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Noiret, Philippe (1930-2006)

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Biographie

Jeunesse et formation

Philippe Noiret naît en 1930 dans une famille de la petite bourgeoisie provinciale. Son père, Pierre Georges Noiret, descendant d'une vieille souche picarde, est vendeur de faux-cols dans une grande maison de confection, les Établissements Sigrand. Son père est passionné de littérature, de textes d'auteurs et de poésie. Sa mère d'origine belge, Lucy Clémence Ghislaine Heirman, est une femme au foyer qui lui donne une éducation catholique.

Après de multiples déplacements (Lille, Boulogne-sur-Mer, Berck, Lyon ou le Maroc entre 1936 et 1938), Philippe Noiret passe son enfance à Toulouse en Midi-Pyrénées, région à laquelle il reste très attaché. Il possède non loin de là une maison traditionnelle familiale, où il se ressource régulièrement lorsqu'il ne travaille pas et où il cultive sa passion de l'élevage de chevaux (à Montréal dans l’Aude, à vingt kilomètres à l'ouest de Carcassonne). C'est d'ailleurs dans les environs de sa propriété que l'ultime scène du film La Vie et rien d'autre de Bertrand Tavernier a été tournée, scène dans laquelle son personnage se promène à travers la campagne.

Il étudie au lycée Janson-de-Sailly dans le {{16e}} arrondissement de Paris, d'où il est exclu, puis, en septembre 1945, au collège de Juilly en Seine-et-Marne. Vivant mal son état de cancre, il chante à la chorale de la Cigale, filiale des Petits Chanteurs à la Croix de Bois, avec laquelle il se produira à la Basilique Saint-Pierre de Rome à Pâques en 1949. Il enregistre aussi un disque comme chanteur sous la direction de François Vercken.

Au pensionnat, il est complexé par ses camarades qui ont une ascendance aristocratique, aussi obtient-il la permission familiale d'arborer les armoiries d'un ancêtre que lui fabrique un héraldiste, ses parents vendant leurs alliances pour lui payer une chevalière portant discrètement son blason. C'est également au collège de Juilly que l'un de ses professeurs, père oratorien, lui révèle sa vocation de comédien. Afin de tester ses aptitudes, le Père Bouyer lui propose de mettre en scène des pièces de théâtre, invitant Julien Green et Marcel Jouhandeau aux représentations. Ces deux derniers écrivains confirment le potentiel de Philippe Noiret pour le métier de comédien.

En 1949, après avoir échoué trois fois au baccalauréat, il abandonne définitivement ses études et s'inscrit aux cours d'art dramatique de Roger Blin à Paris, à l'association de l'Éducation par le jeu dramatique (EPJD), fondée par Jean-Marie Conty. Puis il se forme au Centre dramatique de l'Ouest, où il rencontre Jean-Pierre Darras.

Carrière au théâtre

château d'Eu]] en Normandie en 2003.

En 1953, il entre au Théâtre national populaire (TNP) après une audition réussie dirigée par Jean Vilar et Gérard Philipe. Durant sept ans, il connaît la vie de troupe de théâtre, interprétant plus de quarante rôles et grands classiques (Le Cid de Pierre Corneille en 1953, Macbeth de William Shakespeare en 1954, Dom Juan de Molière en 1955, Le Mariage de Figaro de Beaumarchais en 1956, Le Malade imaginaire en 1957 ou L'École des femmes de Molière en 1958). Avec la troupe, il se produit notamment au Théâtre Chaillot et au Festival de théâtre d'Avignon, crée par Jean Vilar.
Il quitte le Théâtre national populaire en 1960 pour jouer dans la pièce de théâtre Château en Suède de Françoise Sagan, sous la direction d'André Barsacq, au Théâtre de l'Atelier.

Dans le même temps, il interprète avec succès un duo comique d'actualité politique avec Jean-Pierre Darras au cabaret : à l'Écluse, aux Trois Baudets, à la Villa d'Este et à l'Échelle de Jacob. À travers leurs personnages de Louis XIV et Jean Racine, les deux comédiens se moquent des politiques de Charles de Gaulle et Michel Debré ou André Malraux.

Mais étant de plus en plus sollicité par le cinéma à partir des années 1960, il abandonne alors le théâtre. C'est après trente ans d'absence, qu'il effectue en 1997 un retour remarqué sur scène dans Les Côtelettes de Bertrand Blier, où il joue le rôle « d'un pauvre mec de gauche qui se retrouve en train de glisser à droite ». La pièce est jugée sévèrement par la critique, mais est un succès auprès d'un certain public.
S'ensuivent L'Homme du hasard de Yasmina Reza aux côtés de Catherine Rich en 2001, Les Contemplations en 2002 où seul en scène il se livre à la lecture du texte de Victor Hugo et enfin Love Letters d'Albert Ramsdell Gurney avec Anouk Aimée en 2005, correspondance épistolaire de deux personnages durant toute leur vie. Ces pièces sont autant de succès critiques et publics.

