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Chopin, Frédéric (1810-1849)

Contents


Biographie

La jeunesse en Pologne (1810-1830)

La famille

Nicolas Chopin Justyna Chopin

Arbre généalogique

{{Arbre généalogique/début}} {{Arbre généalogique}} {{Arbre généalogique}} {{Arbre généalogique}} {{Arbre généalogique}} {{Arbre généalogique}} {{Arbre généalogique/fin}} {{clr}}

Tekla Justyna Krzyżanowska (1782-1861)

{{article détaillé}} La mère de Frédéric Chopin est originaire de la petite noblesse de Dlugie, en Cujavie. Elle a eu une éducation soignée, sait jouer du piano et chanter d'une voix de soprano. Orpheline, elle a été recueille par la comtesse Ludwika Skarbek, qui possède un petit domaine à Żelazowa Wola, dans le Duché de Varsovie. La comtesse est {{refnec}} d'un parent de Justyna. Avant la naissance de Frédéric, la future mère y tient le rôle d'intendante, surveillant les domestiques et les fermiers.

Nicolas Chopin (1771-1844)

C'est un fils de paysan né en Lorraine, à Marainville-sur-Madon ; son éducation a été assurée par la famille Weydlich, nobles d'origine polonaise qui rentrent dans leur pays en 1787 accompagné de l'adolescent. Émigré en Pologne dès l'âge de 16 ans et bien intégré dans son pays d'élection, Nicolas Chopin connaît une ascension sociale dans la bourgeoisie intellectuelle. De précepteur des enfants de la comtesse Ludwika Skarbek, il devient répétiteur de français, puis professeur au lycée de Varsovie et, à partir de 1820, à l'école militaire d'application.

Leur mariage a lieu à Żelazowa Wola le {{date}} où naissent Ludwika, puis Frédéric (le {{date}}). Frédéric est seulement ondoyé à la naissance et n'est baptisé que le 23 avril, par le vicaire de la paroisse Saint-Roch de Brochow, Jozef Morawski, qui établit l'acte de baptême ; le même jour, le curé, Jan Duchnowski, établit l'acte de naissance, en tant que « fonctionnaire de l'état civil de la commune paroissiale de Brochow, département de Varsovie ».

La petite enfance

La maison familiale à Żelazowa Wola Ils déménagent à Varsovie quelques mois après la naissance de Frédéric. Ils habitent d'abord dans l'ancien palais de Saxe, qui abrite le lycée, et ouvrent un pensionnat pour les fils des riches familles terriennes. Deux autres filles naissent en 1811 et 1812. En 1817, la famille déménage avec la pension au palais Kazimierz, en même temps que le lycée de Varsovie.

Les parents de Frédéric achètent rapidement un piano, instrument en vogue dans la Pologne de cette époque. Sa mère y joue des danses populaires, des chansons ou des œuvres classiques d'auteurs comme le Polonais Ogiński. Les enfants sont initiés très tôt à la musique. Wojciech Żywny (1756-1842)

Frédéric se révèle précocement très doué. Il n'a que six ans lorsque ses parents décident de confier sa formation à un musicien tchèque, Wojciech Żywny, violoniste qui gagne sa vie en donnant des leçons de piano chez les riches familles de Varsovie. Il a probablement été formé par un élève de Bach à Leipzig. Ce professeur est original ; il apprécie surtout Bach, alors peu connu, Mozart et Haydn, c'est-à-dire des compositeurs d'une autre époque. Il est sceptique vis-à-vis des courants contemporains comme le « style brillant » d'un Hummel, alors très en vogue. Une spécificité de Żywny est de laisser une grande liberté à l'élève, sans imposer de méthode particulière ou de longues heures d'exercices abrutissants. Que le professeur de piano du musicien ait été un violoniste de métier fait parfois dire que {{Citation}}{{,}}. Si toute sa vie, Le Clavier bien tempéré sera considéré par Chopin comme la meilleure introduction à l'étude du piano, ses premières compositions sont plus dans l'air du temps. En 1817, il compose deux polonaises inspirées des œuvres d'Ogiński. Le langage harmonique est encore pauvre, mais la subtilité et l'élégance, qui caractériseront plus tard les œuvres du maître, sont déjà latentes.

