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Hella, Alzir (1881-1953)

Biographie

Alzir Hella est né dans le nord de la France, d'une famille ouvrière, en partie wallonne. Il était ouvrier typographe (correcteur), syndicaliste militant, anarchiste dans la grande tradition de cette communauté, mais c'est comme « homme de lettres » (le titre qu'il se donnait lui-même) qu'il reste connu.

Grâce à Émile Verhaeren dont il était l'ami, Hella a connu et traduit Stefan Zweig avec qui il a entretenu une importante correspondance où l'écrivain autrichien traite son traducteur avec beaucoup d'affection ; Hella était également l'agent littéraire de Zweig. Pendant la guerre, la Gestapo a pillé ses archives et volé ses sept cents lettres de Zweig. Le succès des livres de Zweig en France témoigne de la qualité des traductions.

De 1913 à 1931, Hella collabore à La Revue Européenne qui a présenté au public français des écrivains allemands comme Thomas Mann, Rainer Maria Rilke et Stefan Zweig. Il a participé au mouvement pacifiste et progressiste qui s'est particulièrement développé pendant la première guerre mondiale autour de Romain Rolland. Il a donc naturellement traduit Erich Maria Remarque (A l'Ouest, rien de nouveau qui eut un énorme succès – 500000 exemplaires en trois mois –, qui rendit célèbre son traducteur et qui faillit déstabiliser la fragile maison d'édition Stock) et Andreas Latzko (un écrivain pacifiste, admiré par Romain Rolland, et qui a témoigné des horreurs de la première guerre mondiale) ou Alfons Petzold (qui a témoigné de la vie des ouvriers).

Ses traductions d'écrivains romantiques allemands, comme Ernst Theodor Amadeus Hoffmann ou Jean-Paul Richter, font le pont entre les traductions du {{s-}} (Loève-Veimars, Egmont, Toussenel, Curzon) et les traductions modernes de référence d'Albert Béguin et Madeleine Laval. En 1926, plus d'un siècle après la mort de son auteur, il a ainsi donné la première traduction complète en langue française du très important roman d'Hoffmann Les Élixirs du Diable (ouvrage cité par Freud dans son célèbre texte L'inquiétante étrangeté), longtemps après des traductions romantiques de 1829 (très médiocre et incomplète) et de 1861 (encore incomplète). Les traductions, fréquemment faites en collaboration avec Olivier Bournac, sont souvent précédées d'une présentation par les traducteurs.

Malgré ses positions anarchistes connues, Alzir Hella fut peu à peu reconnu pour l'importance de son travail littéraire : il siégea à la tête des prud'hommes et reçut la légion d'honneur en 1950. Ses traductions sont très nombreuses et la bibliographie ne peut en donner qu'une faible part.

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