Carrière au cinéma

Les années 1950-1960 : premiers pas et quelques succès

Formé au théâtre, Philippe Noiret envisageait à ses débuts de mener une carrière sur les planches, sans penser au cinéma.

En 1955, il a l'occasion de passer pour la première fois devant la caméra, sollicité par Agnès Varda pour sa première réalisation La Pointe Courte. À la dernière minute, il prend la place de Georges Wilson qui tombé malade, s'est désisté. De cette première expérience, il reste fortement marqué, du fait de se voir pour la première fois à l’écran (marchant de dos). Cette expérience est révélatrice du malaise qu'il ressent à l'époque du fait de son physique. Il surmontera ce malaise lorsqu'il tournera avec Jean Gabin, lequel s'appuyait sur lui, en quelque sorte.

Il ne retrouvera le grand écran que cinq ans plus tard, avec son rôle loufoque de l'oncle Gabriel dans Zazie dans le métro de Louis Malle (1960). Cependant, son incursion au cinéma sera lente. Alors que le paysage cinématographique est marqué par le mouvement de la Nouvelle Vague, il tourne avant tout sous la direction de réalisateurs de l'ancienne génération (comme Jean Delannoy, René Clair, Pierre Gaspard-Huit ou Jean-Paul Le Chanois), dans des films assez mineurs de leurs filmographies et le plus souvent dans des seconds rôles. Il démarre parallèlement une carrière internationale sous la direction de réalisateurs comme Peter Ustinov, William Klein ou Vittorio De Sica.

Après avoir joué un rôle dur dans Thérèse Desqueyroux de Georges Franju en 1962, c'est en 1966, qu'il se fait de nouveau remarquer avec un rôle important dans La Vie de château de Jean-Paul Rappeneau, film qui obtient le Prix Louis Delluc en 1966. En 1968, sa carrière prend un nouvel essor, avec Alexandre le bienheureux d'Yves Robert. Il obtient les faveurs de la presse et du public pour son rôle de cultivateur soumis à de rudes journées et ayant soudainement décidé d'arrêter de travailler. Le film sort quelques mois avant Mai 68 et les idées libertaires du personnage contribuent à son succès auprès du public. À la fin des années 1960, il acquiert une maison à Mareil-Marly, avec jardin contigu à celui de Jean Rochefort, son grand ami.

En 1969, il tourne avec Alfred Hitchcock dans le film d'espionnage L'Étau, au sein d’une distribution composée de comédiens français, notamment Dany Robin, Claude Jade, Michel Subor, Michel Piccoli.

Les années 1970 : la consécration

Un second film charnière de sa carrière est La Vieille fille de Jean-Pierre Blanc, tourné en 1971. La fin des années 1960 est ponctuée de films tournés à l'étranger et d'échecs retentissants (Clérambard en 1969 ou Les Caprices de Marie en 1970). Avec l'immense succès remporté par La Vieille fille, il s'implante définitivement dans le paysage cinématographique français, en confortant sa popularité auprès du public.

Tout au long de sa carrière, Philippe Noiret a fait preuve d’éclectisme dans ses choix, lui permettant de s’imposer aussi bien dans la comédie que dans le drame ou les films noirs. Sa femme, Monique Chaumette, a été une précieuse conseillère. De même, n'ayant pas le physique de jeune premier, il interprète des personnages de Monsieur Tout-le-Monde, tout en jouant avec son image. Il est sollicité pour des rôles de personnages odieux comme il avait déjà joué dans La Porteuse de pain (1963), pour des films avec une dimension engagée (comme Trois frères en 1980, interprétant un juge menacé de mort par les Brigades rouges ou Les Lunettes d'or en 1987, avec le rôle d'un homosexuel à l'époque fasciste). On lui refuse le rôle de Porthos au cinéma car "le metteur en scène ne l'a pas trouvé assez grand et a pensé qu'il n'avait pas l'humour du personnage". Ou encore, il n'hésite pas à accepter des rôles controversés. Ce fut le cas avec La Grande bouffe de Marco Ferreri aux côtés de Marcello Mastroianni, Michel Piccoli, Ugo Tognazzi et son épouse Monique Chaumette. Ce film délirant, où un groupe d'amis quinquagénaires, désabusés de la vie, décident de se suicider collectivement dans une dernière orgie en se gavant de nourriture et de sexe, provoque un scandale au Festival de Cannes en 1973. Par ailleurs, production franco-italienne, La Grande bouffe lui ouvre définitivement les portes d'une carrière en Italie.
Ainsi, dès 1973, il retrouve Marco Ferreri pour Touche pas à la femme blanche. Puis il tourne notamment Mes chers amis de Mario Monicelli (1975), dont l'énorme succès le fait définitivement adopter par le public italien et dont il tournera la suite en 1982 (Mes chers amis 2), Le Désert des Tartares de Valerio Zurlini (1976), Trois frères de Francesco Rosi (1980), La Famille d'Ettore Scola (1986), Les Lunettes d'or de Giuliano Montaldo (1987), puis Cinema Paradiso de Giuseppe Tornatore (1988) ou Le Facteur (1994) de Michael Radford. Au total, il tournera une vingtaine de films outre Alpes.

