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Issu d'un milieu modeste, il passe son enfance à Fontenay-sous-Bois, dans la banlieue parisienne. Il vit alors chez ses grands-parents paternels, ses parents s'étant séparés lorsqu'il avait trois ans.
Il commence à dessiner à l'âge de 12 ou 13 ans, essentiellement des cowboys et des indiens. À 14 ans, son père lui montre un numéro de Fiction, revue que Jean Giraud continuera à acheter régulièrement, avec Galaxie, pendant une quinzaine d'années.
À l’âge de 15 ans, il vend sa première histoire au dessinateur Marijac. À seize ans, il commence sa formation technique à l’École des arts appliqués de la rue Dupetit-Thouars, à Paris, où il reste deux ans.
À dix-huit ans, il publie ses premières illustrations en travaillant pour la publicité, la mode ou la décoration. Il crée la même année sa première bande dessinée, Frank et Jérémie, publiée entre février et juillet 1956, dans les numéros 10 à 17 du mensuel Far-West. À partir de cette même année, il décide de se consacrer entièrement à la bande dessinée et collabore comme dessinateur à des revues telles que Fripounet et Marisette, Cœurs vaillants et Sitting-Bull.
Après avoir effectué un séjour de neuf mois au Mexique, chez sa mère, il effectue son service militaire, tout d'abord chez les chasseurs en Allemagne, puis en Algérie.
En 1961, il devient l'apprenti de Jijé, qui jouit à cette époque d'une solide réputation dans le monde de la bande dessinée européenne. À ce titre, Jean Giraud se charge de l'encrage d'un épisode de Jerry Spring, La Route de Coronado, une série western publiée dans le journal Spirou{{,}}. Il travaille aussi avec Jean-Claude Mézières sur la collection L'Histoire des civilisations chez Hachette en 1961 et 1962.
En 1963, Jean-Michel Charlier cherche un dessinateur pour un western à paraître dans Pilote et en parle à Jijé, qui propose à Jean Giraud d'en devenir l’illustrateur. Ainsi commencent les aventures du fameux lieutenant Blueberry, dont le très grand succès en a fait un classique du genre. Jean Giraud signe les planches de cette série du diminutif de Gir, mais son nom complet apparaît sur la couverture des albums.
La saga de Blueberry compte vingt-huit albums ainsi que deux séries dérivées (quinze volumes) : Marshall Blueberry (Jean Giraud, William Vance et Michel Rouge) et La Jeunesse de Blueberry (Jean Giraud, Colin Wilson & Michel Blanc-Dumont).
À partir de la fin des années 1960, Jean Giraud illustre une série de magazines et de livres de science-fiction dans lesquels il aborde des thèmes plus personnels et moins conventionnels. Ces illustrations sont signées Mœbius, pseudonyme inspiré du ruban de Möbius inventé par le mathématicien allemand August Ferdinand Möbius.
Ce pseudonyme est utilisé pour la première fois dans une bande dessinée intitulée L’Homme du {{s-}}, publiée en mai 1963 dans le numéro 28 d’Hara-Kiri. Mœbius apparaît une dizaine de fois dans Hara-Kiri jusqu’au numéro 40, sorti en 1964. Par la suite, Jean Giraud n'utilisera plus cette signature sur une planche de bande-dessinée jusqu'en 1971, mais il continuera à s'en servir pour ses illustrations de science-fiction. En 1970 il rencontre Alejandro Jodorowsky pour qui il réalise l'affiche du film El Topo.
En désaccord avec la ligne éditoriale du journal Pilote, il cesse de travailler pour la maison d'édition en 1974 (mais reviendra ponctuellement en 1976, 1983 et 1985). Il commence à illustrer des pages de L'Écho des savanes (publication de la BD, Cauchemar blanc) et fonde en 1975, avec Jean-Pierre Dionnet, Philippe Druillet et Bernard Farkas, le magazine Métal Hurlant.
Il peut ainsi créer et publier des bandes dessinées de science-fiction dans le style underground, comme Arzach (prépublié en 1975 dans MH, album en 1976) ou Le Garage hermétique (prépublié de1976 à 1979 dans MH, album en 1979 sous le titre Major fatal), qui influenceront une génération entière d'artistes. Il publie ces bandes dessinées sous le pseudonyme de Mœbius aux éditions Les Humanoïdes Associés, ainsi que Le Bandard fou, Les Yeux du chat, etc.