Comme le fait remarquer le compositeur André Boucourechliev, {{Citation}} ; à l'âge de huit ans, Frédéric a tout de l'enfant prodige. Si les comparaisons avec Mozart ne manquent pas, les situations sont néanmoins différentes car Nicolas Chopin n'a rien d'un Léopold Mozart. Frédéric se produit fréquemment dans les cercles mondains de l'aristocratie de Varsovie, {{Citation}}. À huit ans, le musicien joue avec un orchestre et cette prestation est évoquée dans la presse locale. Il joue souvent devant le grand duc Constantin, frère du tsar, une fois devant la célèbre {{Citation}} et à partir de 1818 le « petit Mozart » est déjà célèbre à Varsovie. Le musicien gardera toute sa vie un goût prononcé pour la politesse et la sophistication de la vie aristocratique à laquelle il a été initié dès son plus jeune âge.

Le jeune Chopin grandit {{Citation}}, dans une atmosphère aimante et chaleureuse où il développe un caractère doux et espiègle, sous le regard affectueux de sa mère qui, au dire de George Sand, {{Citation}}.

Les années de lycée

Fryderyk Chopin en 1829 Si la mère Justyna est une figure clé de la petite enfance de Frédéric, son père joue un rôle majeur durant les années de lycée. Nicolas lui apprend l'allemand, le français et, quand Frédéric le souhaite, il dispose dans cette langue d'un « joli coup de plume » comme en témoigne une lettre à George Sand : {{Citation}}. La position sociale du père est devenue celle d'un intellectuel établi et, tous les jeudis, Frédéric voit défiler des figures intellectuelles phares du Varsovie de l'époque comme l'historien Maciejowski, le mathématicien Kolberg, le poète Brodziński et les musiciens Elsner, Jawurek ou Würfel.

En 1822, Żywny n'a plus rien à apprendre au jeune Chopin et le tchèque Würfel devient son professeur d'orgue. À l'opposé de Żywny, ce professeur est un tenant du « style brillant » : {{Citation}}. Elsner, directeur du Conservatoire, dans la même mouvance que Würfel, donne de temps en temps à Frédéric des cours d'harmonie et de théorie des formes musicales. Ce style fascine le jeune musicien, qui, en 1823, interprète des concertos de style brillant de Field et de Hummel dans le cadre de concerts de bienfaisance. Cette influence est aussi visible dans ses compositions, par exemple les Variations en mi majeur, composées durant ces années de lycée.

C'est à l'occasion des vacances, passées dans la campagne polonaise, que Frédéric prend conscience de la richesse du patrimoine de la musique populaire. Il passe plusieurs étés à Szafarnia en Mazovie et participe à une noce et à des fêtes des moissons. Dans ces occasions, il n'hésite pas à prendre un instrument. Il transcrit les chansons et danses populaires avec le soin et la passion d'un ethnologue. Il parcourt les villages et les bourgs des environs à la recherche de cette culture et va jusqu'à payer une paysanne pour obtenir un texte exact. Sa passion ne se limite pas à la Mazovie, puisque sa Mazurka en si bémol majeur de 1826 intègre des formules rythmiques de la région d'origine de sa mère, la Cujavie.

Selon André Boucourechliev, à travers à la fois l'intelligentsia à laquelle son père lui donne accès, la campagne populaire et l'amour maternel, {{Citation}}. Et, comme le remarque la biographe Marie-Paule Rambeau, {{Citation}}.

