérèse Geoffrin ou Louise d'Épinay, chez Julie de Lespinasse ou chez le baron d'Holbach, où il a pu converser avec Voltaire, Montesquieu, Fontenelle, Marivaux… Mais il est devenu petit à petit solitaire, a délaissé les salons, puis Paris, pour sa vie tranquille à Montbard.

L'homme de Montbard

À Montbard, Buffon habite la maison paternelle, qu'il agrandit pour en faire un hôtel spacieux et confortable, l'hôtel de Buffon. De même qu'à Paris, il agrandit son domaine par des annexions de droit seigneurial, prenant terres, ruines et château, au grand dam des mairies de Buffon et de Montbard qui entreront en procédure. Il est cependant un seigneur bon et généreux, n'hésitant pas à offrir bien des dons et des aides à sa commune. Certes il ne ménage pas ses créanciers, faisant valoir tous ses droits et privilèges de noble personne, faisant monter son patrimoine à plus de {{unité}} et son revenu à près de {{unité}} par an, sans les recettes de son œuvre littéraire. Scrupuleux, il écrira : {{Citation}}

Il se marie à Fontaines-en-Duesmois (Côte-d'Or) le 22 septembre 1752, à 45 ans, à Marie-Françoise de Saint-Belin Malain, jeune femme de 19 ans, issue d'une famille de grande noblesse ruinée. Cette femme voue une grande affection à son mari qui l'a arrachée au couvent des Ursulines que dirigeait sa sœur Jeanne Leclerc de Buffon, même s'il n'est pas d'une extrême fidélité. Elle meurt en 1769 à la suite d'une mauvaise chute de cheval. Ils eurent une fille Marie-Henriette Leclerc de Buffon (née le 25 mai 1758, morte le 14 octobre 1759) et un fils, Georges Louis Marie, surnommé « le Buffonet » par Rivarol, qui finira sur l'échafaud révolutionnaire en l'{{nobr}} (1794), sans postérité. En outre, Buffon abrite, entre 1770 et 1775, son père, veuf pour la seconde fois et avec qui les rapports sont toujours aussi difficiles, et il accueille régulièrement ses demi-frères et sœurs, Pierre, le « chevalier de Buffon », et Antoinette, épouse de Benjamin Edme Nadault des Berges, conseiller au parlement de Bourgogne. Buffon reçoit régulièrement familiers ou visiteurs, parmi lesquels Jean-Jacques Rousseau, Claude-Adrien Helvétius, Marie Jean Hérault de Séchelles, Georges Louis Daubenton, maire de Montbard, et Philippe Guéneau.

L'hôtel est gouverné par Marie Blesseau, paysanne ignare, qui fut probablement très proche du comte, à la tête d'une dizaine de domestiques{{refnec}}. Buffon possède en outre un secrétaire particulier, d'abord Trécourt puis Humbert-Bazile, et un chapelain, le père Ignace Bougot, Buffon devenant peu à peu déiste. Buffon a un emploi du temps bien réglé : lever vers huit heures, réveillé par son domestique Joseph (auquel Buffon avait promis un écu à chaque fois qu'il le ferait lever à l'heure, en général cinq heures du matin, écu gagné une seule fois, à coup de seaux d'eau froide ; Buffon déclara : {{Citation}}), travail et rédaction quatre ou cinq heures avec son secrétaire, déjeune de 14 à 16 heures le plantureux repas de son excellent cuisinier Guéneau (ce qui lui devra de furieuses crises de gravelle), sieste puis promenade, travail de nouveau à partir de 17 heures, en administration et gestion, pas de dîner, court passage au salon s'il y a des invités, puis coucher vers 22 heures.

Mais Buffon reste avant tout un scientifique naturaliste : qu'il soit à Paris ou à Montbard (où il se retire chaque année durant huit mois), c'est son Histoire Naturelle qui lui prend tout son temps. Trente-cinq tomes paraîtront avant sa mort. À Montbard, il entretient des volières et élève en semi-liberté quelques animaux (loup, renard, blaireau), qui lui fourniront de la documentation pour son étude et seront parfois de malheureux sujets d'expériences. La légende rapportée par des pamphlets le représentent myope, réglant minutieusement les heures de sa journée, dédaignant le laboratoire pour le cabinet et portant pour écrire un jabot et des manchettes de dentelles. Il affectionne une magnifique pépinière, sujet d'étude et prétexte à générosité (sur ordre royal un quota de fruits doit être distribué aux pauvres). En outre, il observe la nature et, sans le savoir, pose les bases de l'écologie : il note l'importance de certaines espèces dans la chaîne alimentaire, ou remarque le rôle des oiseaux dans la dispersion des graines d'arbres. En 1747, fasciné par le rapport entre la lumière et la chaleur, il prouvera au château de la Muette, en présence du roi, lors d'une véritable exhibition, la réalité des miroirs ardents d'Archimède devant un public composé de gens de qualité. En 1752, il vérifie les hypothèses de Benjamin Franklin sur la foudre et l'électricité en installant un paratonnerre sur la plus haute tour restant du château des Ducs de Bourgogne, la Tour de l'Aubépin. Il gère aussi une forge.

