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Radiguet, Raymond (1903-1923)

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Biographie

Premières années

Ainé de sept enfants, Raymond Radiguet est le fils du dessinateur Maurice Radiguet (1866-1941) et de Jeanne Marie Louise Tournier (1884-1958).

Après l'école communale, il passe l’examen des bourses et entre au lycée Charlemagne à Paris. Considéré d'abord comme un bon élève sauf dans les disciplines artistiques, il obtient ensuite des résultats scolaires médiocres qui le décident à quitter le lycée en 1914 pour faire l’école buissonnière. Il s’adonne entièrement à la lecture dans la bibliothèque familiale, dévorant les écrivains des {{XVIIe s}} et {{XVIIIe siècle}}s, notamment La Princesse de Clèves de {{Mme}} de Lafayette, puis Stendhal, Proust, et enfin les poètes, Verlaine, Mallarmé, Arthur Rimbaud, Lautréamont.

En avril 1917, Raymond rencontre Alice, une jeune voisine de ses parents à Saint-Maur qui vient de se marier avec Gaston, parti au front. La liaison de Radiguet (14 ans) avec Alice alors que le mari de celle-ci est dans les tranchées inspirera Le Diable au corps. Cette liaison ne durera qu'un an et, à partir de 1918, il s’éloignera peu à peu de la jeune femme.

Vie à Montparnasse

Raymond Radiguet par Modigliani (1915). À l’âge de 15 ans, il abandonne définitivement ses études et se lance dans le journalisme. En portant les dessins de son père au journal L’Intransigeant, il rencontre son rédacteur en chef, le poète André Salmon et lui soumet quelques poèmes. Il se lie avec Max Jacob, Pierre Reverdy, François Bernouard (le futur éditeur, en 1920, de ses poèmes, Les Joues en feu) ; il fait aussi la connaissance des peintres Juan Gris, Picasso, Modigliani, Jean Hugo ; enfin il fréquente les jeunes compositeurs, dont Milhaud (avec qui il créera plus tard la pantomime célèbre Le Bœuf sur le toit), Georges Auric, Francis Poulenc, Arthur Honegger. Aux débuts du Canard enchaîné, il signe quelques contes sous le pseudonyme de Rajky. Tout en étant journaliste pour L'Éveil et L’Heure, il continue à composer des poèmes.

Rencontre avec Jean Cocteau

En 1918, il fait une rencontre qui exercera sur sa future carrière une influence capitale : on le présente à Jean Cocteau, qui aussitôt devine — « À quoi ? Je me le demande », écrira-t-il plus tard dans La Difficulté d’être — un talent caché. Enthousiasmé par les poèmes que Radiguet lui lit, Cocteau le conseille, l’encourage et le fait travailler ; il l’aide ensuite à publier ses vers dans les revues d’avant-garde, notamment dans SIC et dans Littérature et le présente au secrétaire général du Quai d'Orsay, son ami Philippe Berthelot.

Ils deviennent inséparables et fondent en mai 1920 une petite revue : Le Coq, d’allure fantaisiste et de caractère essentiellement avant-gardiste à laquelle collaborent, entre autres, Georges Auric, le peintre Roger de la Fresnaye, Paul Morand et Tristan Tzara. Radiguet fait paraître dans le premier numéro un article qui débute par ces mots en capitales : « DEPUIS 1789 ON ME FORCE À PENSER. J’EN AI MAL À LA TÊTE. » Jean Cocteau y publie des vers et cette critique de la critique : « La critique compare toujours. L’incomparable lui échappe. »

L'amitié intense et souvent orageuse de Cocteau avec Radiguet a pu être une relation amoureuse, mais aucune preuve formelle n'en existe à ce jour. Il a eu au moins cinq liaisons confirmées: avec Alice Serrier, qui inspira le personnage de Marthe du Diable au corps, puis Beatrice Hastings après sa rupture avec Modigliani, puis, en 1919, avec la peintre Irène Lagut, qu'il cachait à Cocteau, et enfin en 1923, avec Bronia Perlmutter, mannequin chez Poiret et future femme de René Clair. Radiguet a également fréquenté, de manière platonique ou non: Valentine Hugo (que Jean Cocteau lui présenta le 15 mai 1920 au bal qui suivit la première de Pulcinella), Thora de Dardel, Marcelle Meyer, Mary Beerbohm, et Bolette Natanson, sans compter les femmes qui l'ont introduit dans le milieu littéraire et artistique: Eugénie Cocteau, la mère de Jean, Misia Sert et Coco Chanel.