Le conservatoire

Józef Elsner À l'automne 1826, le musicien amateur quitte le lycée pour le Conservatoire de musique de Varsovie, dirigé par Elsner. Il y fait la rencontre d'Ignacy Feliks Dobrzyński, son condisciple également très doué, et suit à l'université les cours de l'historien Bentkowski ainsi que ceux du poète Brodziński. À cette époque, la querelle littéraire entre les partisans d'une esthétique classique et les romantiques fait rage à Varsovie. Le poète choisi par Frédéric représente la modernité, à l'opposé du professeur Ludwik Osiński. Pour Brodziński, l'artiste {{Citation}}. Pour Boucourechliev, {{Citation}}. L'influence du cours de littérature ne se limite pas à sa position sur le romantisme. Dans un pays de plus en plus bâillonné par l'autoritarisme russe, la création d'un art national est une préoccupation du poète, partagée par Elsner, ainsi que par de nombreux intellectuels polonais. Brodziński précise : {{Citation}}.

Au conservatoire, le jeune musicien apprend la rigueur dans la composition. En 1828 Chopin écrit sa première sonate, en ut mineur. Cette obsession de maîtriser parfaitement les techniques de son art dans une œuvre monumentale conduit à des faiblesses et {{Citation}}. À la même époque, le musicien compose deux polonaises, en ré mineur et en si bémol majeur qui {{Citation}}, mais {{Citation}}. C'est néanmoins vers cette époque, que Chopin atteint sa maturité avec des œuvres comme les Variations en si bémol majeur sur le thème de Là ci darem la mano du Don Giovanni de Mozart, à l'origine d'un célèbre article de Schumann qui utilise l'expression {{Citation}}. C’est aussi dans cette période que le musicien parvient à intégrer dans des œuvres déjà matures, une sensibilité polonaise, avec par exemple un Rondeau de concert à la Krakowiak, terminé en 1828.

La maturation

De l'adolescence à l'âge adulte

Certains sentiments affectifs, caractéristiques de la vie d'adulte de Chopin, sont déjà présents durant cette période. Les camaraderies acquises au lycée deviennent de véritables amitiés. Mais on trouve déjà, dans sa correspondance, des traces de solitude et même de nostalgie, comme le montre cette lettre écrite à {{Lien}} : {{Citation}}. Tytus Woyciechowski et Julian Fontana resteront les confidents de Chopin durant l'essentiel de sa vie.

Une tragédie marque profondément son âme slave. Sa cadette Emilia, atteinte par la tuberculose, meurt en deux mois le {{date}}. C'est probablement à ce moment que Frédéric contracte la maladie qui ne le quittera jamais.

Cette période est aussi celle des premiers sentiments amoureux. Lorsque le compositeur écrit à Tytus : {{Citation}}, il évoque la cantatrice débutante Constance Gladkowska, à qui il ne se déclarera jamais. Pour Boucourechliev, {{Citation}}. Le musicologue se demande si cet amour sublimé {{Citation}}.

Les premiers concerts publics

D'autres éléments ont contribué à faire de l′enfant prodige un musicien professionnel reconnu. Varsovie propose au jeune Chopin de nombreux concerts et opéras, qu'il suit attentivement. Il entend la pianiste Maria Szymanowska, le Barbier de Séville, dont il critique violemment la représentation -- {{Citation}}—ou Paganini. Cette découverte de la modernité n'est pas sans influence sur ses goûts : {{Citation}}. Après le conservatoire, où il a pourtant appris la composition d'orchestre, Chopin devient {{Citation}}, le piano.

À la fin de cette période, Chopin désire donner de véritables concerts publics rémunérés. Le premier, où il improvise, a lieu le {{date}}. Le {{date}}, il en donne un second avec, au programme, son Concerto en fa mineur. Chopin est déjà reconnu : le concert est donné à guichet fermé. Cinq jours plus tard, le compositeur se produit de nouveau en public, avec le même concerto et le Rondeau de concert à la Krakowiak. Le Décaméron polonais du 31 mars indique : {{Citation}}. Le 11 octobre de la même année, le compositeur donne un grand concert d′adieu à sa ville.

