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Simak, Clifford Donald (1904-1988)

Biographie

Né le 3 août 1904, Clifford Donald Simak est le fils d'un immigré tchèque, John Lewis Simak, ouvrier agricole, et de Margaret Wiseman, fille d'un propriétaire fermier de Millville dans le Wisconsin aux États-Unis. Il grandit avec son frère Carson, dans la ferme que fit construire son père sur les terrains qu'il avait achetés. Dans les souvenirs, sans doute idéalisés, de l'auteur, des hordes d'écureuils apprivoisés et de chiens terriers partagent son enfance. Millville, comme Bridgeport, le village voisin, serviront de décors à nombre de ses récits.

Après ses études à l'Université du Wisconsin-Madison, il commence à travailler comme instituteur, toujours dans le Wisconsin. Il se marie avec Agnes Kuchenberg le 13 avril 1929 avec qui il aura deux enfants, un garçon et une fille, Scott et Shelley. Ils seraient en partie à l'origine de la vocation de journaliste et d'écrivain de Simak. Pour améliorer l'ordinaire de sa famille, il collabore à plusieurs journaux locaux et il envoie, en 1931, sa première nouvelle de science-fiction Cubes of Ganymede, à Amazing Stories, magazine d'Hugo Gernsback. Elle ne sera pas publiée. Mais The World of the Red Sun le sera, dans Wonder Stories, magazine aussi dirigé par Gernsback. En 1932, trois autres nouvelles de l'auteur sont publiées dans le même magazine et, en juin de la même année, Hellhounds of the Cosmos trouve une place dans les pages de Astounding Stories of Super Science. Ces premières nouvelles sont encore maladroites. Mais plusieurs années de journalisme aideront l'auteur à affermir son style. D'abord journaliste à lIvon River Reporter, il en devient le rédacteur en chef. Il prend ensuite la direction du Spencer Reporter, à Spencer, dans l'Iowa. Puis, quelques mois après, il s'occupe du Dickinson Press à Dickinson dans le Dakota du Nord avant de rejoindre le Minnesota en 1937 pour poursuivre sa carrière au Brainerd Dispatch.

Simak commence sa carrière d'écrivain de science-fiction à un âge avancé car, en 1931, il a déjà 27 ans. De plus, en 1933, il interrompt son écriture durant plusieurs années. En effet, Amazing Stories, Wonder Stories et Astounding connaissent au début des années 1930 des difficultés à paraître. La parution dAstounding est même provisoirement interrompue en 1933. Durant ces années de « silence », il publie tout de même une nouvelle, The Creator dans le fanzine Martel Tales. Cette nouvelle peut paraître aujourd'hui datée. Mais le bouche à oreille qu'elle suscita assura à l'auteur un début de notoriété. Simak s'y attaquait, en effet, à un tabou en s'en prenant à Dieu, chose qui tenait, à l'époque, encore du blasphème.

En 1939, Simak commence au journal Minneapolis Star and Tribune. C'est à peu près à la même période (Rule 18 paraît en 1938) qu'il propose des nouvelles au magazine Amazing Stories que John W. Campbell vient de prendre en main. On n’insistera jamais assez sur l'importance de cet éditeur dans l'histoire de la science-fiction. En insistant sur la qualité des textes qu'il choisit, il permet à une science-fiction moins obnubilée par les détails scientifiques de s'épanouir. Sous son aile, des auteurs comme Simak ou Theodore Sturgeon peuvent laisser libre cours à leur fibre humaniste au sein de ce qu'on appellera plus tard l'« écurie Campbell » et dont font aussi partie Robert A. Heinlein, Alfred E. Van Vogt ou Isaac Asimov. Entre 1938 et 1943, Simak publie dans Astounding Stories, rebaptisé Astounding Science Fiction, une vingtaine de nouvelles dont City, premier texte de son plus célèbre roman Demain les chiens. Puis, il s'éloigne petit à petit de ce magazine pour se rapprocher d'un autre, Galaxy Science Fiction, dans lequel il publie près d'une soixantaine de nouvelles entre 1941 et 1948.

Sa carrière de journaliste progresse aussi, puisqu'il devient directeur de l'information au Minneapolis Star en 1949 et coordinateur du {{Lang}} à partir de 1961.

