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Angiolino Giuseppe Pasquale Ventura est le fils de Giovanni Ventura et Louisa Borrini. En 1927, il est âgé de sept ans lorsqu'il quitte l'Italie de Benito Mussolini avec sa mère pour échapper au fascisme et rejoindre son père parti travailler comme représentant de commerce à Paris quelques années auparavant. Mais arrivés à Montreuil le 7 juin 1927, la mère et le fils ne trouveront pas Giovanni. Le père a disparu. Il évoquera rarement ce père absent. Lino et sa mère s'installent chez des amis au 57 rue de Romainville à Montreuil, au cœur de la communauté italienne dont l'intégration ne s’effectue pas sans problèmes, comme le prouvent certaines insultes telle que « Macaroni ». Puis ils s'installent rue Papillon dans le {{9e}} arrondissement de Paris où Louisa a décroché un emploi de femme de chambre à l’hôtel Baudin.
Par fidélité à ses origines, il a gardé sa nationalité italienne. Lino Ventura parlait le français sans aucun accent, ayant passé l'essentiel de sa vie en France, et s'exprimait en italien avec une pointe d'accent français. Il fait donc partie intégrante du patrimoine cinématographique français, il est plébiscité en 2005 à la {{23e}} place du classement des 100 plus grands Français de tous les temps.
En raison de sa mise à l'écart à l'école, due à ses origines, et pour aider sa mère à les faire vivre, il quitte l'école et commence à travailler dès l'âge de huit ans. Il exerce successivement divers métiers : groom, livreur mécanicien, représentant de commerce et employé de bureau.
Ses copains du square Montholon lui font découvrir le sport. À l'âge de 16 ans, {{Lien}}, un champion autrichien de lutte gréco-romaine résidant dans l’hôtel Baudin, le convainc de venir s'entraîner régulièrement à la lutte dans la salle des Gobelins puis dans celle de la porte d’Italie. Apprenant l'humilité et la fraternité, il se forge selon ses termes {{citation}}. C'est à cette époque, alors qu'il est coursier à la CIT (Compagnie italienne de tourisme), qu'il rencontre Odette Lecomte dans cette agence de voyages italienne.
Il est enrôlé dans l'armée italienne pendant la Deuxième Guerre mondiale. Au cours d'une permission en juillet 1943, il déserte pour rejoindre à Paris sa femme Odette qu'il a épousée en janvier 1942, puis, menacé de délation, il se réfugie dans une maison servant de grange à Baracé (il y reviendra après la guerre et achètera cette maison).
Après la guerre, il entame une carrière de catcheur, plus rémunératrice que la lutte, et participe à des combats à la Salle Wagram et au Cirque d'hiver où il lutte sous le nom de Lino Borrini, alias « la fusée italienne ». Sa carrière de catcheur atteint son apogée en février 1950 lorsqu'il devient champion d'Europe des poids moyens pour l'Italie. Elle prend fin le 31 mars 1950 après qu'Henri Cogan le blesse en le projetant dans des chaises en ferraille, lui occasionnant une double fracture ouverte à la jambe droite. Il devient alors organisateur de combats pour une vingtaine de catcheurs de son écurie.
En 1953, tout à fait par hasard, un de ses amis parle de lui au réalisateur Jacques Becker qui cherchait une force de la nature, de type italien, pour jouer face à Jean Gabin dans son film Touchez pas au grisbi. La rencontre se fait et Jacques Becker lui propose aussitôt le rôle d'Angelo, un chef de gang opposé aux personnages incarnés par Jean Gabin et René Dary, Lino refuse le rôle dans un premier temps. Alors qu'il ne joue qu'un second rôle, il demande un cachet d'un million d'anciens francs (cachet presque équivalent à celui de la vedette du film Jean Gabin), proposition qui est acceptée à sa grande surprise.
À la sortie de Touchez pas au grisbi, sa présence à l'écran est telle que toute la profession le remarque.
Immédiatement adopté par le milieu du cinéma, par Jean Gabin qui devient son grand ami, et par le public, sa carrure, sa « gueule » et son exceptionnel naturel de comédien font de lui l'interprète idéal du film noir, de truand et de policier dur à cuire au grand cœur.
Sans avoir pris de cours de comédie, il passe rapidement du statut d'acteur de second rôle à celui de tête d'affiche, son jeu d'acteur s'affinant. C'est le rôle du Gorille (dans Le Gorille vous salue bien de Bernard Borderie) en 1958 qui le lance comme vedette à part entière. Suivi de Classe tous risques avec Claude Sautet, en 1960, qui lui fait partager la vedette avec Jean-Paul Belmondo. Un film qui marque sa rencontre avec un auteur de la Série noire, José Giovanni. Il devient l'un des poids lourds du cinéma hexagonal et restera à tout jamais reconnu comme l'un des meilleurs acteurs du cinéma français. Il excelle dans les rôles traditionnels de truand ou de policier vieilli, fatigué, ou de l'homme d'expérience sensible à l'amitié virile. Son jeu d'acteur, d'ailleurs assez proche de sa propre nature, s'exprime pleinement sous la direction de Jacques Deray, de Jean-Pierre Melville ou de Robert Enrico où Lino joue dans Les Grandes Gueules et Les Aventuriers.
Acteur fétiche de Georges Lautner, il est l'inoubliable Fernand Naudin des Tontons Flingueurs (1963) et Francis Lagneau des Barbouzes (1964), deux classiques du cinéma français
En 1972, son rôle du mafieux (Vito Genovese) dans Cosa Nostra de Terence Young, avec Charles Bronson dans le rôle du repenti Joe Valachi, lui vaut une reconnaissance internationale.
À partir des années 1980, Lino Ventura tourne moins, comme si son personnage du film de Jacques Deray, Un papillon sur l'épaule, tourné en 1978, où il joue Roland Fériaud, cet homme de tous les jours manipulé par des forces obscures jusqu'à sa mort brutale sur un trottoir étranger, au milieu d'une foule indifférente, avait changé sa carrière. Il a évoqué ce type de personnage, une victime manipulée, lors d'un entretien, pour décrire son rôle d'espion à la retraite dans Espion, lève-toi, tourné en 1981: « C'est un type qui, à un moment donné, se retrouve seul, abandonné par ses amis, et par ses ennemis si je puis dire, parce que dans un sens, tout le monde s'arrange sur son dos (...), ce sont des situations que j'affectionne particulièrement ». Comme aussi le personnage du général dalla Chiesa dans Cent jours à Palerme qui tombe sous les balles de la mafia à laquelle il avait osé s'attaquer.
Sur la fin de sa carrière, Lino ne choisit ses rôles qu'en fonction du critère : « J'aime ou j'aime pas ! ». Ses derniers beaux rôles, seront pour Garde à vue de Claude Miller en 1981, où il interprète l'inspecteur Gallien qui interroge un notable (Michel Serrault) présumé coupable d'assassinat, et pour Les Misérables de Robert Hossein, sorti en 1982, où il incarne un Jean Valjean à la hauteur de ses prédécesseurs, Harry Baur et Jean Gabin.
Au sujet du choix de ses rôles, il déclare : « Quand on me parle d'un personnage à interpréter, je sais d'une façon immédiate si je peux le faire, si ça me convient ou si ça ne va pas ». Ainsi il refuse un rôle dans :
Tombe de Lino Ventura.
Il meurt le {{Date}} à son domicile de Saint-Cloud, d'une crise cardiaque à l'âge de 68 ans, après trente-quatre ans de carrière cinématographique et soixante-quinze films. Il repose au cimetière du Val-Saint-Germain dans l'Essonne.