Les premiers voyages à l'étranger

Pour Chopin, l'essentiel en effet ne se joue plus à Varsovie. En 1829, il déclare : {{Citation}}. Depuis l'âge de 18 ans, il supporte de moins en moins le cadre étroit de Varsovie. Un premier voyage à Berlin est organisé en septembre 1828 avec le scientifique Feliks Jarocki. Mais le séjour s'avère décevant : ni concert ni rencontre intéressante. Encouragé par Elsner, il se rend une première fois à Vienne fin août 1830 et y fait fureur. Ce court voyage ne lui suffit pas. Comme au Hongrois Liszt, le métier d'artiste impose à Chopin une carrière internationale et Constance Gladkowska lui écrit : {{Citation}}. Ce n′est cependant pas sans appréhension qu'il quitte sa terre natale et il écrit à Tytus : {{Citation}}.

C'est le {{date}} que Chopin quitte la Pologne. Le musicologue Boucourechliev s'interroge : {{Citation}}

Vienne (novembre 1830-juillet 1831)

Passé par Dresde et Prague, Chopin arrive à Vienne avec son ami Tytus le {{date}}, espérant renouer avec le succès de son précédent voyage. Les premiers jours sont heureux : il rencontre le compositeur Hummel, le facteur de pianos Graf, le médecin impérial Malfatti, dont l'épouse est polonaise ; il assiste à plusieurs opéras.

Plusieurs éléments concourent ensuite à rendre la vie du musicien difficile, en particulier l'évolution politique en Pologne. L'agitation révolutionnaire, après la France en juillet) et la Belgique en octobre, atteint la Pologne qui se révolte contre la tutelle russe : l'insurrection débute le 29 novembre. Tytus quitte Chopin pour la rejoindre ; le virtuose se trouve en proie à une solitude, mêlée d'un sentiment d'impuissance patriotique poussé à son paroxysme. Les Autrichiens ne sont guère favorables aux Polonais : {{Citation}}.

De plus, les Viennois, sous le charme des valses de Strauss, sont insensibles à la poésie du Sarmate. Il ne faut pas moins de sept mois passés à Vienne pour que Chopin puisse participer à un concert, sans rémunération (le {{date}}). La critique loue ses qualités de virtuose, mais reste sceptique vis-à-vis de son Concerto pour piano et orchestre {{n°}}1 en mi mineur : {{Citation}}.

La reconnaissance du public n'est pas au rendez-vous avec Chopin, {{Citation}}. Pour créer son propre univers sonore dans cette œuvre didactique, le musicien s'inspire de Bach pour les deux premières études et de Mozart pour l{{'}}Étude {{n°}}6.

Dégoûté et à court d'argent, Chopin quitte Vienne le {{date}} pour tenter sa chance à Paris. L'ambassade russe à Vienne a d'abord refusé un passeport pour la France, puis en accorde un « pour Londres, via Paris ». Le voyage se fait par Salzbourg, Munich, où il donne un concert, et Stuttgart où il séjourne début septembre. C'est là que, le 8, il apprend la nouvelle de la chute de Varsovie, sans savoir ce qu'il advient de sa famille. Cette situation n'est pas sans influence sur l'artiste : {{Citation}}.

Paris (1831 - 1838)

L'intégration

Friedrich Wilhelm Michael Kalkbrenner]] 27 Boulevard Poissonnière, Paris

Arrivé à Paris en septembre 1831, Chopin s'installe dans le quartier bohème et artiste, au 27 du boulevard Poissonnière.

L'intégration politique

Le contexte politique parisien est favorable à la cause polonaise. De nombreux émigrés ont rejoint cette capitale et les plus importants forment une communauté que fréquente le musicien dans les salons de l'Hôtel Lambert, dans l'Île de la Cité ; il devient aussi membre de la Société littéraire polonaise et donnera même en 1835 un concert de bienfaisance au profit des réfugiés. Il n′est cependant pas vraiment militant et le tapage des manifestations le dérange : {{Citation}}.