Il faut attendre le début des années 1950 (et la raréfaction des magazines de science-fiction), pour voir Simak se consacrer en priorité à l'écriture de romans (comme tous les auteurs de science-fiction de l'âge d'or, d'ailleurs). Si Ingénieur du cosmos (Cosmic Engineers) ne fait pas partie des « grands romans » de l'auteur, les suivants sont considérés par beaucoup d'admirateurs comme ses chefs-d’œuvre : Dans le torrent des siècles (Time and Again, 1951), Demain les chiens (City, 1952) et Chaîne autour du soleil (Ring Around the Sun, 1954).

Au carrefour des étoiles (Way Station, 1963) est récompensé par le prix Hugo en 1964. Ce roman met en scène un vétéran de la guerre de Sécession devenu immortel pour « services rendus ». Sa maison sert de gare de triage à des extraterrestres de diverses planètes. Le vieil homme mène une vie bucolique et contemplative et nourrit des relations amicales avec ces extraterrestres qui viennent boire le café chez lui comme le ferait n'importe quel voisin.

C'est sans doute dans ces romans que l'humanisme de Clifford D. Simak ressort le mieux. Il met en scène des personnages simples, fortement enracinés dans la campagne (soit parce qu'ils y vivent, soit parce qu'ils en viennent) et prône la tolérance. Ainsi, il n'est pas rare que confronté à une rencontre du troisième type, le héros simakien fasse taire son dégoût ou sa peur pour laisser parler son bon sens campagnard. Ou alors, hommes, animaux, extraterrestres et robots vivent sinon en harmonie, du moins en voisins. Peu friand des explications scientifiques, jugeant la technologie dangereuse (même s'il reconnaît qu'utilisée avec éthique, elle peut apporter des changements positifs à l'humanité), Simak préfère s'intéresser à la foi, qu'il oppose souvent à la religion ou, du moins, à son détournement par les Églises.

En 1962, Simak abandonne son poste de directeur de l'information au Minneapolis Star pour devenir journaliste scientifique. Il sera récompensé par la Minnesota Academy of Science Award en 1967 pour son travail dans la vulgarisation scientifique.

En 1963-64, à la fin de son époque Galaxy, l'auteur commence une période de transition. Il a abordé et réabordé, voire surexploité ses thèmes de prédilection. Peu de nouveaux textes, mais la reprise d'anciennes nouvelles qu'il publie en anthologie. En 1967, Le Principe du loup-garou (The Werewolf Principle) surprend son public, mais La Réserve des lutins (The Goblin Reservation, 1968) surprend encore plus, car le roman met en scène trolls, gobelins, homme de Néanderthal et William Shakespeare.

À partir des années 1970, Simak ne publie plus qu'un texte ou deux par an, se consacrant d'abord à son métier et à ses passions : la pêche, les parties d'échecs, la collection de timbres et la culture des rosiers. Citons parmi sa production de l'époque, À chacun ses dieux (A Choice of Gods, 1972).

Il prend sa retraite du journalisme en 1976 (mais reste dans le Minnesota) et continue à écrire au rythme d'environ un livre par an. Il reçoit cette année-là, le Grand Master Award de la SFWA pour l'ensemble de son œuvre. Parmi ses romans, des idées intéressantes sur les paradoxes temporels (Mastodonia, 1978), ou les robots et la religion (Projet Vatican XVII, 1981).

Simak touche aussi à la fantasy, y apportant, comme il l'avait fait pour la science-fiction, une sensibilité originale. La Réserve des lutins (The Goblin Reservation, 1968) tenait déjà plus de la fantasy que de la science-fiction. Dans Le Pèlerinage enchanté (Enchanted Pilgramage, 1975), il imagine que le Mal domine le monde et le maintient dans une époque moyenâgeuse où les objets sont enchantés. Trolls, lutins, elfes, humains cohabitent et il plaide pour une humanité tolérante où l'acceptation de l'autre, de l'étranger, est la clé d'une philosophie de la vie et du respect. La Planète aux embûches ({{Lang}}, 1982) et Au pays du mal (Where the Evil Dwells, 1982) sont un peu dans la même veine.

En 1985, sa femme meurt après 56 ans de vie commune. Simak s'éteint le 25 avril 1988 au Riverside Medical Center de Minneapolis. Il est enterré au cimetière Lakewood à Minneapolis.