Ses illustrations de SF et Arzach, œuvre révolutionnaire pour l'époque, le font connaître à l'étranger et Jean Giraud/Mœbius est contacté par des cinéastes français et américains pour participer à la préproduction de films de science-fiction dans les années 1970.
Une première collaboration se noue avec Alejandro Jodorowsky et Dan O'Bannon, qui engagent Giraud pour les assister dans la création d'un film inspiré de Dune, le roman de Frank Herbert. Mais le projet est voué à l'échec, faute de moyens{{,}}. La collaboration avec Jodorowsky se poursuit néanmoins, avec la parution de L'Incal, une saga de science-fiction en six volumes parus entre 1980 et 1988.
L'aventure hollywoodienne de Jean Giraud n'est pas finie car il est engagé en 1977 par Ridley Scott pour participer à la conception graphique des costumes d’Alien, le huitième passager. Par la suite, il acceptera d'autres collaborations pour le cinéma. Ainsi en 1982, il dessine les décors et les costumes du film Tron puis il réalise le story-board et crée les personnages du film d'animation Les maîtres du temps de René Laloux.
En 1988, Jean Giraud part vivre à Los Angeles et illustre une histoire du Surfer d'argent en collaboration avec Stan Lee, selon la méthode Marvel. Circonstance rare pour un auteur européen, cette contribution a influencé plusieurs auteurs de comics, comme Jim Lee ou Mike Mignola. Il continue de travailler sur des films américains comme Les Maîtres de l'univers réalisé par Gary Goddard pour lequel il dessine les personnages, Willow et Abyss mais pour ces derniers ces créations ne sont pas reprises par les illustrateurs suivants. Il est également cofondateur des Éditions Aedena avec Jean Annestay et Gérard Bouysse, et travaille notamment sur des œuvres en tandem avec Geof Darrow ou Tanino Liberatore. Il est aussi l'auteur d'une autobiographie : Giraud Mœbius : Histoire de mon Double, aux Éditions {{Numéro}}.
En 1996, son épouse, Isabelle Giraud, reprend la maison d’édition et galerie Stardom, devenue aujourd'hui Mœbius Production. Ils éditent ensemble livres, sérigraphies et affiches en édition limitée, consacrés à son œuvre. En 1997, Luc Besson l'engage pour travailler sur Le Cinquième Élément. En 1999, il est président du jury de la première édition du Festival international des Très Courts.
En 2002, il crée la série Arzach Rhapsodie en quatorze épisodes pour la télévision. Du {{date}} au 13 avril 2005 se déroule à l'hôtel de la Monnaie à Paris l'exposition Miyazaki-Mœbius. Elle met en parallèle les travaux de Jean Giraud et de Hayao Miyazaki, célèbre réalisateur de films d'animation japonais du studio Ghibli. Plus de 300 dessins y ont été exposés. En mai 2006, est émis en France un carnet de timbres sur le thème des vacances du futur, dont le dessin est réalisé par Jean Giraud.
Avec le magicien Gérard Majax en février 2008, il participe à la réalisation d'une nouvelle attraction du Parc du Futuroscope, La Citadelle du Vertige, inspirée des univers du Garage hermétique. En octobre 2010, la Fondation Cartier pour l'art contemporain organise la première rétrospective majeure consacrée à l’œuvre de Giraud-Mœbius. La même année il réalise le court métrage La Planète encore avec Geoffrey Niquet. En 2011, il participe à l'exposition Tron L'héritage à la galerie Chappe.
Détail de la tombe de Moebius au cimetière Montparnasse.
Jean Giraud meurt le 10 mars 2012 d'une embolie pulmonaire consécutive à un lymphome. Selon Benoît Mouchart, directeur artistique du festival d'Angoulême, Giraud/Mœbius restera dans l'histoire au même titre que Dürer ou Ingres.
Il est inhumé à Paris le 15 mars 2012, au cimetière du Montparnasse ({{9e}} division), après une cérémonie religieuse à la basilique Sainte-Clotilde.