L'intégration sociale

Les Polonais le lancent dans la capitale ; le musicien donne des leçons de piano à la comtesse Potocka, et grâce à son aide et à celle de Valentin Radziwill, il devient le professeur de piano « élégant » de l'aristocratie polonaise en exil et des milieux parisiens les plus fermés. Dès mars 1832, il déménage dans la petite cité Bergère, plus calme et plus adaptée. Cette activité, à laquelle il consacre le quart de son existence, est bien rémunérée (il prend vingt francs-or de l'heure), et lui assure l'aisance matérielle. Elle lui ouvre aussi la porte du monde aristocratique, qui l'accueille comme un ami et où il se sent bien : {{Citation}}. En 1836, il déménage au 38, rue de la Chaussée d'Antin, {{Citation}}.

L'intégration artistique

Durant cette période qui suit la bataille d'Hernani, les romantiques sont actifs dans tous les domaines. Victor Hugo écrit Notre-Dame de Paris (1831), Le roi s'amuse (1832) et Balzac écrit ses œuvres majeures, tandis que Delacroix innove et traduit le romantisme en peinture. En musique, Berlioz est le chef de file des romantiques. Dans ce domaine, la première place est néanmoins tenue par l′art lyrique, avec pour vedette Rossini. Le piano est pratiqué par les plus grands virtuoses : Liszt et Kalkbrenner habitent la capitale. Avec d′autres brillants interprètes comme Hiller, Herz ou Pleyel, ils font de Paris la capitale du monde pianistique.

Chopin y est, dans un premier temps, un auditeur infatigable. Il découvre Le Barbier de Séville, l'italienne à Alger, Fra Diavolo ou encore Robert le Diable, qui le laisse bouleversé : {{Citation}}. Le musicien rencontre rapidement Kalkbrenner et son admiration n'a pas de mesure : {{Citation}}. Cette rencontre lui permet de donner un premier concert le {{date}}. Il ne fait pas salle comble et le public est surtout formé par des Polonais, mais la critique n'est pas mauvaise. François-Joseph Fétis écrit dans la Revue Musicale : Son {{Citation}}. Il se produit de nouveau les 20 et 26 mai et la critique devient plus élogieuse : {{Citation}}. Cette période est riche en concerts donnés par le musicien. Si, en 1833 le compositeur-pianiste est encore un soliste étranger dans la capitale, l'année 1834 est celle de la transition et lors de son concert du 25 décembre, il est devenu, pour la critique spécialisée, l'égal des plus grands.

Amitiés

Franz Liszt Dans son livre Soixante ans de souvenirs, Ernest Legouvé indique : {{Citation}}. Chacune des composantes de cette trinité est un sésame qui ouvre au musicien la porte à des amitiés qu'il gardera parfois toute sa vie. Delfina Potocka Depuis son plus jeune âge, le polonais fréquente l'aristocratie. Il a intériorisé ses règles, sa politesse et son savoir vivre : {{Citation}}. L'amitié entre la comtesse Delphine Potocka, réputée très belle riche et protectrice, et le musicien est fondée sur un sentiment de respect et d'estime mutuel. Cette affinité entre le musicien et le milieu aristocratique favorise une expression de la dimension artistique de Chopin dans les salons : {{Citation}}. Comme bien d'autres, le marquis de Custine est sous le charme : {{Citation}}. La mondanité de Chopin est à l′origine d′un stéréotype : « le poète décadent des chloroses et des névroses » ou encore « l'incarnation du rubato, favori des jeunes filles de pensionnats », même si le public des salons n'est pas toujours victime de cette interprétation facile.