De même, les années 1970 sont marquées par sa rencontre importante avec le réalisateur Bertrand Tavernier. Comme il avait tourné dans Poil de carotte, premier film d’Henri Graziani, Philippe Noiret s’attache à tourner avec les réalisateurs se lançant dans leur première œuvre. Il aide ainsi Bertrand Tavernier à monter son premier film, L'Horloger de Saint-Paul en 1974, et devient un de ses comédiens fétiches marqué par une longue collaboration et une grande complicité (il a été le témoin de mariage de Bertrand Tavernier). Après cette première expérience de L'Horloger de Saint-Paul, ils tournent encore sept films ensemble : Que la fête commence (1975), Le Juge et l'assassin (1976), Coup de torchon (1981), La Vie et rien d'autre (1989) et La Fille de d'Artagnan (1994), films dans lesquels il endosse les premiers rôles ; et il effectue quelques participations amicales, d'une part dans Une semaine de vacances (1981) où il reprend son personnage de L'Horloger de Saint-Paul (le temps d'une scène, ce dernier évoque les événements relatés dans le film précédent et présente un personnage plus apaisé ayant tiré des leçons de la vie) et d'autre part, dans Autour de minuit (1986).

Le 3 avril 1976, il obtient son premier César du meilleur acteur pour son rôle dans Le Vieux Fusil de Robert Enrico. Il prend le rôle d’un médecin qui venge la mort de sa femme et sa fille, sauvagement assassinées par des soldats SS, à la fin de l'Occupation allemande. Le film remporte un énorme succès, et avec ce personnage fou de douleur face à la mort de sa femme interprétée par Romy Schneider, il impose l'image d'homme séduisant. Le face-à-face avec Romy Schneider, femme marquée par la vie, et malgré des débuts délicats, se révèle finalement comme une belle rencontre humaine entre les deux acteurs et donnera lieu à de grands moments de cinéma (notamment lors de la séquence tournée à La Closerie des Lilas qui relate la rencontre entre Julien Dandieu et celle qui deviendra l'épouse adorée du personnage. Il lui déclare de but en blanc qu'il l'aime et qu'il désire l'épouser après l'avoir regardée en silence). Il retrouve par la suite des personnages charmants, notamment face à Catherine Deneuve, Sabine Azéma, Charlotte Rampling, Simone Signoret, Fiona Gélin ou Ornella Muti. Du fait de cette image qu'il impose désormais, il devient le premier homme à faire la couverture du magazine féminin Elle en 1978.

En 1978, il prête sa voix au spectacle de nuit La Cinéscenie du Puy du Fou, aux côtés d'Alain Delon, Jean Piat, Suzanne Flon ou encore Robert Hossein.

Cependant, la fin des années 1970 est marquée par quelques difficultés connues par l'industrie cinématographique et des projets ne voient pas le jour. Philippe Noiret s'engageant sur certains de ces projets et attendant leur aboutissement, il tourne alors moins de films. Ou bien certains films sont entrepris mais ne sont pas menés à terme comme Coup de foudre de Robert Enrico (1977), avec Catherine Deneuve, et arrêté au bout d’une semaine de tournage. Puis il reste un an sans tourner, étant malade.