Vers 1921, Radiguet abandonna la vie déréglée qu’il menait depuis quelques années et s’imposa une forte discipline intérieure. « Rien de moins ordonné que sa vie extérieure, écrira plus tard son ami Joseph Kessel, mais rien de plus harmonieux, de plus équilibré, de mieux construit et de mieux protégé que sa vie intérieure. Il peut traîner de bar en bar, ne pas dormir des nuits entières, errer de chambre en chambre d’hôtel, son esprit travaillait avec une lucidité constante, une merveilleuse et sûre logique. »

Œuvre littéraire

En septembre 1921, à Piquey, loin de Paris, où l’a entraîné Jean Cocteau, il a terminé Le Diable au corps. L’année suivante, au Lavandou cette fois, toujours avec Cocteau et ses amis, il écrit son deuxième et dernier roman, Le Bal du comte d’Orgel.

Le Diable au corps

En 1923, Bernard Grasset lance Le Diable au corps de façon spectaculaire, sur le thème : « le premier livre d’un romancier de 17 ans ». Devant une telle publicité, qu’elle juge de mauvais goût, la critique est surprise, voire moqueuse et hostile. Mais, après la publication, Radiguet reçoit de chaleureuses félicitations d’écrivains tels que Max Jacob, René Benjamin, Henri Massis et Paul Valéry. Le jeune écrivain écrit dans Les Nouvelles littéraires le jour même de la publication de son roman, le 10 mars 1923, un article dans lequel il affirme que son roman qui puise pourtant dans sa vie est « une fausse biographie » : « Ce petit roman d'amour n'est pas une confession […] On y voit la liberté, le désœuvrement, dus à la guerre, façonner un jeune homme et tuer une jeune femme […] le roman exigeant un relief qui se trouve rarement dans la vie, il est naturel que ce soit justement une fausse biographie qui semble la plus vraie ». Le livre est un grand succès de librairie et plus de 100000 exemplaires sont vendus en trois mois. Une édition bibliophilique a été réalisée par Pierre de Tartas (Imprimerie du Compagnonnage, 1961) avec des lithographies originales de Gabriel Dauchot.

Le Bal du comte d'Orgel

Le Bal du comte d'Orgel est publié en 1924 par Bernard Grasset, à titre posthume. Le roman raconte un triangle amoureux entre un jeune aristocrate et un couple à la mode. L'intrigue s'inspire de la déception de l'auteur avec la peintre Valentine Hugo.

Dans son émouvante préface, Jean Cocteau qui a pris part aux corrections des épreuves évoque la mort de son jeune ami :

« Voici ses dernières paroles:
“ Écoutez, me dit-il le 9 décembre, écoutez une chose terrible. Dans trois jours je vais être fusillé par les soldats de Dieu ”. Comme j’étouffais de larmes, que j’inventais des renseignements contradictoires : “ Vos renseignements, continua-t-il, sont moins bons que les miens. L’ordre est donné. J’ai entendu l’ordre. ”
Plus tard, il dit encore : “ Il y a une couleur qui se promène et des gens cachés dans cette couleur. ”
Je lui demandai s’il fallait les chasser. Il répondit : “ Vous ne pouvez pas les chasser, puisque vous ne voyez pas la couleur. ”
Ensuite, il sombra.
Il remuait la bouche, il nous nommait, il posait ses regards avec surprise sur sa mère, sur son père, sur ses mains.
Raymond Radiguet commence. »

Décès

Raymond Radiguet meurt emporté par une fièvre typhoïde mal diagnostiquée par le médecin de Cocteau le {{date}}. Dans son délire, il déclarait « J'ai peur, dans trois jours je serai fusillé par les soldats de Dieu ».

Avait-il le pressentiment de sa fin prématurée lorsqu’il écrivait dans les dernières pages du Diable au corps : « Un homme désordonné qui va mourir et ne s’en doute pas met soudain de l’ordre autour de lui. Sa vie change. Il classe des papiers. Il se lève tôt, il se couche de bonne heure. Il renonce à ses vices. Son entourage se félicite. Aussi sa mort brutale semble-t-elle d’autant plus injuste. Il allait vivre heureux. » ?{{non pertinent}}

Il est enterré au cimetière du Père-Lachaise (division 56). Tombe de Raymond Radiguet (cimetière du Père Lachaise, division 56)

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