L’homme du monde est indissociable du virtuose. Le quasi autodidacte a développé dans son enfance une technique propre dont la concentration auditive et la décontraction musculaire sont les postulats. Cette virtuosité, si différente des puissantes interprétations d’un Liszt, subjugue l'univers pianistique parisien et en premier lieu Kalkbrenner. Liszt et Hiller tombent rapidement sous le charme : {{Citation}}. Ce touché unique est à l'origine d'une amitié profonde avec le virtuose fabriquant de pianos Camille Pleyel. Le virtuose précise : {{Citation}}. Pleyel ne se remettra jamais totalement de la mort de son ami. Eugène Delacroix photographié par Nadar Chopin est aussi un compositeur et {{Citation}}. Durant cette époque, où la guerre entre les classiques et les romantiques est ouverte, Chopin est de plain-pied dans la modernité. Berlioz, qui comprend sa musique alors que Chopin ne comprend pas la sienne, se lie d'amitié avec le poète sarmate. Avec Liszt, Mendelssohn et Hiller, ces deux compositeurs forment la tête de pont du romantisme musical parisien. Ils se rencontrent fréquemment dans une ambiance informelle, comme le montre ce petit mot de Berlioz {{Citation}}. D'autres artistes, de passage à Paris, se lient d'amitié avec le Sarmate. Schumann lui voue une admiration sans limite et {{Citation}}. Les amitiés artistiques de Chopin dépassent le cadre de la musique. Delacroix devient l'un de ses plus proches amis en 1835 : {{Citation}}. Balzac est aussi un admirateur : {{Citation}}.

Les fiançailles avec Maria Wodzińska

Maria Wodzińska Cette période est marquée par un épisode sentimental, qui rappelle celui qu'il a vécu avec Constance Gladkowska, mais qui est, selon Boucourechliev, bien moins important que les amitiés nouées à cette époque.

Entre 1831 et 1835, Chopin, aux yeux de la loi française, est un Polonais résidant à Paris, avec un permis de séjour précisant qu'il a quitté la Pologne avant l'insurrection et qu'il est de père français. À partir de 1835, il obtient la nationalité française à part entière, et est déclaré de père et de mère française. À la différence des Polonais, il n'a plus besoin d'entrer en communication avec l'administration russe pour voyager ailleurs qu'en Pologne.

En août 1835, il se rend à Karlsbad où sa famille est venue en cure : {{Citation}}, écrit le compositeur. À la suite de ces retrouvailles polonaises, Chopin rejoint à Dresde la famille Wodziński, dont les fils étaient ses camarades de jeux à la pension de ses parents. Le musicien tombe amoureux de leur jeune sœur de seize ans, Marie. {{Citation}} mais, malgré son jeune âge, elle a déjà séduit le poète Juliusz Słowacki, ainsi que le comte de Montigny. Au bout d'une semaine, Chopin quitte les Wodziński et un amour inavoué et épistolaire, que Boucourechliev qualifie d′imaginaire, se développe. L’année suivante, Chopin retrouve la jeune fille à Marienbad. La veille de son départ, Chopin finit par demander sa main. Marie accepte, mais se soumet à la décision de sa mère ; celle-ci ne s'oppose pas catégoriquement, tout en exigeant le secret. Pour Boucourechliev, {{Citation}} : cela se termine par une rupture en mars 1837. Il conclut : {{Citation}}.

Cette période de son existence est finalement la plus sereine du maître polonais. Il apprécie une vie mondaine qui n'est pas sans conséquence sur son activité de compositeur. Marie ne lui inspire {{Citation}}, celle en la bémol majeur op. 69. Pour le reste, il termine son cahier dÉtudes op. 25, quelques Nocturnes, la première Ballade, une vingtaine de Mazurkas, deux Polonaises et cinq Valses : un travail léger et brillant, coloré d'insouciance.

Paris (1838 - 1848)

La carrière musicale

Au cours de ces années, Chopin donne peu de concerts, mais a de nombreuses représentations pianistiques dans différents contextes.