Les années 1980 : une figure incontournable du cinéma français

Il revient sur grand écran dans les années 1980 avec Pile ou face de Robert Enrico. Durant cette décennie, il devient un acteur incontournable du paysage cinématographique, tournant avec les réalisateurs reconnus : Pierre Granier-Deferre, Alain Corneau, Philippe de Broca, Bertrand Tavernier, Claude Chabrol, Claude Zidi ou Ettore Scola, ainsi que dans de multiples films ayant connu le succès. Il joue également des films au budget important comme Fort Saganne d’Alain Corneau (1984) ou Chouans ! de Philippe de Broca (1988).
En 1984, il tourne le premier volet de la trilogie à grand succès Les Ripoux de Claude Zidi, un tandem tonitruant de flics formé par Philippe Noiret et Thierry Lhermitte, où le premier initie le second, novice sorti de l’école, aux petites combines à l'amiable avec les petits truands. Il retrouvera son personnage de René Boisrond en 1990 dans Ripoux contre ripoux, puis Ripoux 3 en 2003. Régine, Line Renaud et Grace de Capitani endossent le costume de leurs compagnes prostituées.
En 1986, il tourne Masques de Claude Chabrol, critique de la télévision et du monde bourgeois. Il prend les traits d’un animateur de télévision qui derrière sa bonhomie cache une figure exécrable, n'hésitant pas à séquestrer et tuer pour arriver à ses fins.
Ou encore en 1988, il tourne Cinema Paradiso de Giuseppe Tornatore qui le rend internationalement célèbre notamment du fait de son accueil extrêmement chaleureux au Festival de Cannes 1989, ou encore La Vie et rien d'autre de Bertrand Tavernier pour lequel il reçoit son second César du meilleur acteur en 1990.

Les années 1990-2000 : une période en retrait

Philippe Noiret sur le plateau de la chaîne i-Télé, le 10 janvier 2000.

Dans les années 1990, Philippe Noiret continue à tourner parmi ses films les plus notables comme Uranus de Claude Berri (1990), J'embrasse pas d'André Téchiné (1991) où il endosse le rôle d’un homosexuel sollicitant les prostitués, Max et Jérémie de Claire Devers (1992) film noir où il interprète le personnage sombre d'un tueur à gages, ou encore Le Facteur de Michael Radford. (1994) où il campe le rôle du poète chilien Pablo Neruda exilé en Italie pour protester contre la dictature de González Videla. En 1996, il retrouve ses deux grands amis Jean Rochefort et Jean-Pierre Marielle dans un trio au sommet avec le film Les Grands Ducs de Patrice Leconte, mais le film n'obtient pas le succès escompté. En 1997, il retrouve son complice Philippe de Broca dans Le Bossu, où endosse de nouveau le costume du Régent Philippe d'Orléans, vingt ans après Que la fête commence.

En mai 2000, Gilles Jacob lui remet le Trophée du meilleur ouvrier de France.

Moins sollicité par le cinéma dans les années 2000, il revient sur les planches, avant un ultime succès sur grand écran avec Père et Fils de Michel Boujenah en 2003. Sur le ton de l'humour, il joue le personnage d’un père de famille s’inventant une maladie grave afin de partir en voyage avec ses trois enfants en vue de les réconcilier.

À l'occasion du {{date}}, alors qu'il l'avait toujours refusée auparavant (estimant que la reconnaissance venait du public), il se voit remettre la décoration de chevalier de la Légion d'honneur par le Premier ministre Dominique de Villepin. Il est alors âgé de 74 ans.

Vie privée

Famille

En 1962, il épouse la comédienne Monique Chaumette, rencontrée au Théâtre national populaire. Ils ont une fille, Frédérique Noiret (née le 25 mai 1960) qui est assistante de direction de tournage de cinéma et scénariste. Il est le grand-père de Deborah Grall, également comédienne.

Depuis les années 1980, il a arrêté toute consommation d'alcool à la suite d'une hospitalisation pour de graves douleurs au ventre, mais il fume deux cigares par jour

Décès

Tombe de Philippe Noiret au cimetière du Montparnasse à Paris.

Il meurt dans l'après-midi (vers 18 heures) du {{date}} à son domicile parisien, à l'âge de 76 ans, des suites d'un cancer généralisé. Son ami Jean Rochefort dit de lui : {{Citation}}

Parmi les hommages officiels, celui du président de la République Jacques Chirac : {{Citation}} et celui du ministre de la Culture Renaud Donnedieu de Vabres : {{Citation}}

Ses obsèques sont célébrées en la Basilique Sainte-Clotilde à Paris en présence de nombreux cinéastes et comédiens dont beaucoup ont tourné avec lui et du Premier ministre Dominique de Villepin. Très affectés, ses amis Jean-Pierre Marielle et Jean Rochefort ont préféré ne pas assister à la cérémonie. Il est inhumé le lundi {{date}} au cimetière du Montparnasse (troisième division) à Paris, face à la tombe de l'acteur et réalisateur Jean Poiret, de l'autre côté de l'avenue Transversale.

Résidences

  • Domaine de Turcy sur la commune de Montréal (Aude)
  • Rue de Bourgogne {{7e}} arrondissement de Paris
  • Mareil-Marly
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