En 1768 Buffon transféra sa bibliothèque, autrefois dans la tour Saint-Louis, sur la terrasse supérieure du parc créé par destruction du château ducal, et créa un laboratoire de chimie au Petit Fontenet à une époque où il réorientait son activité intellectuelle, abandonnant quadrupèdes et oiseaux pour l'étude de la minéralogie, de la métallurgie (construction de la Grande Forge à Buffon, rédaction des Époques de la Nature), de la chimie et des traitements des bois. Son activité permet de le considérer comme un des premiers créateurs avec Réaumur de la science des matériaux.

Il devient comte de Buffon en 1773. En 1776, Louis {{XVI}} commande une statue de lui au sculpteur Augustin Pajou ; elle est érigée à l'entrée du Muséum d'histoire naturelle avec l'inscription : Majestati Naturæ par ingenium (« un génie égal à la majesté de la Nature »). Il meurt en 1788, d'une ultime crise de gravelle, quelques mois avant le début de la Révolution française.

Il fut enterré dans une chapelle adjacente à l'église de Sainte-Urse de Montbard ; pendant la Révolution française, sa tombe a été profanée et le plomb qui recouvrait le cercueil a été utilisé pour produire des balles. Son corps a été initialement conservé par Suzanne Necker (épouse de Jacques Necker), mais plus tard, a été perdu. Aujourd'hui, il ne reste que le cerveau de Buffon, conservé dans la base de la statue que {{nobr}} avait commandée en son honneur en 1776 à Pajou, au Musée d'histoire naturelle de Paris.

Georges Louis Leclerc était devenu comte de Buffon, seigneur de Montbard, marquis de Rougemont, vicomte de Quincy, seigneur de la Mairie, les Harens, les Berges et autres lieux, intendant du Cabinet d'histoire naturelle du Roi, membre de l'Académie française, trésorier perpétuel de l'Académie des sciences, membre des académies de Berlin, Londres, Saint-Pétersbourg, Florence, Bologne, Édimbourg et Philadelphie.

En 1865, Michel-Eugène Chevreul, qui avait une grande admiration pour Buffon, organise un hommage à ce dernier et inaugure à Montbard une statue de bronze du célèbre naturaliste due au sculpteur Jacques-Edme Dumont.

Buffon industriel

{{Article détaillé}} Entrée des forges. Vue aérienne de la grande forge de Buffon ; l'ensemble de l'ancien équipement de l'usine. Parallèlement à son œuvre scientifique, Buffon construit, en bordure du canal de Bourgogne, à quelques kilomètres de Montbard, des forges qui subsistent et sont encore visitées aujourd'hui. Après avoir effectué de nombreuses expériences dans la forge d'Aisy-sur-Armançon et au Petit Fontenet, il édifie sur ses terres, entre 1768 et 1772, ses propres forges, conseillé par des maîtres de forge parmi les plus réputés. Elles lui permettent de mettre en valeur les ressources en bois et en minerais de ses terres.

Ce site peut être considéré comme une des premières usines intégrées : les lieux sont aménagés pour optimiser les étapes de la fabrication. Par ailleurs, des ouvriers sont logés sur le site, et ont accès à un potager, à une boulangerie et à une chapelle. L'accès au haut-fourneau se fait par un escalier monumental, qui permettait aux invités de marque d'admirer les coulées de métal en fusion.

Animées par l'Armançon, des roues à aubes apportent la force hydraulique nécessaire aux machines, comme les soufflets, les marteaux, le bocard et le patouillet. C'est dans ces forges qu'il aurait souhaité fabriquer les nouvelles grilles du Jardin des Plantes, alors qu'il en est l'intendant. Son expérience en sylviculture et en métallurgie l'aident dans la rédaction des Suppléments de l'Histoire naturelle.

La forge produisait des ferronneries et des rampes d'escaliers, et elle était avant tout son laboratoire, où il étudiait, pour la Marine, l'amélioration des canons, et, pour lui-même, les effets de la chaleur obscure, les phénomènes de refroidissement, et, les résultats de ses recherches alimenteront son œuvre scientifique, notamment au sujet de la création et de l'âge de la terre.

Accaparé par son travail personnel, il en confie la gestion à Chesneau de Lauberdières, en 1777 : celui-ci pille alors les forêts environnantes et s'enfuit avec les finances, en 1785. Buffon doit alors reprendre la forge, bien mal en point, et elle sera finalement vendue, en 1791.

Toujours à court d'argent pour financer ses projets industriels et scientifiques, il a de nombreux démêlés avec ses bailleurs de fonds, en particulier avec la famille Baboin, soyeux de Lyon, qui lui intentent un procès pour obtenir le remboursement de leurs créances. Il se plaint à ce sujet de son banquier dans une lettre du {{date-}}. Il se venge d'eux dans la rédaction de lHistoire naturelle, en jouant sur la ressemblance du mot de vieux français « babine » avec le nom de ses adversaires, et donne au singe cynocéphale le nom de « babouin » qu'on lui connaît encore aujourd'hui. Il fait d'ailleurs dans son ouvrage une description abominable de cet animal.

couverture du document
LivreDisponible
Veuillez vous connecter pour réserver
couverture du document
LivreDisponible
Veuillez vous connecter pour réserver