Il convient tout d'abord de mentionner l'hommage rendu en avril 1839, à Marseille, au ténor Adolphe Nourrit, décédé le mois précédent en Italie. Lors de la messe de requiem célébrée pour le défunt, Chopin joue à l'orgue de Notre-Dame du Mont Les Astres, un lied de Franz Schubert.

Au mois d'octobre de la même année, le roi Louis-Philippe, curieux d’entendre le Polonais, l'invite avec le pianiste Ignaz Moscheles à Saint-Cloud. En présence du roi, de la reine Marie-Amélie, de madame Adélaïde et de la duchesse d'Orléans, épouse de Ferdinand-Philippe d'Orléans (1810-1842), le fils aîné du roi, Chopin joue avec Moscheles ses Études, ses Nocturnes et une sonate à quatre mains de Mozart. Plus qu'un succès, c'est un véritable triomphe.

Au printemps 1841, Chopin donne, de nouveau chez Pleyel, un concert magistral que Franz Liszt (avec qui il domine maintenant le Paris pianistique de l'époque) commente le lendemain dans la Gazette musicale. Occupé par d'autres activités et n’appréciant pas, contrairement à Liszt, de jouer en public, il ne donnera pas de concerts dans les années suivantes. Il préfère jouer pour ses amis au cours des nombreuses soirées passées à son appartement de la rue Pigalle. Parmi les invités et musiciens de ces concerts privés, se trouvent Sainte-Beuve, Mickiewicz, Marie Poznanska, Delacroix, Berlioz, ainsi que nombre d'exilés polonais. Des témoignages sur ces concerts privés, joués à la faible lueur de bougies dans le coin sombre du petit salon, sont parvenus jusqu'à nous : « Ses regards s’animaient d'un éclat fébrile, ses lèvres s'empourpraient d'un rouge sanglant, son souffle devenait plus court. Il sentait, nous sentions que quelque chose de sa vie s'écoulait avec les sons ».

Son ultime concert à Paris, un immense succès malgré son état d'affaiblissement, a lieu le 16 février 1848 ; d'après les nombreux commentaires de ce moment historique, il s'agit d'un instant fabuleux.

La relation avec George Sand

George Sand en 1838

De 1836 à 1847, il est le compagnon de l'écrivain George Sand (pseudonyme d'Aurore Dupin, baronne Dudevant). Ils mènent ensemble une vie mondaine, nourris d'une admiration réciproque.

En novembre 1838, ils partent séjourner à Majorque avec les deux enfants de George Sand, Solange et Maurice. Après un début de séjour très agréable dans une villa, Frédéric est atteint d'une bronchite à l'arrivée de l'hiver et les médecins s'aperçoivent qu'il est tuberculeux ; ils doivent quitter la villa et se réfugient dans de mauvaises conditions au monastère de Valldemossa ; il y compose, entre autres, son cycle des 24 Préludes, op. 28 et sa {{2e}} Ballade, mais sa santé se dégrade considérablement malgré les soins et le dévouement de Sand. Ils rentrent en France avant la date prévue à l'origine et séjournent un moment à Marseille, au moment où le corps d'Adolphe Nourrit y arrive de Naples (cf. supra, concert d'avril 1839). Il retrouve une meilleure santé ; en mai, ils vont passer quelques jours à Gênes, puis rentrent à Nohant (Indre), où se trouve la résidence de campagne de George Sand, non loin de La Châtre

De 1839 à 1846, ils séjournent souvent à Nohant. C'est une période heureuse pour Chopin qui y compose quelques-unes de ses plus belles œuvres : la Polonaise héroïque, op. 53, la {{4e}} Ballade, la Barcarolle, op. 60 et les dernières Valses

Mais, au mois de juillet 1847, le couple qui, depuis un certain temps, ne connaissait plus la passion des débuts, se sépare définitivement, Chopin ayant pris le parti de Solange dans un conflit familial au sujet de son mariage avec le sculpteur Auguste Clésinger. Il ne reverra George Sand qu'une seule fois, par hasard, en avril 1848, mais restera jusqu'à la fin de sa vie très proche de Solange et de son mari.

