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Fils de l'ingénieur Paul Nimier (1890-1939){{,}} — qui meurt alors que son fils n'a que quatorze ans — et de Christiane Roussel, il naît le 31 octobre 1925, quatre ans après sa sœur Marie-Rose. La famille habite sur le boulevard Pereire, dans le {{XVIIe}} arrondissement de Paris.
De 1933 à 1942, il fréquente le lycée Pasteur de Neuilly. Il est un brillant élève ; Michel Tournier, son condisciple en classe de philosophie, juge sa précocité « un peu monstrueuse » et son intelligence et sa mémoire « hors du commun ». En 1942, il obtient un premier accessit au concours général de philosophie.
Après son baccalauréat, il commence des études à la Sorbonne à la rentrée de 1942, tout en étant employé par la maison de philatélie Miro, dirigée par son oncle. Il s'engage avant la fin de la guerre, le 3 mars 1945, au {{2e}} régiment de hussards qui est situé à Tarbes ; il est démobilisé le 20 août 1945.
Nimier écrit dans un style proche de Giraudoux et de Cocteau un premier roman, très autobiographique, L'Étrangère, qui sera publié après sa mort. Nimier est publié pour la première fois, à vingt-trois ans, avec Les Épées (1948), un roman plein d'insolence, mêlant la tendresse à la provocation politique dans le contexte de la Seconde Guerre mondiale.
Deux années plus tard, paraissent son roman le plus célèbre, Le Hussard bleu, qui renouvelle la veine des Épées et où il ré-emploie le personnage de François Sanders, puis Perfide et Le Grand d'Espagne, un essai historico-politique au ton pamphlétaire qu'il conçoit comme un hommage à Georges Bernanos.
En 1951, il publie Les Enfants tristes, puis, en 1953, Histoire d'un amour. Suivant le conseil de Jacques Chardonne, qui juge sa production de cinq livres en cinq ans, trop rapide, il décide alors de ne publier aucun roman pendant dix ans. Entre-temps, Bernard Frank l'a sacré chef de file des Hussards en décembre 1952, dans un article célèbre paru dans Les Temps modernes, le nom de « Hussards » faisant référence au Hussard bleu.
La période d'abstinence romanesque n'est pas pour autant une période de silence. Nimier se consacre à la critique, notamment dans la revue Opéra qu'il dirige ; à la politique à travers des chroniques parues dans l'hebdomadaire royaliste La Nation française ; à l'édition comme conseiller auprès de Gaston Gallimard ; et au cinéma, notamment aux côtés de Louis Malle, avec qui il écrit le scénario dAscenseur pour l'échafaud.
Nimier s'élève vigoureusement contre l'asservissement de la littérature à la politique. François Mauriac est un des rares écrivains non conformistes qui partagent cette opinion et lui écrit ainsi un courrier avant de recevoir son Nobel : « Vous êtes le seul de votre génération. C'est vous qui délivrerez la littérature de l'engagement qui l'étouffe ».
Critique redoutable et éditeur courageux, il sort de l'oubli où l'opprobre voulait les jeter Céline, Morand et Chardonne, qui deviendront ses proches{{,}}.
Sur le chapitre politique, il cultive volontiers un certain anticonformisme de droite : Charles Maurras et l'Action française ont exercé sur lui une influence qu'il reconnaît. Il signe en 1960 le « Manifeste des intellectuels français » qui répond au Manifeste des 121 et soutient l'action de la France en Algérie.
Son ami Louis Malle vient tout juste de le solliciter pour l'adaptation au cinéma du Feu follet de Drieu la Rochelle lorsqu'il meurt, le 28 septembre 1962, dans un accident de voiture au volant de son Aston Martin DB4 sur l'autoroute de l'Ouest, sur le pont de la Celle-Saint-Cloud, en compagnie de l'écrivain Sunsiaré de Larcône. Il allait avoir trente-sept ans. Amateur de voitures (il avait déjà une Jaguar et une Delahaye), il en parlait souvent et écrivait à leur propos. Il avait même conclu son roman Les Enfants tristes par la description d'un accident de voiture. Tombe de Roger Nimier au cimetière Saint-Michel de Saint-Brieuc.
Son dernier roman, D'Artagnan amoureux, est publié quelques mois après. Ce roman posthume qui imagine le désarroi amoureux du héros de Dumas, annonçait peut-être une nouvelle phase dans l'œuvre de Nimier. Le roman inachevé au jour de son décès fut achevé par Antoine Blondin qui écrivit les deux derniers chapitres.