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Velter, André (1945-....)

Biographie

En 1963, il rencontre Serge Sautreau à Paris. C’est le début d’une écriture commune, saluée d’emblée par Simone de Beauvoir et Jean-Paul Sartre, avec publications de premiers poèmes dans Les Temps modernes, avant l’édition chez Gallimard en 1966 de Aisha, dont Alain Jouffroy affirme dans sa préface qu’il s‘agit de « l’un des rares événements de la poésie écrite en langue française depuis 1945 ».

Pendant une dizaine d’années, il publie, seul ou avec Serge Sautreau, chez Fata Morgana, Seghers, Christian Bourgois, avant que de longs séjours en Afghanistan et dans l’Himalaya n’influent de façon décisive sur sa vie et son écriture. La découverte de l’univers tibétain en compagnie de Marie-José Lamothe, qui a entrepris la traduction des Œuvres complètes de l’ermite-poète Milarépa, inspire son recueil Le Haut-Pays (Gallimard), une série d’émissions sur France Culture : Tibet 87, renaissance ou illusion, et deux albums : Peuples du Toit du Monde (Le Chêne) et Ladakh-Himalaya (Albin Michel).

Tout en produisant sur France Culture les séquences de Poésie sur Parole (de 1987 à 2008) et les soirées-spectacles réalisées avec Claude Guerre (Les Poétiques, Orphée-Studio, etc), il ne renonce pas à ses voyages au long cours en Inde, au Tibet et dans tout l’Orient, ce dont témoigne l’ensemble de ses livres de poésie, les chroniques qu’il donne dans le journal Le Monde, autant que la revue Caravanes qu’il dirige avec Jean-Pierre Sicre aux éditions Phébus.

Il reçoit le prix Mallarmé en 1990 pour L’Arbre-Seul (« le livre le plus tonique depuis Alcools d’Apollinaire », selon Alain Borer) et le Goncourt/Poésie en 1996 pour l’ensemble de son œuvre. Concevant la poésie comme l’accès privilégié à la « vraie vie » entrevue par Rimbaud, il multiplie les complicités et les confrontations avec les autres arts. Ainsi plus de cent cinquante livres illustrés par des photographes (Jean Marquis, Gérard Rondeau, Marc Riboud, Marie-Laure de Decker, Marie-José Lamothe, Sabrina et Roland Michaud, Alain Buu, Olivier Dassault, Olivier Deck, Chris Steele-Perkins), par des peintres (Paul Rebeyrolle, Abidine, Ramón Alejandro, Babou, Alain Bar, Lise-Marie Brochen, Dado, Bertrand Dorny, Alexandre Galperine, Marc Gérenton, Francis Herth, Himat, Valentina La Rocca, Bernard Moninot, Jacques Monory, Antonio Saura, Antonio Segui, Vladimir Veličković, Youl, Zao Wou-Ki et surtout, comme « allié substantiel » : Ernest Pignon-Ernest). Ainsi de nombreux récitals et une dizaine de CD enregistrés avec comédiens (Bernard-Pierre Donnadieu, François Chaumette, Jean Négroni, Jean-Luc Debattice, Ghaouti Faraoun, Alain Carré, Laurent Terzieff, Jacques Bonnaffé), musiciens (Jean Schwarz, Philippe Leygnac, Igal Shamir, Pedro Soler, François-René Duchâble, Louis Sclavis, Gaspar Claus), chanteurs (Beñat Achiary, Tenzin Gönpo, Olivier Deck). Ainsi un compagnonnage cavalier avec Bartabas, qui se révèle dans les livrets consacrés aux spectacles du Théâtre équestre et dans les éditions revues et augmentées de Zingaro suite équestre (dessins d’Ernest Pignon-Ernest, Gallimard).

Le printemps 1998 qui, à moins de deux mois d’écart, voit la disparition de Marie-José Lamothe et de Chantal Mauduit, est le plus sombre de son existence. Les textes qui s’écrivent alors s’apparentent à des écrits de survie : Femme de Lumière, Marie-José Lamothe sur les chemins du Tibet (recueil d’hommages publiés par Question De – Albin Michel), L’amour extrême et autres poèmes pour Chantal Mauduit (Poésie/Gallimard). Si, en de telles circonstances, l’idée de « faire son deuil » le révolte profondément, il trouve cependant l’énergie de poursuivre, voire d’amplifier ses activités. Il donne des récitals dans le monde arabe (avec Adonis et Mahmoud Darwich), en Israël, en Indonésie, au Vietnam, au Mexique, en Inde… Il devient responsable de la collection de poche Poésie/Gallimard. Il crée, avec Jack Lang et Emmanuel Hoog, Le Printemps des Poètes, en 1999, et en assure la direction artistique pendant deux ans. À Reims, il participe à la programmation du festival À scène ouverte, avec Emmanuel Demarcy-Mota. À la Maison de la Poésie de Paris, il organise un hommage à Serge Sautreau, puis des soirées consacrées à François Cheng, Adonis et Juan Gelman…

Avec Zéno Bianu, il publie Prendre feu (Gallimard, 2013), un manifeste écrit à deux, mais qui, parlant d’une seule voix, renouvelle l’expérience initiale des années soixante, et garde intacte la volonté de changer et d’enchanter le monde.

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