L'affaiblissement de l'homme

À partir de 1842, Chopin, dont l'état de santé va en s'aggravant, subit coup sur coup trois chocs importants. Au printemps 1842, Jan Matuszyński, son ami d'enfance, meurt des suites de la tuberculose. Puis c'est l'annonce de la mort de Wojciech Żywny, son premier professeur de musique, resté un ami de ses parents ; c'est enfin, au mois de mai 1844, son père qui s'éteint à Varsovie. Avant de mourir, il a demandé avec insistance à ses proches de faire ouvrir son corps avant de l'inhumer, de peur de subir le sort de ceux qui se réveillent dans leur tombe. Cette préoccupation hantera également Chopin à la fin de sa vie.

La dépression de Chopin à cette époque est inquiétante ; il écrit pourtant aux siens pour essayer de les rassurer : « J'ai déjà survécu à tant de gens plus jeunes et plus forts que moi qu'il me semble être éternel… Ne vous inquiétez jamais de moi : Dieu étend sur moi sa grâce. »

Les hivers qui suivent sont de plus en plus difficiles à supporter. Les écrits de George Sand montrent que Chopin décline de façon évidente… Entre la grippe qui l'abat pendant l'hiver 1845 et le printemps 1846, et la phtisie qui progresse, le musicien est de plus en plus affaibli.

Les deux dernières années

{{Article détaillé}}. Le pilier contenant le cœur de Frédéric Chopin à l'église de la Sainte-Croix de Varsovie avec citation de l'Évangile de Matthieu « Car là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur » Père-Lachaise]] 12 Place Vendôme où Frédéric Chopin est mort en 1849 Après la rupture douloureuse avec George Sand en 1847, son état de santé se dégrade rapidement. Il fait tout de même une dernière tournée de sept mois en Angleterre et en Écosse, organisée par son élève Jane Stirling. Ce voyage est pour lui épuisant physiquement et moralement.

Chopin arrive à Londres le 20 avril 1848 ; la forte pollution par le charbon de cette ville n'est pas favorable à son état de santé. Il a malgré tout la joie de rencontrer Charles Dickens et peut jouer pour des aristocrates anglais, notamment chez lord Falmouth le 7 juillet, et même devant la reine Victoria, ce qui lui apporte une grande renommée outre-Manche.

Malheureusement, ce voyage et ces représentations à répétition le fatiguent énormément. Il se sent oppressé par la foule et les applaudissements : « Elles finiront par m'étouffer par leur gentillesse et moi, par gentillesse, je les laisserai faire. »

Il rentre à Paris gravement malade et dans une situation financière exécrable, sa maladie entraînant de nombreux frais. Malgré son état de santé, il continue de donner des leçons, le plus souvent allongé sur le sofa près du piano, et à passer du temps avec ses amis, notamment Delacroix. Lorsqu'il entre dans la dernière phase de la tuberculose, à la suite d'une grave hémoptysie qui l'a terrassé fin juin 1849, sa sœur aînée Ludwika accourt auprès de lui pour le soutenir dans ces moments difficiles.

Chopin meurt quelques semaines plus tard, le {{date}}, au 12, place Vendôme, à l'âge de 39 ans. Il est enterré au cimetière du Père-Lachaise, après une cérémonie à la Madeleine, aux sons de sa célèbre marche funèbre. Sa tombe est ornée d'une statue d'Auguste Clésinger, mari de Solange Dudevant, fille de George Sand. Conformément à ses dernières volontés, Ludwika ramène à Varsovie son cœur qui se trouve actuellement dans un cénotaphe encastré dans un pilier de l'église Sainte-Croix. Il reproduit ainsi la tradition capétienne de la bipartition du corps ({{Lang}}, « division du corps » entre cœur et ossements) et de la double sépulture.

Liszt : « Chopin a passé parmi nous comme un fantôme. »

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